Interviews de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères, aux agences, à la presse et au journal "La presse" et déclaration le 29 juillet 1995 à Tabarka, sur la préparation de la conférence de Barcelone et la coopération entre l'Union européenne et les pays méditerranéens.

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Circonstance : Réunion des ministres des affaires étrangères des Pays du Forum méditerranéen à Tabarka (Tunisie) le 28 et 29 juillet 1995

Média : Agence de presse - La Presse

Texte intégral

J'ai été très heureux et très honoré de rencontrer mon collègue ministre des Affaires étrangères égyptien. C'était notre deuxième rencontre. La première était à Paris à l'occasion de la venue du Président Moubarak. Nous avions eu un long entretien, aussi bien au Quai d'Orsay qu'à l'Élysée.

Nous avons évoqué la préparation de la conférence de Barcelone qui sera un événement historique pour tous les peuples de la Méditerranée. Nous avons commencé à évoquer ensemble cette rencontre à laquelle l'Égypte attache une très grande importance. Puis nous avons bien entendu parlé du renforcement des relations franco-égyptiennes. Je peux vous dire que, dans l'esprit du gouvernement français, l'Égypte est sans doute l'un des pays les plus importants de toute la Méditerranée. Nous avons par conséquent l'intention d'investir beaucoup d'efforts, beaucoup de détermination et beaucoup de volonté politique pour renforcer et étendre les relations politiques, économiques sociales et culturelles avec le gouvernement et le peuple égyptien.

Q. : Avez-vous évoqué le problème de la Bosnie ?

R. : Nous l'avons fait très rapidement. Mais nous nous sommes promis que cette question serait à l'ordre du jour de la séance plénière. D'ores et déjà le ministre égyptien a bien voulu me dire que la position française était bien comprise par les peuples méditerranéens et notamment par le peuple égyptien. Moi, je lui ai dit de mon côté que je comprends pleinement l'émotion de tous ceux qui, à travers le monde, sont bouleversés, émus du sort malheureux des populations bosniaques. La France travaille comme elle peut, elle ne peut pas tout, mais elle travaille avec détermination et avec énergie pour essayer de conduire ce malheureux pays vers la paix, et je crois qu'il faut que nous unissions nos efforts dans ce sens.

 

29 juillet 1995
Bulletin quotidien

Q. : (Sur l'entretien ente le ministre et son homologue algérien, M. Dembri ?)

R. : Vous savez que la France a pour ligne de conduite de ne pas se mêler des affaires intérieures, de ne pas s'ingérer dans les questions auxquelles sont confrontés le peuple et le gouvernement algérien. Je l'ai confirmé à M. Dembri en même temps que j'ai souhaité que nous puissions dans les semaines qui viennent, régler au mieux les quelques questions qu'il y a encore sur la table entre nous.

Q. : C'est dire qu'il y a une rencontre prévue ?

R. : Il y aura des réunions d'experts, bien entendu, et d'autres rencontres prévues dans le cadre de la vie diplomatique normale.

Q. : Avez-vous évoqué la montée de la violence en relation avec l'attentat de Paris ?

R. :  Nous n'avons pas évoqué l'attentat de Paris qui reste une grande épreuve pour la France, et pour lequel nous n'avons, pour l'instant, pas d'indication qui nous permette d'en affirmer l'origine.

Q. : Que peut-on retenir d'essentiel sur le forum de Tunis ?

R. : On peut en retenir pour l'essentiel qu'à l'initiative du gouvernement Tunisien, cette rencontre extraordinaire du forum méditerranéen, extraordinaire parce qu'elle est un peu hors calendrier, a été pour nous une occasion très utile de dialoguer dans la perspective de la Conférence de Barcelone. Cette Conférence de Barcelone qui va réunir non seulement les pays de l'Union européenne, mais aussi l'ensemble des pays du pourtour méditerranéen dans leur quasi-totalité, sera une grande première dans l'histoire de la Méditerranée. C'est donc un événement considérable dans lequel nous fondons les uns et les autres d'immenses espoirs de progression du dialogue politique, immense espoir de développement culturel et immense espoir aussi de renforcement de la coopération économique entre les pays de la communauté européenne et les pays du sud de la Méditerranée, sur la base des décisions prises au sommet de Cannes de l'Union européenne et sous la présidence du Président Chirac puisqu'une enveloppe très importante de plus de quatre milliards sept cent soixante millions d'Écu a été affectée pour les cinq ans qui viennent à la coopération économique entre l'Union européenne et les pays du pourtour méditerranéen. Je crois donc qu'on peut retenir de cette réunion que c'est une très bonne préparation entre nous, entre amis, à la Conférence de Barcelone qui sera je le répète, l'événement capital de l'année pour les peuples méditerranéens.

