Texte intégral
Mesdames les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de situer une de mes premières interventions publiques, la première au sein même de ce Ministère dans le cadre d'un dossier intéressant plusieurs départements ministériels. Cela montre toute l'importance du thème qui nous rassemble, le développement du tourisme en espace rural en général et de l'agritourisme en particulier pour ce qui concerne le champ d'intervention de mon ministère.
Les activités touristiques constituent un élément intéressant et, pour moi, fondamental de diversification de nos économies rurales et, de ce fait, contribuent au maintien des hommes, à la création d'emplois et à la valorisation des richesses patrimoniales des zones concernées. Elles répondent aussi à une demande forte de la société urbaine puisqu'elles lui fournissent l'occasion de se ressourcer dans des espaces riches et diversifiés.
Sur le plan économique on estime que le chiffre d'affaires du tourisme rural correspond à peu près à l'excédent de notre balance touristique.
Les agriculteurs (et sylviculteurs) sont bien sûr au premier chef intéressés à la préservation d'une vie socio-économique en milieu rural ; ils ont besoin, comme tout le monde, de commerces et services, d'écoles, d'activités sociales,...
Ils peuvent également participer directement à cette diversification par le développement d'activités touristiques sur l'exploitation (hébergement, restauration, loisirs,...) ; un peu plus de 2 % des exploitants français sont actuellement concernés et je suis convaincu que ce chiffre va croître considérablement.
La reconnaissance de cette multifonctionnalité de l'agriculture, à travers l'outil CTE, constitue la clé de voûte du projet de loi d'orientation agricole préparé et proposé par mon prédécesseur et auquel j'adhère bien sûr complètement.
A l'occasion de son examen à l'Assemblée Nationale, certains se sont inquiétés des risques de distorsion de concurrence que ce projet de loi serait susceptible d'induire.
J'espère qu'ils ont été rassurés et si ce n'est pas le cas, je réinsiste : la définition de l'activité agricole telle qu'elle vient d'être discutée et amendée à l'Assemblée Nationale ne modifie pas les règles fiscales ; l'article 75 du code des impôts, d'ailleurs cité dans la loi, demeure la seule référence. Comme vous le savez on reconnaît comme annexe les activités ne dépassant pas 30 % du chiffre d'affaires sous un plafond de 200.000 F.
Cette précision apportée, laissez-moi vous expliquer pourquoi et comment il est important que l'agri-tourisme se développe.
Le pourquoi d'abord
Bien souvent, et principalement dans les régions les moins favorisées, la seule production agricole ne suffit pas à générer un revenu suffisant et à assurer la pérennité de l'exploitation ; la diversification agritouristique constitue alors un complément de rémunération qui permet le maintien de l'exploitation el, partant, la gestion des espaces qu'elle couvre.
Outre cet aspect « complément de revenu », l'agri-tourisme est un moyen d'échange formidable entre l'agriculteur et le monde extérieur, entre le rural et l'urbain. Je considère que c'est un levier essentiel de l'adaptation inéluctable que doit effectuer l'agriculture française dans les dix années à venir en s'ouvrant au reste de la société pour répondre aux nouvelles demandes qu'elle formule (demande d'environnement, d'espaces retenus, d'authenticité, de qualité... ).
J'ajoute que l'agri-tourisme est un vecteur très efficace de préservation et de réhabilitation du patrimoine bâti en milieu rural : nombre d'agriculteurs, de revenus modestes, sont amenés pour obtenir l'effet « complément de revenu » dont je parlais à l'instant, à réhabiliter tout ou partie de leurs fermes qu'ils auraient laissé se dégrader.
Le comment
L'agri-tourisme ne peut se développer durablement s'il est exercé de façon isolée.
Les agriculteurs qui le pratiquent doivent d'emblée s'insérer dans des projets touristiques plus larges, à l'échelle du territoire pertinent et en liaison avec tous les acteurs concernés (hôteliers, restaurateurs, offices du tourisme, associations locales, chambres consulaires).
De multiples expériences existent actuellement qui démontrent que la complémentarité fonctionne et qu'il y a de la place pour tous, chacun développant ses atouts propres autour d'une charte de qualité commune.
Laissez-moi revenir maintenant à ce qui fait l'objet principal de cette journée et qui n'est bien sûr pas sans lien avec ce que je viens de dire.
C'est bien parce que nous croyons à l'avenir du tourisme en espace rural que nous sommes tous là, mais comme mes collègues vous l'ont dit, nous avons besoin du côté des pouvoirs publics, d'un interlocuteur légitime s'inscrivant dans la durée nous permettant de travailler sur le moyen et sur le long terme.
Nous avons besoin d'un interlocuteur professionnel, structuré et dynamique qui pourra nous donner une vision d'ensemble du secteur et avec lequel nous pourrons discuter des objectifs et moyens que l'Etat doit se donner en matière de tourisme rural.
Cette structure doit être le reflet d'une volonté professionnelle et non une émanation des pouvoirs publics de façon à conserver crédibilité et indépendance. En d'autres termes, cette représentation de votre secteur ne peut pas se décréter, c'est à vous de la construire, et si vous la construisez, sachez que nous la reconnaîtrons...
L'exemple du secteur agricole est intéressant à cet égard puisque l'habitude est prise de longue date de dialoguer dans diverses instances avec l'ensemble des familles professionnelles. Celles-ci ont depuis longtemps su trouver une organisation fédérative qui leur permette d'être des interlocuteurs de premier plan vis-à-vis des pouvoirs publics. Elles ont fait de leur diversité une force, qui donne une capacité d'expertise très fine des implications de toutes les décisions ou politiques. Nous faisons le pari que les acteurs du tourisme rural peuvent, de la même manière identifier et défendre des objectifs communs dans la perspective du développement de cette activité et des emplois qu'elle induit à l'échelon national ou international.
La variété, la richesse de nos espaces et paysages, de notre patrimoine rural nous autorise à afficher cette ambition.
Je n'ai ni la prétention et encore moins la légitimité pour être le chef de file d'une politique du tourisme rural à redéfinir mais je vous assure que je compte y prendre une part active dès l'instant où nous pourrons travailler ensemble de façon constructive et efficace.
C'est pourquoi je souhaite que se tienne dans les meilleurs délais une réunion conclusive à partir des débats qui se sont tenus aujourd'hui afin que la concertation, dont nous avons tous besoin, se mette en place avec régularité.
Il nous faut travailler à conforter les outils dont nous disposons et à ce titre, j'entends bien que la contribution qu'apporte mon Ministère, à travers l'activité du centre de documentation et d'animation de CLERMONT-FERRAND, soit renforcée. De la même façon, je sais que nous avons à travailler sur l'orientation à donner en priorité à nos crédits budgétaires.
Enfin, je ne voudrais pas conclure sans saluer l'un de mes prédécesseurs, qui pendant de nombreuses années à oeuvrer dans plusieurs de vos associations pour développer et faire reconnaître l'importance du tourisme rural. Je veux parler bien entendu de M. Michel COINTAT qui n'a pas pu être là aujourd'hui mais à qui au nom de vous tous, je veux rendre hommage.