Texte intégral
B. Masure : La France va donner le mauvais exemple à des pays qui ont des arrière-pensées ?
C. Millon : Notre défense repose sur la dissuasion, elle exige d'avoir des armes nucléaires efficaces. Nous savons que ces armes ne seront pas fiables au-delà de 2010. Il est du devoir du président de la République de garantir cette dissuasion. C'est la raison pour laquelle il a décidé, en toute conscience, de reprendre les essais nucléaires. Le président de la République, F. Mitterrand, avait décidé du moratoire en 1992. Il avait pris une décision précipitée, car lui-même, F. Mitterrand, en juillet 93, a demandé à une commission d'experts présidée par l'Amiral Lanxade, pour savoir s'il ne fallait pas reprendre les essais nucléaires. Le doute avait donc aussi saisi F. Mitterrand. La France veut signer le traité interdisant les essais nucléaires fin 96, mais la France veut garder sa dissuasion, des armes fiables, pouvoir continuer sa stratégie de dissuasion et de prévention des risques dans un monde instable. Il n'est pas question de créer des armes nouvelles, de changer de stratégie, de modifier notre approche de la dissuasion. Il y a nécessité de faire huit essais pour ensuite faire des simulations. L. Fabius parle de 192 essais, il faut savoir que les USA en ont fait 1 051, la Russie 715, la Chine continue à en faire. Notre monde est instable, menaçant, on s'en aperçoit en Bosnie ou en Tchétchénie. L'arme nucléaire est pour nous une arme de dissuasion, pas une arme de bataille, et il n'est pas question pour nous de changer de tactique, de stratégie. Il est question de garantir notre indépendance nationale. Elle repose sur la dissuasion, celle-ci exige des armes fiables. C'est la raison pour laquelle nous nous engageons sur ces essais, et c'est pourquoi nous nous inscrivons dans une démarche d'interdiction des essais. C'est une démarche de paix, de garantie de notre indépendance, et non pas de changement de stratégie.