 

29 juillet 1995
Bulletin quotidien

Q. : (Sur la situation à Bihac)

R. : La situation à Bihac est une situation extraordinairement complexe. Il y a effectivement une offensive serbe. Il y a également une offensive des musulmans dissidents, car il faut savoir qu'il y a à Bihac non seulement, je dirais, les 180 000 habitants bosniaques, mais qu'il y a en plus une armée musulmane dissidente, contre l'armée légale et qui est alliée aux Serbes de Bosnie. Et puis il y a les Serbes de la Krajina, qui sont à deux pas, qui peuvent intervenir. Ils ne sont pas encore intervenus mais ils pourraient intervenir. Il y a également les Croates de Croatie qui menacent d'intervenir. Il y a donc, en effet, à Bihac une situation complexe, difficile, et je peux vous dire que nous la suivons et la surveillons d'heure en heure. En tous cas à ma connaissance, l'enclave de Bihac, déclarée zone de sécurité par l'ONU, n'a pas fait aujourd'hui l'objet d'attaques.

Q. : La décision de Londres concernant Gorazde s'applique-t-elle aux autres zones de sécurité ?

R. : Bien entendu. Ceci dit je voudrais vous dire que nous sommes ici à Tabarka pour le Forum méditerranéen qui réunit un certain nombre de pays riverains de cette mer splendide, dont nous souhaitons qu'elle devienne rapidement une mer de prospérité et de paix. Bien sûr nous parlerons tout à l'heure de la question de la Bosnie-Herzégovine, et j'ai moi-même suggéré que nous puissions l'évoquer car j'ai compris la grande sensibilité de beaucoup de gouvernements ici réunis, à ces questions. J'ai donc suggéré que nous ayons un tour d'horizon sur ce sujet. J'expliquerai ce que fait la France et qui, je crois, est assez bien compris maintenant chez nos partenaires, quelle est notre détermination, quels sont nos objectifs et naturellement je ne cacherai pas non plus les très grandes difficultés rencontrées pour aller vers la paix.

Q. : Après l'attentat meurtrier de Paris, allez-vous discuter plus amplement des questions de sécurité ?

R. : Je ne peux pas prévoir à l'avance. Ce que je peux vous dire c'est que nous condamnons et que le gouvernement français condamne avec la plus extrême sévérité des actes de terrorisme qui déshonorent ceux qui en sont les auteurs, et qui bien entendu entraîneront de notre part une vigilance accrue et une détermination sans borne.

Q. : Vous allez rencontrer le ministre algérien des Affaires étrangères. Y a-t-il des questions précises que vous allez aborder, notamment la question du terrorisme en Algérie et de ses ramifications en France ?

R. : Nous aurons certainement en effet, le ministre algérien et moi, une longue conversation, je le souhaite. Nous avons des sujets d'intérêt commun à évoquer. Je ne peux vous dire maintenant ni le contenu et encore moins le résultat de ces conversations. Ce que je voudrais que vous sachiez, c'est que la France suit avec beaucoup d'attention ce qui se passe en Algérie. Elle regarde avec beaucoup d'attention ce que fait le gouvernement algérien. Elle n'a nullement l'intention, à aucun moment, de s'ingérer dans la vie politique intérieure de l'Algérie. Les problèmes algériens doivent être résolus par les Algériens, entre eux. Quand on nous demande notre avis, nous recommandons la voie démocratique comme la meilleure, dans le monde entier, pour parvenir à une meilleure entente.

