Texte intégral
S. Soumier : Vous proposez un système révolutionnaire, 32 heures payées 35 avec l’aide du conseil régional. Vous pouvez nous donner des détails sur ce système ?
C. Millon : Tout d’abord je crois que ce seront des initiatives et des expérimentations locales et régionales qui permettront d’ouvrir des chemins dans le domaine de l’organisation du temps de travail et de la réduction du temps de travail.
S. Soumier : Votre système ?
C. Millon : C’est dans cet esprit-là, à l’occasion du débat budgétaire 96, que la région Rhône-Alpes propose de financer le différentiel entre 35 heures et 32 heures, avec l’aide de l’ASSEDIC et avec l’aide de l’Etat. Elle souhaite qu’une convention soit passée avec les entreprises qui accepteraient la réduction du temps de travail à 32 heures, au moins pour les nouveaux emplois et à partir de ce moment-là, la région avec les ASSEDIC prendrait la responsabilité de payer le différentiel. C’est-à-dire que l’effort serait partagé entre entreprise, salarié, Etat et région.
S. Soumier : J’imagine que vous avez fait quelques études, combien est-ce que ça coûterait à la région et combien est-ce que ça pourrait créer d’emplois en Rhône-Alpes ?
C. Millon : Si 100 000 personnes acceptent cette nouvelle organisation du temps de travail, ceci provoquera la création de 25 000 emplois. Et le coût, par salarié, serait de 7 500 francs par an.
S. Soumier : Vous ne risquez pas de gêner le Premier ministre en lançant une telle proposition aujourd’hui ?
C. Millon : Je ne crois pas. C’est une proposition d’un conseil régional, d’un élu régional et je suis convaincu que le Premier ministre souhaite qu’il y ait des initiatives qui soient prises et par les organisations professionnelles et par les collectivités territoriales car il sait, comme tout autre, qu’il n’y a pas de solution miracle mais qu’il est absolument indispensable de faire des expérimentations et des innovations. Et je souhaite que les employeurs, les entreprises, les organisations syndicales de Rhône-Alpes répondent à la proposition qu’il aurait faite rapidement puisque c’est dès le début janvier que se mettront en place des commissions de travail et que, rapidement, on passe des principes à l’action.