Interview de M. Michel Rocard, membre du bureau national du PS et ancien Premier ministre, dans "Le Monde" du 15 octobre 1998, sur le choix de lancer Météor en 1989.

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Circonstance : Inauguration de la nouvelle ligne de métro n°14 Météor à Paris le 15 octobre 1998

Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

1. En 1989, alors que vous étiez Premier ministre, vous avez décidé de donner votre feu vert pour la construction simultanée d'Eole et de Météor. Pourquoi avez pris cette décision ?

– L'apoplexie de la ville de Paris et de la région parisienne était déjà bien réelle à l'époque. La tentative de rééquilibrer la capitale et, autour d'elle, toute l'agglomération, grâce à une revitalisation de sa partie Est, devait passer à travers la révision du schéma directeur d'Ile-de-France que j'avais engagée. Dans Paris, cela passait par le développement du pôle financier de Bercy sur la rive droite, et dans une moindre mesure grâce à l'activité générée par la Grande Bibliothèque dans la ZAC Paris-Rive gauche, de l'autre côté de la Seine. Pour atteindre cet objectif, Météor s'imposait comme une priorité absolue, d'autant qu'il y avait une réelle saturation du tronçon central de la ligne A du RER.

2. Le poids de la capitale et l'influence de son maire de l'époque expliquent-ils également le choix d'une nouvelle infrastructure dans Paris ?

– Non, ce qui a joué, ce sont avant tout les densités de population à transporter. La décision de faire Météor était le fruit d'une véritable évidence technique beaucoup plus qu'un choix politique.

3. Parlait-on déjà à l'époque de priorité pour les liaisons de banlieue à banlieue ?

– N'oubliez pas qu'au moment du choix de Météor nous avons lancé les études d'un tramway inter banlieues entre La Défense et Issy-les-Moulineaux. Nous avons également mis en route les travaux de prolongation de plusieurs lignes de métro vers la banlieue. C'est pour cela que je n'ai pas souhaité abandonner Eole, qui vise un véritable objectif de liaison entre banlieues, au profit de Météor. Ce qui importait dans le trafic qu'on voulait absorber avec Eole et Météor, c'était la part de trafic à travers Paris venue de la banlieue. Tant que tout le réseau interbanlieue n'avait pas été restructuré, il fallait bien passer par Paris. On évoquait bien la possibilité de la liaison entre banlieues, mais seulement dans une deuxième phase de l'application d'un nouveau schéma directeur.