Q. : (Sur la Conférence de Barcelone ?)

R. : Je répète que les problèmes algériens doivent être résolus par les Algériens. Ceci étant, il est vrai que je suis favorable à ce que les peuples riverains de la Méditerranée, prennent conscience toujours davantage que leur destin est commun et que leur histoire est liée, qu'ils le veuillent ou qu'ils ne le veuillent pas. De ce point de vue, nous allons échanger nos vues et nos idées sur la Conférence de Barcelone. Vous verrez que cette conférence sera un très grand succès et un événement considérable car ce sera la première fois dans l'Histoire que les États du pourtour de la Méditerranée seront presque tous présents pour dialoguer entre eux et pour organiser entre eux leur avenir. La Conférence de Barcelone traitera du dialogue politique entre nous, traitera du développement économique, notamment à la lumière des décisions qui ont été prises à Cannes par l'Union européenne de faire un effort financier important pour le développement économique des pays du sud de la Méditerranée. Et puis elle traitera, je l'espère aussi abondamment, d'un volet auquel j'attache beaucoup d'importance, qui est le volet culturel, c'est-à-dire le développement des échanges culturels entre nous. Nous avons besoin de mieux nous connaître. Nous avons besoin de mieux apprécier la richesse de nos cultures, de nos religions, de nos façons d'être et d'agir. Elles sont différentes souvent, mais elles sont toutes respectables, et de mon point de vue, toutes dignes d'admiration. Les mettre en commun, faire en sorte que nos peuples se connaissent mieux, se comprennent mieux, je crois que c'est un pas supplémentaire vers la paix.

Q. : Compte tenu des buts de ce Forum, comment peut-on croire que vous travaillez tous pour la paix en Méditerranée en l'absence de la Libye, qui a le plus grand littoral ?

R. : Lorsque la Libye remplira les obligations internationales qui sont les siennes, elle sera réintroduite dans la communauté internationale.

Q. : La question de la violence qui concerne de nombreux pays dans ce Forum, fera-t-elle oui on non l'objet d'un échange de vues ?

R. : Chacun pourra parler des sujets qui lui paraissent dignes d'intérêt. Je partage votre idée que nous devons évoquer ensemble la montée de la violence, nous qui sommes les représentants de nos gouvernements, notre tâche c'est d'apporter notre contribution à la paix, à la prospérité et à la bonne entente de nos peuples. Par conséquent d'apporter notre concours à tout ce qui peut réduire les tensions, les difficultés, la violence.

 

29 juillet 1995
Bulletin quotidien

Les relations entre la France et la Tunisie sont des relations très étroites depuis très longtemps. Depuis l'indépendance de la Tunisie, nous avons réussi, Tunisiens et Français, à construire entre nos deux pays des relations extraordinairement chaleureuses et cordiales. Les liens économiques sont très intenses. La présence touristique dans votre pays est très forte de la part de la France. Il y a beaucoup de société mixtes qui se sont constituées, bref, à tous égards, les relations franco-tunisiennes sont des relations excellentes.

Nous pouvons faire encore mieux, et c'est dans cet esprit qu'il y a le projet d'une visite de Jacques Chirac à l'invitation du Président Ben Ali, dans les mois qui viennent. Cela doit être l'occasion de donner une impulsion nouvelle encore plus forte à nos échanges. Ces échanges doivent être placés sous trois signes : sous l'angle politique, je suis très désireux de renforcer le dialogue politique entre la Tunisie et la France, je l'ai dit de façon très approfondie au ministre tunisien. Les Affaires étrangères, que j'ai vu longuement dès mon arrivée ici. Ensuite je souhaite développer les relations économiques, c'est-à-dire les renforcer. Nous avons toute une série de domaines dans lesquels nous pouvons multiplier les investissements français privé en Tunisie et naturellement accueillir en France des productions Tunisiennes. Donc, dans le domaine économique aussi, nous pouvons renforcer nos échanges.

Q. : Une série de mesures au niveau économique ?

R. : II s'agit d'une action continue qui demande des efforts des deux côtés de sensibilisation, de connaissance mutuelle. C'est comme cela que l'on agit. Nous avons organisé une année de la Tunisie en France, c'est une action coûteuse pour la France, maïs en même temps, c'est un moyen de faire connaître les productions tunisiennes et un moyen aussi de faire connaître aux entreprises Française les potentialités du marché tunisien.
Je souhaite que nous ayons à cœur de renforcer les relations culturelles entre nos deux pays. Nos deux cultures, nos deux civilisations se sont beaucoup fréquentées et croisées dans notre histoire. Il faut faire en sorte que ces cultures s'interpénètrent de façon toujours plus intense dans les années qui viennent.

