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L'Union de Reims : Sur quels dossiers peut se construire un axe fort Verts-Grünen ?
Yves Cochet : Précisément sur celui de la construction européenne, en y intégrant les trois dimensions que nous avons toujours mises en avant : la démocratie, l'écologie – il manque une politique écologique commune —, et le social.
En Europe, des alliances « rose-vert » existent au sein de trois gouvernements (France, Italie, Finlande) ; deux autres sont en préparation (Allemagne, Suède). On recense également treize gouvernements plutôt à gauche, contre deux plutôt à droite. La conjoncture est donc la plus favorable qui soit pour qu'on puisse faire cette Europe sociale, environnementale et démocratique.
Avec les Grünen, nous avons déjà eu des réunions de travail avant les élections allemandes, y compris au ministère de l'environnement et de l'aménagement du territoire avec Dominique Voynet.
L'Union de Reims : Daniel Cohn-Bendit vous semble-t-il la meilleure tête de liste des Verts pour les prochaines européennes ?
Yves Cochet : Oui. Il n'est pas encore officiellement choisi. Il le sera lors de notre congrès de fin octobre et mi-novembre. Daniel Cohn-Bendit est un vrai européen : il est Allemand et déjà député européen. Il connaît bien la politique et jouit d'une notoriété incontestable. La loi nous permet de présenter un Européen : c'est notre meilleur candidat.
L'Union de Reims : Vous réclamez de faire la politique autrement. Vous n'êtes donc pas satisfait de l'action du gouvernement auquel Les Verts participent ?
Yves Cochet : Nous sommes très satisfaits d'être à la fois au gouvernement et à l'Assemblée nationale dans la majorité plurielle. Mais, en février 97, nous avions signé avec le Parti socialiste un accord de gouvernement sur cinq ans. Il est évident qu'on n'a pas pu faire en quinze mois tout ce que nous voulions. Il y a eu donc une insatisfaction qui excite notre persévérance à aller plus loin... Ceci dit, il y a eu beaucoup d'avancées dans le domaine économique et social, dues, je le pense, à l'influence des Verts.
L'Union de Reims : Les Verts estiment avoir « été achetés pour pas cher » en 1997, selon une déclaration de votre secrétaire national : vous détenez tout de même un poste ministériel important. N'êtes-vous pas trop gourmand ?
Yves Cochet : Nous aurions pu avoir davantage de députés le 1er juin 97, et davantage de ministres. Oui, c'est toujours un regret pour nous de n'avoir qu'un seul ministre. On ne va pas souhaiter la dissolution mais, s'agissant du gouvernement, les choses peuvent évoluer. On s'attend à un mini-remaniement avec les sénatoriales, mais on peut tabler sur un changement plus profond après juin 1999 et les européennes pour lesquelles nous espérons réaliser un bon score. Il est probable qu'au sein du gouvernement français, le poids des Verts augmente grâce à ce bon résultat, mais aussi grâce à l'influence allemande où les Verts disposeront de plusieurs portefeuilles.
L'Union de Reims : Pensez-vous réellement possible un arrêt du nucléaire en France et en Allemagne ?
Yves Cochet : Sortir du nucléaire est une de nos priorités. En France, ce ne serait pas techniquement possible avant douze ou quinze ans, sans compter le règlement des problèmes économiques et sociaux. 120 000 personnes travaillent directement dans le nucléaire. Et on ne peut pas couper comme ça des investissements qui atteignent 1 400 milliards de francs.
Mais s'il existe une volonté politique durable, on peut en sortir dans vingt ans. En Allemagne qui est moins nucléarisée et compte tenu des options anti-nucléaires plus fortes des nouveaux partis au gouvernement, des Verts bien sûr, mais aussi du SPD, il sera possible d'y arriver en deux fois moins de temps.