Conférence de presse conjointe de MM. Michel Barnier, ministre délégué aux affaires européennes, et M. Kovacs, ministre hongrois des affaires étrangères, sur les relations franco-hongroises et sur la préparation des négociations d'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne, Budapest le 17 novembre 1995.

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Circonstance : Voyage de M. Barnier à Budapest (Hongrie) le 17 novembre 1995

Texte intégral

M. Kovacs – Mesdames et Messieurs, cette visite revêt une grande importance pour la Hongrie étant donné que la France est un pays dont le poids est déterminant dans l'Union européenne. De ce fait, le soutien apporté par la France à la Hongrie est indispensable pour qu'aboutissent nos efforts euro-atlantiques et pour qu'aboutisse notre volonté d'adhérer à l'Union européenne.

J'ai eu l'occasion de procéder à un tête-à-tête avec Monsieur le ministre ce matin. Au cours de cette réunion, j'ai tâché de résumer notre approche, l'approche hongroise, et d'éclaircir pourquoi nous avons l'intention de rejoindre l'Union européenne et l'OTAN, ce que nous faisons pour y arriver à l'intérieur du pays et aux différents forums internationaux. J'ai parlé de notre position au sujet des questions d'actualité. J'ai parlé de nos attentes quant à la conférence intergouvernementale. J'ai parlé de notre attente en ce qui concerne la poursuite de la procédure du processus. J'ai donc essayé de brosser le scénario que nous considérons être souhaitable pour la Hongrie. Nous voudrions qu'après la CIG, les négociations sur l'adhésion commencent. Et compte tenu du fait que l'on peut légitimement espérer que cette CIG se terminera dans le courant de l'année 97, au milieu ou vers la fin de l'année 97, cela veut dire donc que les négociations sur l'adhésion pourraient débuter début 98. Et, en espérant que ces négociations sur l'adhésion pourraient débuter début 98. Et, en espérant que ces négociations ne dureront pas plus de deux ans, le scénario hongrois prévoit donc notre adhésion l'Union européenne avant l'année 2000. J'ai tout simplement renoncé maintenant à considérer le processus de ratification, et je n'ai parlé que de la date de la décision prise au niveau gouvernemental. En tout cas, nous serions contents de voir se réaliser un scénario de ce motivant des mesures de stabilisation économiques hongroises, de la modernisation économique, de la formation des fonctionnaires et des employés de la fonction publique. Tout le processus d'harmonisation de rapprochement légal et toute notre stratégie de communication ayant pour objectif que l'opinion publique hongroise ait une vue la plus précise possible dès le moment de la prise de décision de ce que signifie pour la Hongrie l'adhésion à l'Union européenne. Il faut que l'opinion publique en connaisse les avantages et connaisse un référendum que dans ces conditions. J'ai le sentiment que M. le ministre, M. Barnier, est favorable à cette conception. Mais il vous convaincra beaucoup mieux lui-même…

Le ministre délégué – merci, Monsieur le ministre, mesdames et messieurs, d'abord merci de bien vouloir être là, et merci de votre attention. C'est la deuxième fois que je me rends en Hongrie en visite officielle, presque en une année. Mais, en cette année-là, il y a eu quelques changements en France, importants : le plus important, c'est qu'il y a eu un nouveau président de la République. Et puis, de ministre de l'environnement, je suis devenu ministre des affaires européennes. Je suis venu ici, à Budapest, à la demande personnelle du président de la République française et du Premier ministre, M. Alain Juppé. Lorsque j'ai été nommé aux affaires européennes, M. Chirac m'a demandé, prioritairement, de bien préparer, de sérieusement préparer l'élargissement, de dire aux pays qui sont candidats à l'adhésion que la France les aiderait, ou plutôt les accompagnerait, de toutes ses forces. Il m'a demandé aussi de lui apporter une sorte de photographie personnelle, la plus objectif possible, de l'état d'esprit de ces pays associés. C'est l'objectif d'une visite comme aujourd'hui, et ce ne sera pas pour moi la dernière. Il faut que nous apprenions à nous parler. C'est ce que nous avons fait ce matin avec M. Kovacs. Exactement, avec le ton de franchise, de simplicité, et de spontanéité. Je suis très heureux de pouvoir vous dire publiquement ce que nous avons fait ce matin. J'ai rencontré longuement le Premier ministre, M. Horn, qui fera une visite officielle en France au début du mois de décembre et qui sera reçu par le président de la République. Nous avons eu une réunion de travail très concrète et très intéressante avec M. Szent-Ivany et ses collaborateurs et de la majorité et de l'opposition, conduite par M. Orban et M. Barsony. Je serai reçu cet après-midi par M. Goncz, et je reverrai également M. Denai, que j'ai déjà rencontré, ainsi que le maire de Budapest, M. Demezky. Il serait difficile d'en faire davantage en une seule journée. Mais je vous prie de croire que je rapporterai des indications très précises, très fortes, au conseil des ministres de la République française de mercredi prochain, et l'idée que la Hongrie est engagée dans une démarche historique difficile mais passionnante, formidable, celle de son adhésion à l'Union européenne, celle de son adhésion à l'UEO, celle de son adhésion à l'OTAN. La France aidera et accompagnera la Hongrie dans cette démarche. La première que nous avons d'aider la Hongrie, et d'autres pays candidats, c'est de réussir la conférence intergouvernementale, c'est un préalable. C'est la raison pour laquelle la France a souhaité, a proposé que cette conférence intergouvernementale soit ciblée, ambitieuse, sur quelques sujets institutionnels, qu'elle soit bien ciblée, pour pouvoir être conclue dans un délai raisonnable d'une année. C'est une étape très importante, nécessaire, que de réussir cette conférence, d'adapter simplement nos institutions, nos règles de vie, pour pouvoir travailler efficacement à dix-huit, vingt ou vingt-cinq un jour, alors même que nous le faisons aujourd'hui difficilement à quinze.

L'autre raison pour laquelle cette étape est importante et difficile, c'est qu'il faut qu'elle permette d'élargir sans affaiblir. En adhérant à l'Union européenne, la Hongrie n'adhérera pas seulement à un marché, elle adhérera à une union politique. Et nous avons bien l'intention, c'est en tout cas l'idée de la France et aussi celle de l'Allemagne, que cette période historique qui s'ouvre soit marquée par l'élargissement et en même temps par un progrès dans l'Union. Nous ne laisserons pas l'Union européenne se diluer dans une sorte de zone de libre-échange. Je voudrais dire quelques mots sur le calendrier. Je pense, comme l'a dit M. Kovacs, que l'année-là, si la conférence a été un succès en 1997, tous les pays candidats à l'adhésion qui seront volontaires pour négocier à ce moment-là puissent commencer les négociations en même temps. 1998, c'est demain, Mesdames et Messieurs : deux petites années, durant lesquelles nous, l'Union des Quinze, nous aurons beaucoup de travail et d'efforts à faire, et durant lesquelles vous aurez aussi beaucoup d'efforts à poursuivre au-delà des efforts extraordinaires déjà faits par la Hongrie pour se réformer, pour adapter son économie et ses règles de vie. Je veux rendre hommage à ce travail qui a été fait par la Hongrie avec ténacité. Et je peux vous assurer que la France sera davantage présente dans cette région de l'Europe à partir de maintenant. Il n'y a pas de réticence ou d'indifférence de la France à l'égard de l'Europe centrale, orientale ou baltique même si la France est naturellement également orientée vers les pays méditerranéens.