Texte intégral
Monsieur le président, Monsieur le ministre, maire d'Annecy,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Je dois en premier lieu vous présenter les excuses de Jean-Claude Gayssot, ministre de l'Équipement, des Transports et du Logement : ses contraintes d'emploi du temps n'ont pu lui permettre de venir à Annecy, malgré son vif désir d'être parmi vous, mais il tient à ce que vous sachiez que les questions qui vous rassemblent, en aussi grand nombre, pendant ces deux journées, sont au coeur même de ses préoccupations, en matière de politique des transports et de politiques urbaines.
Comme vous le savez, lors du comité Interministériel de sécurité routière du 26 novembre 1997, le Gouvernement s'est fixé pour objectif de diviser par deux le nombre des tués au terme des cinq prochaines années. Autrement dit, il s'agit de réaliser en cinq ans ce que nous venons de faire en 25 ans !
Si cet objectif est ambitieux il n'en est pas moins impératif si on considère que la France, avec plus de 8 000 tués par an, occupe un rang peu enviable au sein de l'Union européenne.
Une des conditions essentielles de la réussite dans ce domaine est la mobilisation de tous les acteurs de la sécurité routière, au plan national et au plan local, et la convergence de leurs efforts pour concevoir et mettre en oeuvre les actions appropriées. Le Club des villes cyclables, ainsi que tous ses partenaires, sont tout naturellement partie intégrante de cette dynamique.
Ensuite, nous devons - et nous voulons - répondre à une demande sociale de plus en plus pressante de diminution de la population, de réduction de l'insécurité et d'amélioration de la qualité de la vie dans nos agglomérations.
Il s'agit d'une véritable « reconquête » de la ville qui passe par une réorientation et un rééquilibrage des différents modes de déplacement. Nous devons, de manière volontariste, aboutir à un partage plus satisfaisant entre transports individuels et collectifs, à un meilleur équilibre entre l'usage de la voiture, celui des deux roues et la marche à pied ; nous devons aussi progresser dans la conception et surtout la mise en oeuvre d'une véritable intermodalité combinant harmonieusement tous les moyens de déplacement dans une logique de complémentarité.
Le développement de l'utilisation du vélo, à condition qu'il s'effectue dans des conditions convenables de sécurité, est une réponse prometteuse à ces deux axes de notre politique.
Le vélo est un outil d'apprentissage de la route, celui avec lequel, le plus souvent, nos enfants découvrent concrètement les règles du code de la route et les difficultés d'un véritable usage partagé de l'espace public.
Le vélo est aussi un outil d'apprentissage de la conduite « apaisée » ; valeur dont nous devons convaincre tous les usagers de la route si nous voulons faire reculer radicalement ce fléau que constitue l'insécurité routière.
Toutes les statistiques le montrent : le nombre de français qui utilisent le vélo en ville augmente régulièrement et une proportion croissante de nos concitoyens expriment le voeu qu'une place plus importante soit accordée au vélo. Mais les militants que vous êtes, comme le Gouvernement qui a exprimé clairement ses orientations en la matière, ne peuvent se contenter de la situation actuelle.
Il y a quelques années encore, les pouvoirs publics hésitaient à prendre des mesures spécifiques pour promouvoir l'utilisation de la bicyclette. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et les propos que j'exprime devant vous, aujourd'hui, se veulent, à cet égard, dépourvues de toute ambiguïté. La croissance et le dynamisme du Club des villes cyclables, qui a maintenant 10 ans d'existence, ne sont pas pour rien dans cette évolution. Fort de l'adhésion de près de 300 villes et agglomérations représentant environ 13 millions d'habitants, le Club peut légitimement être fier de son action et de ses résultats.
Si la cause du vélo doit évidemment beaucoup aux associations d'usagers qui ont su, de manière parfaitement responsable, faire valoir leurs revendications et être une source précieuse de proposition, cette cause est redevable aussi aux élus et aux techniciens des villes qui ont osé, malgré des difficultés et des obstacles de toutes natures, innover, expérimenter, réaliser.
Le vélo est revenu, grâce aux efforts de tous, un instrument de reconquête des villes dans une logique de développement durable. Mais nous ne pourrons, tous ensemble, assurer la promotion de ce mode de déplacement avec l'ampleur nécessaire, que si nous sommes en mesure de créer un environnement plus sûr pour les cyclistes et pour l'ensemble des usagers de la route.
Je sais que vous travaillez dans cette optique, en coopération étroite avec le CERTU et les Centres d'études techniques de l'équipement, à la mise au point de recommandations techniques et de guides. Ce travail, destiné aux techniciens, doit déboucher sur des programmes de formation initiale et continue, dont je voudrais souligner l'importance. Nous devons développer notre capacité à repérer et capitaliser les expériences réalisées et diffuser, auprès de ceux qui doivent les mettre en oeuvre, les méthodes et techniques les mieux adaptées aux problèmes posés. Le club des villes cyclables joue, dans cette partition, un rôle majeur.
Promouvoir l'utilisation du vélo en toute sécurité nécessite une évolution du code de la route, afin de mieux préciser les droits et les devoirs du cycliste et faire de lui un partenaire à part entière du système de circulation.
Vous savez, monsieur le président, qu'à cet égard, l'engagement pris lors de votre précédent congrès a été tenu : en effet, suite à la décision du Comité interministériel de sécurité routière du 26 novembre dernier, un décret publié avant-hier a introduit dans notre code de la route une série de dispositions importantes pour favoriser l'usage de la bicyclette et garantir la sécurité des cyclistes.
