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Le Figaro Magazine - A la suite de l'Allemagne, la France va-t-elle « virer de bord », comme le souhaite votre collègue Dominique Voynet, en diminuant notablement notre production d'électricité d'origine nucléaire ?
Christian Pierret – Le gouvernement a vu juste en ouvrant l'ensemble des choix énergétiques de la France : un maintien affirmé de l'option nucléaire, qui doit rester le pilier de notre politique énergétique, même si je sais que, pour des raisons économiques, et pas du tout idéologiques, nous devons à l'avenir diversifier nos sources d'approvisionnement, les énergies nouvelles renouvelables, par exemple, mais dont la place restera modeste, si j'en crois l'ensemble des expériences internationales.
Dominique Voynet, qui a négocié les accords de Kyoto, et qui veut favoriser la lutte contre l'effet de serre, sait bien tout l'intérêt que présente le nucléaire en la matière.
Dominique Voynet suggère des pistes qui sont le reflet d'une propre sensibilité intéressante. Certaines ont vocation à être retenues.
F. M. - Le nucléaire reste-t-il une priorité le gouvernement français, sous tous ses aspects (à la fois électricité et retraitement des déchets) ?
C. P. - Il y a un fait incontournable : le nucléaire, c'est 80 % de la production nationale d'électricité. EDF est grâce à cette source d'énergie leader mondial. La ligne que je défends est celle la transparence et de la responsabilité vis-à-vis des générations futures. C'est une question de démocratie.
Avec Dominique Strauss-Kahn, nous avons suggéré au Premier ministre qu'une autorité de sûreté indépendante soit établie dans ce but. Je suis sûr que ceux qui prônent tous les jours la transparence s'en réjouiront…
Un certain nombre de décisions seront annoncées prochainement, notamment sur les laboratoires de recherches en couches géologiques profondes.
Cela implique aussi que nous devons renvoyer tous les déchets étrangers dans leur pays d'origine comme la loi et les accords internationaux le prévoient. Je souhaite même accélérer les retours, et je regrette que les associations antinucléaires, qui, en France ou à l'étranger, sont promptes à nous donner des leçons en ce domaine, soient souvent les premières à rendre les retours plus difficiles.
F. M. - Le nucléaire doit-il devenir un des enjeux des élections européennes ? Les communistes sont hostiles à toute remise en cause de la filière, au moment où les Verts annoncent qu'ils ont l'intention de dépasser le PC aux européennes de juin prochain...
C. P. - Le Premier ministre a clairement défini la ligne du gouvernement en matière de politique énergétique en tenant compte de l'attachement de la très grande majorité des Français au nucléaire.
Ceux qui feraient du nucléaire un enjeu de campagne européenne porteraient la responsabilité de remettre en cause un consensus national en la matière.
Les composantes de la majorité plurielle devraient se retrouver sur une politique européenne de l'énergie qui donne à l'Union son indépendance et lui conserve son leadership technologique.