Interview de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, à "Ega Channel" le 8 décembre 1998, sur les négociations d'élargissement de l'Union européenne et la candidature de la Turquie.

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Média : Mega Channel

Texte intégral

Question – Bientôt, à l'occasion du Sommet européen de Vienne sera abordée la question de l'élargissement. Plusieurs pays attendent des gestes. La France est-elle optimiste ?

Réponse – En ce qui concerne l'élargissement, il faut d'abord rappeler que nous avons pris une position de principe en mars dernier sur l'ouverture de négociations d'élargissement avec un groupe de pays. À l'intérieur de ce groupe, nous avons entamé des négociations concrètes avec six pays, cinq pays d'Europe centrale et Chypre. Ces négociations ont commencé. Elles sont suivies de près chaque mois par les ministres des Affaires étrangères lors des Conseils affaires générales mais il est encore trop tôt pour en tirer le bilan.

La discussion de ces jours-ci portait sur un autre sujet : elle portait sur la question de savoir si, à partir d'un rapport de la Commission présenté par M. Van den Broek, il était opportun d'ouvrir assez vite, dans les mois qui viennent, les négociations d'élargissement à de nouveaux pays. Vous savez que certains pays préconisaient l'ouverture de négociations, par exemple avec la Lituanie, Malte ou la Slovaquie. Là-dessus les ministres ont fait le point. Il n'y a pas d'accord général puisque certains pays pensent qu'il faut ouvrir les négociations et que la majorité des pays pense qu'il faut se concentrer d'abord et sérieusement sur l'Agenda 2000, la réforme institutionnelle et la procédure d'élargissement déjà ouverte. C'était la discussion de ces jours-ci. Dans ce contexte, je ne pense pas que le Conseil européen de Vienne ait à prendre des décisions particulières sur ce point.

Question – Y a-t-il des divergences sur la candidature d'un pays comme la Turquie. Est-ce que la France qualifie la Turquie de pays candidat ?

Réponse – Il y a effectivement des divergences entre pays de l'Union européenne sur ce point. Ceci est connu et il ne sert à rien de le cacher. Le rapport de la Commission transmis récemment sur l'état de préparation des différents pays candidats a passé en revue la Turquie comme les autres candidats. Il y a une discussion sur le fait même d'analyser la Turquie selon ces critères.
C'est une question qui est considérée comme réglée par certains pays européens, ce que contestent d'autres puisque, précisément, il n'y a pas d'accord. Ce que je peux vous dire, c'est que le Premier ministre français, M. Jospin, qui recevait le chancelier autrichien a souhaité que la Turquie fasse partie des invités au déjeuner du samedi.

Question – Il y a une décision sur ce point ?

Réponse – Non, car je pense que les Autrichiens qui ont la présidence en ce moment, attendent la fin de leur tournée européenne pour se prononcer à ce sujet.