Je pense que vous pouvez également vous réjouir de la nomination de madame Isabelle Massin aux responsabilités de déléguée interministérielle à la sécurité routière et de directrice de la sécurité et de la circulation routières. Elle est présente dans cette salle, car elle a tenu à suivre vos travaux, avec plusieurs de ses collaborateurs. Elle a déjà programmé la mise à l'étude d'une nouvelle série de modifications proposées par le comité de suivi du vélo. Je la sais, Monsieur le président, très consciente de l'importance des problèmes que vous traitez.
Promouvoir l'utilisation du vélo en toute sécurité consiste aussi à offrir aux cyclistes une continuité des itinéraires et des déplacements, avec des équipements conçus d'abord en fonction de la sécurité. Le thème que vous avez choisi pour votre congrès, « de la ville à l'agglomération » concrétise bien cette exigence de passer de réalisations ponctuelles ayant valeur d'exemplarité, à une véritable stratégie intégrée dans une vision de l'utilisation des espaces urbains.
Cette stratégie doit être une combinaison harmonieuse de multiples solutions, prenant en compte la diversité de l'environnement urbain : la traversée de « zones 30 », les pistes et les bandes cyclables conquises sur les espaces affectés traditionnellement à la circulation des voitures ou à leur stationnement, le partage des couloirs d'autobus, le partage des espaces avec les piétons dans les zones piétonnières, etc.
L'article 20 de la loi sur l'air ouvre à ce titre des opportunités intéressantes qui doivent se concrétiser dans les plans de déplacements urbains. Un groupe de travail réuni autour du comité vélo a jugé utile d'élaborer des commentaires afin de préciser cet article et remettra les résultats de ses réflexions au ministère de l'Environnement.
Je partage avec vous la conviction que c'est dans le cadre des agglomérations que doivent se concevoir des politiques efficaces et permettez-moi de mettre l'accent sur trois idées :
1 - D'abord, l'intégration du vélo comme mode de transport à part entière, dans les réflexions sur l'intermodalité dans le cadre des plans de déplacements urbains.
Une attention particulière me semble devoir être portée notamment à l'articulation entre le vélo et les transports en commun et vous avez à juste titre mis l'accent sur cet impératif lors de votre 9e congrès. Parmi les objectifs prioritaires, on peut citer : l'accès des vélos dans les transports en commun, le gardiennage des vélos dans les parcs de stationnement des gares, la généralisation de la location des vélos dans les stations de transports en commun.
Dans cet esprit, le ministère que je représente compte poursuivre avec les entreprises de transport en commun la discussion afin d'élaborer en commun des engagements concrets et précis et il vous est proposé, monsieur le président, d'associer le Club des villes cyclables, à la rédaction de ces engagements.
2 - Le second élément que je soumets à votre réflexion au niveau de l'agglomération est la recherche du moyen de franchir ces « murailles » que constituent pour les cyclistes, en périphérie des villes, les rocades, les voies rapides, les échangeurs.
Je partage votre point de vue sur l'importance qu'il y a lieu d'accorder aux entrées de villes pour le choix des itinéraires et la réalisation des réseaux de voies vertes et de véloroutes. Elles peuvent, pour de nombreux cyclistes qui utilisent le vélo pour leurs loisirs, constituer une incitation à utiliser le vélo en ville, à des fins plus utilitaires. C'est la raison pour laquelle il est important que ces voies vertes et véloroutes pénètrent dans les villes. Il me semble opportun que ces voies vertes et véloroutes pénètrent dans les villes. Il me semble opportun de traduire ce principe en recommandations pour élaborer le schéma de véloroutes et voies vertes d'intérêt national.
L'inscription de ce réseau dans les contrats de plan État/régions, proposée par le comité de suivi vélo, est une des possibilités actuellement à l'étude par le Gouvernement.
3 – Je ne puis terminer sans souligner que le vélo est un instrument qui participe, peut-être trop modestement d'ailleurs, à un sujet qui m'est cher, celui de la lutte contre l'exclusion. Il offre souvent aux plus démunis un moyen de déplacement commode, et il est souvent le seul moyen de leur conserver une part de ce droit au transport qui est comme le logement, un droit fondamental pour chacun de nous. De nombreuses entreprises d'insertion l'ont compris, qui réparent des vélos pour les mettre à disposition des personnes en recherche d'emploi.
Voilà, brossées à grands traits, les bases qui me paraissent constituer le socle d'une politique à la fois cohérente et ambitieuse de développement de l'usage de la bicyclette, dont je rappelle une nouvelle fois qu'il s'inscrit pleinement dans les grands axes de la politique du ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement.
Mais ce n'est qu'en impliquant activement les usagers et les collectivités territoriales que nous progresserons dans les réflexions et dans le réalisations pratiques.
Cette concertation, ainsi qu'une bonne coordination de actions, sont également essentielles entre les différentes administrations concernées de l'État. Je suis très heureux de constater qu'en ce qui concerne le vélo, cette coordination existe. J'en donnerai pour preuve l'excellent travail qui s'effectue au sein du comité de suivi vélo présidé par monsieur Hubert Peigné, et le fait que monsieur Jean-Marie Tétart ait été chargé d'une mission spécifique d'appui au développement des politiques en faveur de la bicyclette.
Je rappellerai également que la Direction de la sécurité et de la circulation routières, est votre interlocuteur permanent et conduit une action forte pour la promotion de l'usage du vélo.
Je vous souhaite, monsieur le président, ainsi qu'à l'ensemble de vos adhérents, toute réussite dans votre entreprise, dont vous savez maintenant à quel point les objectifs sont partagés.