Q. : Au-delà des mesures ponctuelles face à des actes commis sur le sol Français, la France se propose-t-elle d'engager avec ses partenaires européens des pourparlers en vue d'harmoniser les politiques et surtout d'adopter une attitude plus réaliste quant à la perception du droit d'asile et des abus de plus en plus manifestes qui découlent de son application ?

R. : Je ne suis pas d'accord avec vous. On ne peut pas dire qu'il y ait des abus de plus en plus manifestes. Croyez-moi, je me suis très longtemps occupé de ces problèmes en France, que je connais extrêmement bien, je crois que l'on peut dire au contraire que la population tunisienne qui vit en France et qui est nombreuse en effet, y est bien perçue, bien accueillie, et que les relations avec la population française sont faciles et fondées sur le respect mutuel. Je sais que par ailleurs, il y a des incidents, bien entendu. Il y a des incidents qui viennent dans certains quartiers, dans certaines villes, qui ne concernent pas particulièrement la population tunisienne, et qui viennent de certaines tensions racistes et xénophobes.

Q. : La question concernait surtout le droit d'asile qui sert à certains extrémistes qui se réfèrent à l'islam pour abuser du droit d'asile ?

R. : Alors la position de la France est très ferme dans ce domaine. Notre réglementation du droit d'asile, est fondée sur des principes qui relèvent de la Conférence de Genève, qui sont donc des principes très anciens que nous appliquons avec fermeté. La Tunisie ne fait pas partie des pays dans lesquels nous estimons que les libertés sont menacées. Par conséquent, les ressortissants tunisiens ne peuvent pas demander le droit d'asile en France. S'il y a, hélas, de temps en temps des actions souterraines qui sont accomplies à partir tu territoire français, je peux vous dire que nous les poursuivons avec diligence et beaucoup de fermeté, sachant d'ailleurs que nous sommes les premières victimes, malheureusement, de ces actes de violence. Je vous rappelle que le France vient d'être victime d'un acte de violence d'extrême gravité, ayant fait 7 morts et de nombreux blessés dans le RER parisien et que la population française est sous le choc de l'émotion qui est ressentie devant ce terrorisme dont elle supporte les conséquences alors qu'elle n'a aucune raison de les supporter.

Q. : Sachant que le forum de Tabarka s'organise en prélude de la Conférence de Barcelone, quelles dispositions la France entend-elle prendre au sein de l'Union européenne pour aider concrètement à l'établissement du rapport dialectique entre démocratie et développement dans l'ensemble des pays méditerranéens ?

R. : Écoutez, nous sommes très largement à l'origine de la Conférence de Barcelone qui doit nous permettre de réunir tous les pays du pourtour méditerranéens pour un dialogue à la fois politique, économique et culturel. C'est aussi pendant sa Présidence de l'Union européenne dont elle a eu la charge au cours du premier semestre 95, que la France a obtenu de ses partenaires européens que soit consacré au développement économique des pays du sud méditerranéen pendant les cinq prochaines années, la somme considérable de quatre milliards quatre cent soixante millions d'Écus, ce qui est pratiquement le double des sommes prévues jusqu'à présent. C'est donc un effort formidable. Je crois que c'est le signe de cet esprit de solidarité qui nous anime nous, français, même si nous ne sommes naturellement pas les seuls, mais qui nous anime avec l'idée de faire de la Méditerrané une mer de prospérité et de paix.

 

