Texte intégral
Monsieur le Président,
Après quatorze années passées à la tête de l’État, vous vous apprêtez à quitter votre fonction, la plus haute et la plus honorable qui soit dans notre pays, celle qui exige sans doute le plus de sens de l’équité et de la justice.
Vous le savez, s’il est vrai que j’ai toujours été l’un de vos adversaires les plus déterminés dans le combat politique, je respecte cependant la fonction que vous occupez et l’homme que vous êtes, puisque c’est à vous que les Français ont choisi par deux fois de s’en remettre pour assumer la charge suprême à la tête du pays. Je n’ai guère pour habitude de demander des faveurs, cela n’est pas dans mon tempérament. Mais j’ai en revanche, depuis ma prime jeunesse, un sens aigu du devoir et de la justice, et sans doute l’échine trop raide pour accepter, laisser passer ou admettre les outrages de quelque origine qu’ils soient. Aussi, est-ce maintenant un ultime plaidoyer que j’adresse au magistrat suprême de notre pays, en tant que citoyen vilipendé et calomnié, et en tant que président d’un mouvement trop souvent maltraité, afin d’obtenir enfin réparation d’une injustice flagrante dont nous avons été victimes.
Il y aura bientôt de cela cinq ans, avait lieu l’odieuse profanation de Carpentras. De ce tragique et détestable fait divers allait naître un mouvement de haine soigneusement orchestré par certaines officines, mouvement dirigé habilement et de main de maître par des spécialistes de la manipulation des foules, à l’encontre du Front national. La quasi-totalité de l’établissement politico-médiatique allait s’associer à cette entreprise.
Le ministre de l’intérieur, sitôt rendu sur les lieux de la profanation, n’hésitait pas à nous désigner à la vindicte publique sans autre forme de procès. Puis rapidement, l’affaire fut montée en épingle. Il est vrai que pour certains elle survenait à point nommé, précisément entre un passage dans une grande émission de télévision et l’adoption en première lecture par l’Assemblée nationale de la liberticide loi Gayssot-Rocard, qui devait restreindre d’une manière jamais vue dans notre histoire la liberté de penser et la liberté de recherche.
Semblable aux procureurs qui exigèrent en 1633 l’abjuration de Galilée, ces modernes censeurs ont pour idéal le monde gris et uniforme de Big Brother qui ne tolère qu’une seule information et un seul avis, une seule opinion et une seule morale, le tout acceptable sous le seul label du « politiquement correct ». Cette manipulation allait déboucher sur un procès en diabolisation, qui n’aurait pas étonné dans les années de purges à Moscou, où l’accusé ne pouvait non seulement se défendre, mais devait même reconnaître devant ses procureurs une faute qu’il n’avait jamais commise.
Le couronnement de ce processus consista en un gigantesque rassemblement où, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, on vit un président de la République descendre dans la rue et donner sa caution à une manifestation dont l’ampleur n’avait d’égale que la tromperie qui s’exerçait à l’endroit de cette foule. L’hystérie collective se donna ainsi libre cours et l’on put voir de la sorte mon effigie empalée, brandie au bout d’une pique, entourée de drapeaux étrangers se déployant dans l’air de Paris.
En dépit de nombreuses question posées par notre unique député de l’époque, Madame Stirbois, à la tribune de l’Assemblée nationale et par le biais des questions écrites au Gouvernement, l’affaire n’a jamais été éclaircie. Les autorités nous ont toujours opposé une fin de non-recevoir. Or, chacun sait que la police de la République est sans doute l’une des institutions les mieux faites qui soient, et que, dans les hautes sphères, on connaît le fin mot de l’histoire. La véritable question est de savoir pourquoi on ne peut pas révéler la vérité, et de la sorte dégager la responsabilité du Front national.
Car une chose est certaine, c’est que jamais, au grand jamais, le Front national n’a été de près ou de loin mêlé à ce drame. Il n’a été que le bouc émissaire d’une manipulation politique. C’est cet outrage que je vous demande de réparer avec de partir. Dans quelques jours, vous quitterez l’Élysée. Vous ne devez plus rien à personne. Mais vous devez encore tout à la vérité.
Il me semble donc que c’est le moment ou jamais de prouver votre sens de l’indépendance et de l’équité. En cette année où sa Sainteté le Pape nous a rappelé l’exigence du respect de la vie, il importe que nous sachions méditer la recommandation de l’apôtre Jean, selon laquelle « c’est la vérité que nous rendra libres ».
L’opinion française a perdu bien des illusions. Les médias se sont discrédités à de trop nombreuses reprises en jouant sur de fausses interviews ou de fallacieuses révélations. De Timisoara à Carpentras, il y a davantage qu’une rime tragique, il y a un traitement politico-médiatique biaisé identique. Les faussaires de l’histoire ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Un avenir se bâtit sur des certitudes et des vérités, par sur des opérations de basse police ou sur des travestissements permanents du réel. Tchakhotine n’est pas mort, nous en avons malheureusement chaque jour la preuve.
Notre société meurt du mensonge. Guy Debord l’avait suffisamment compris pour en finir avec cette société-spectacle compris pour en finir avec cette société-spectacle qu’il avait dénoncée avec tant de perspicacité, semblable en cela aux traditionalistes de la trempe de René Guénon ou Julius Evola qui ne cessèrent jamais de dénoncer l’illusion démoniaque du monde moderne. Le débat est aussi vieux que la science politique elle-même, puisque Platon en son temps dénonçait déjà sans relâche la toute-puissance du simulacre. En faussant la perception du réel, on n’aboutit qu’au règne de la violence, de la laideur, de la bêtise et de la médiocrité. C’est parce qu’ils s’étaient coupé de la sagesse qui découle de l’observation de l’ordre naturel du monde que les constructivismes ont sombré dans le sang et le feu à travers la terre entière.
En établissant la vérité sur les faits survenus dans le cimetière de Carpentras, vous montrerez que la justice de notre pays et sa police ont à cœur en toutes circonstances de faire triompher la lumière.
En établissant la vérité, vous redonnerez aux Français le goût des certitudes et le sens des responsabilités.
En établissant la vérité, vous laisserez comme dernière image officielle celle d’un homme responsable, qui, par-delà les aléas du jeu politique, a su conserver le sens de la mesure.
En établissant la vérité sur cette lamentable affaire, vous vous acquitterez d’un devoir de mémoire et d’un devoir de conscience à l’égard de la famille Germon, ainsi qu’à l’endroit de millions de Français qui se sont sentis injustement humiliés et méprisés.
En établissant la vérité, vous redonnerez au mot justice, trop Sali dans notre vieux pays de droit, son sens originel. Hier, d’aucuns prétendaient qu’il ne fallait pas désespérer Billancourt. Sachez au moins aujourd’hui ne pas désespérer le peuple de France.
Je ne sais si ce plaidoyer aura ému votre conscience, mais sachez en tout cas que, pour ma part, je suis en paix avec la mienne. Rendez-vous justice, c’est tout ce que nous demandons, rétablissez la vérité, c’est tout ce que nous souhaitons.
Dans cette attente je vous prie de croire, Monsieur le président, en l’assurance de ma très haute considération.