Interview de M. Bruno Mégret, délégué général du Front national, dans "Le Parisien" du 26 octobre 1998, sur sa candidature pour conduire la liste du Front national pour les élections européennes de 1999 en cas d'inéligibilité de Jean-Marie Le Pen.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - Souhaitez-vous toujours diriger la liste FN aux élections européennes de juin 1999 ?

Bruno Mégret - «  J'ai affirmé que, si Jean-Marie Le Pen devait être déclaré inéligible le 17 novembre, je ne considérerais pas comme une bonne idée la candidature de son épouse et que, dans cette hypothèse, je suis candidat à la candidature. Mais ceci dit, je me rangerai à la décision qui sera prise… »

Q - Des déclarations qui ne font pas l'unanimité…

- « Pourtant, il n'y a là rien que de très légitime et de très légaliste. Cela me vaut, c'est vrai, ainsi qu'à plusieurs de mes amis, de vives attaques de la part d'un tout petit groupe de personnalités du FN. Mais je suis serein. Car je me sens fort et très soutenu par le mouvement. »

Q - Pourquoi Jean-Marie Le Pen a-t-il choisi pour diriger la campagne européenne du FN Jean-Claude Martinez, qui ne vous épargne pas ?

- « C'est à Jean-Marie Le Pen d'expliquer la signification de son choix. »

Q - Jean-Claude Martinez présente ce matin son état-major…

- « La direction de campagne est une fonction technique que j'ai moi-même exercée pendant des années. Je suis heureux d'en être cette fois déchargé, et de pouvoir me consacrer pleinement au mouvement et à notre combat. »

Q - Il est question de l'exclusion possible du FN de certains de vos plus proches amis…

- « Ce serait ahurissant car eux n'ont jamais porté de préjudice au mouvement par des déclarations publiques intempestives. Quant à moi, vous ne m'entendrez jamais tenir le moindre propos critique sur quelque membre du FN que ce soit. Je suis trop attaché à l'unité et à la cohésion du mouvement. Je ne ferais jamais rien qui puisse les mettre en péril. »

Q - Que vous reprochent vos « adversaires » au sein du FN ?

- « Sans doute d'être ce que je suis. »

Q - Quelles sont vos relations, aujourd'hui, avec Jean-Marie Le Pen ?

- « Elles sont normales. »

Q - Existe-t-il un risque de cassure en deux du FN !

- « Bien sûr que non ! »

Q - Quels conseils donnez-vous à vos amis ?

- « A tous les responsables, je conseille d'être confiants, sereins et fidèles à leur poste. »

Q - Dans votre dernier livre, vous militez pour l'Europe des nations…

- « Le vrai débat, ce n'est pas d'être pour ou contre l'Europe. C'est de savoir quelle organisation on souhaite pour notre continent. Nous sommes opposés, nous, à l'Europe mercantile, mondialiste et anti-démocratique de Maastricht. Et nous voulons une Europe respectueuse de l'identité et de la souveraineté des nations… »

Q - C'est une formule gaulliste !

- « Les gaullistes, qui ont d'ailleurs politiquement disparu, n'ont pas le monopole des idées nationales. C'est nous qui les incarnons aujourd'hui… »

Q - Et Charles Pasqua, qui envisage de présenter sa propre liste aux européennes ?

- « Quand on sait que M. Pasqua a préconisé la régulation de tous les immigrés clandestins, on ne peut plus le prendre au sérieux ! »

Q - Vous rappelez ces jours-ci à Charles Millon, président de la région Rhône-Alpes, que, sans vous, il n'aurait pas été réélu…

- « Je dis à M. Millon qu'il est très inconfortable et très dangereux de rester assis entre deux chaises. Il a passé un accord avec le FN. Qu'il l'assume pleinement et il pourra compter sur le soutien du FN. »

Q - La ville de Toulon gérée par le FN figure souvent à la rubrique faits divers…

- « A Toulon comme ailleurs, le FN est une organisation humaine, avec ses imperfections et ses faiblesses. Il peut y avoir ainsi dans nos rangs des brebis galeuses mais dans ce cas, contrairement à la classe politique, nous les écartons impitoyablement, comme nous l'avons fait sur le champ avec M. Calone. »