29 juillet 1995
Bulletin quotidien

Q. : Sur l'élargissement de l'Union européenne ?

R. : Il y a beaucoup de pays qui souhaitent adhérer à l'Union européenne. C'est une démarche qui est flatteuse pour l'Union européenne puisque c'est la preuve de sa réussite et de l'attrait qu'elle exerce, non seulement dans le monde entier, mais sur ses propres voisins. Il ne faut jamais fermer une porte. Dans les années qui viennent, la préoccupation en matière d'adhésion progressive des pays d'Europe centrale et orientale que l'on appelle les PECO. C'est un nombre de pays très important. C'est une démarche longue, délicate, complexe qui va certainement occuper fortement les années qui viennent. En toute hypothèse, il y a auparavant la conférence intergouvernementale qui est en préparation actuellement, sous la responsabilité du ministre espagnol, je le rappelle à M. Solana qui le sait bien, et cette conférence intergouvernementale se déroulera donc l'année 96. Elle devrait déboucher normalement en 1996 mais elle peut être retardé, on ne peut le savoir à l'avance. C'est après que les travaux de cette conférence auront été achevés que la question de l'adhésion de tout nouveaux pays, y compris d'ailleurs pour les pays d'Europe centrale et orientale, se posera de façon concrète. Autrement dit pour l'instant, on ne peut pas donner de réponse définitive si ce n'est celle-ci : il ne faut fermer la porte à personne.

Je ne voudrais pas terminer cette réunion de Tabarka sans vous livrer deux ou trois réflexions. La première c'est pour remercier notre collègue tunisien d'avoir pris l'initiative de cette rencontre de Tabarka à Sainte-Maxime, réunion extraordinaire, qui a été très remarquablement organisée par la partie tunisienne. Je crois que nous y avons retrouvé l'atmosphère chaleureuse, amicale, oserai-je dire intime, qui est l'esprit même de ce forum. Nous y avons fait un excellent travail. Nous avons pour l'essentiel, comme les uns et les autres ont pu le dire, préparé la Conférence de Barcelone. Je répète que nous l'avons fait de façon informelle puisqu'aussi bien, nous ne sommes ici que les représentants de quelques-uns des pays qui y participeront. Mais c'est pour moi l'occasion de vous dire que nous fondons d'immenses espoirs sur la Conférence de Barcelone. Ce sera en effet la première fois depuis des décennies que se retrouveront autour de la même table les pays du pourtour méditerranéen, presque sans exception. C'est un événement énorme et nous pensons que c'est le point de départ d'une véritable transformation de la situation de la Méditerranée, trop souvent déchirée par des conflits, et qui pour la première fois va se trouver rassemblée pour discuter ensemble de l'avenir politique, économique et culturel des peuples méditerranéens, donc je voudrais insister auprès de vous pour que vous mesuriez la portée exceptionnelle et considérable de la Conférence de Barcelone, dont notre collègue Javier Solana aura la charge d'assumer la présidence. Je me réjouis que ce soit l'Espagne qui en ait la responsabilité, grand pays d'influence méditerranéenne, et vous pouvez être assurés que cette Conférence de Barcelone sera, j'en suis convaincu, un immense succès et le point de départ d'une page entièrement neuve de la vie des peuples de Méditerranée. C'est cet espoir que nous avons exprimé ensemble, en échangeant nos vues, en confrontant nos objectifs et pour constater d'ailleurs que nous partagions les mêmes idées, c'est-à-dire la priorité au dialogue politique, l'importance capitale de l'effort économique mutuel, fondé sur l'importante décision prise au sommet de Cannes par quotidien les pays de l'Union européenne de consacrer une enveloppe très importante de quatre milliards sept cent soixante millions d'Écus, pour les cinq ans qui viennent, décision qui constitue une véritable révolution de la part de l'Union européenne à l'égard des pays du sud de la Méditerranée. Enfin nous avons dit de façon très forte que la dimension culturelle de notre action serait essentielle dans les années qui viennent.

Je crois que c'est ce message d'espoir, cette volonté commune que nous avons exprimé ensemble et que vous retrouverez à Barcelone, date qui sera je crois historique dans la vie des peuples méditerranéen. Nous avons bien entendu fait un tour d'horizon politique et nous avons parlé de la Bosnie. Je me réjouis de constater que nous sommes tombés d'accord pour confirmer une fois de plus qu'il n'y a pas d'issue en Bosnie autrement que par la voie diplomatique et politique. Il n'y a pas de solution de guerre en Bosnie. Il n'y a de paix possible que par la négociation et la discussion et nous avons confirmé les uns et les autres notre espoir que cette solution politique progresse rapidement.

Voilà les deux enseignements que personnellement je rapporterai à Paris. Ce sont des conclusions pleines d'espoir et qui témoignent qu'à Tabarka, nous avons fait, sous la responsabilité du ministre des Affaires étrangères tunisien, un excellent travail, conformément à l'espoir que nous avions mis dans cette réunion.