Texte intégral
Q - Qu'est-ce que l'on peut attendre de ce changement politique en Allemagne, et notamment au regard des relations franco-allemandes ?
- « Je crois qu'on peut attendre de cette nouvelle Allemagne plus de modernité, plus d'innovation, et la volonté de réchauffer les relations franco-allemandes. Et au-delà de tout cela, il faut constater ce soir - c'est une heureuse nouvelle pour l'Allemagne, mais aussi pour la France et l'Europe - que les sociaux-démocrates européens sont devenus majoritaires en Europe. Et à partir de là, le gouvernement de L. Jospin et le gouvernement de G. Schröder peuvent, ensemble, prendre de nouvelles initiatives pour redonner à l'Europe de la vigueur, de l'imagination et du mouvement. C'est une date importante pour nous tous ; c'est un moment de fête ; mais c'est très important pour nous Français, qui souhaitons construire une Europe de la jeunesse et une Europe sociale. »
Q - On sort de 16 années très importantes, puisqu'H. Kohl a construit l'Europe, s'est rapproché de la France de F. Mitterrand, et a fait cette réunification.
- « C'est incontestable. Le Chancelier Kohl a accompli une oeuvre historique considérable. En toute hypothèse, il entrera dans l'histoire comme le Chancelier de l'unification allemande, et comme le Chancelier de la construction européenne. Et c'est vrai, je ne peux pas oublier moi-même, à titre personnel, qu'il a été l'ami de F. Mitterrand, en particulier dans les moments les plus durs. Mais une société a besoin de bouger, il faut céder la place à de nouvelles générations, il faut de l'air, du mouvement, de l'oxygène. Et je crois que G. Schröder incarne cette volonté d'une Allemagne tournée vers le futur. Et cela peut être douloureux aujourd'hui, pour le Chancelier Kohl ; en même temps, je crois qu'il faut savoir passer le relais. Aujourd'hui, c'est un moment fort pour l'Allemagne et fort pour l'Europe. Et j'espère que le Chancelier Schröder sera fidèle à ce message de paix et d'imagination qui lui a été donné par le Chancelier Kohl. »
Q - Vous parliez de l'Europe social-démocrate : est-ce que vous pensez qu'il y a des similitudes entre G. Schröder et T. Blair ? On a parlé du Tony Blair allemand.
- « On a beaucoup tendance à mettre des étiquettes aux uns et aux autres. Je peux faire le pari, ce soir, que G. Schröder nous étonnera par sa volonté de nouer avec le gouvernement de L. Jospin des relations très étroites. Et il aura à coeur de réchauffer les relations franco-allemandes, et de construire, avec tous nos amis des autres pays, un modèle européen qui sera caractérisé par deux traits : la volonté de progrès et d'innovation et de croissance économique, et la volonté de justice sociale. La raison pour laquelle les sociaux-démocrates obtiennent un grand succès un peu partout en Europe, c'est que nos peuples sentent bien qu'il n'y a pas d'autre voie que celle-là : moderniser, mais en même temps assurer une meilleure équité entre les citoyens. »