Interview de M. Alain Madelin, président de Démocratie libérale, dans "La Tribune" le 24 décembre 1998, sur le programme gouvernemental pluriannuel de stabilité des finances publiques à échéance 2002.

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La Tribune. - Quelle est votre réaction à la lecture du programme de stabilité des finances publiques françaises à échéance 2002 présenté par le gouvernement ?

Alain Madelin. - D'abord, je pense que ce programme pluriannuel pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses, à la fois sur les hypothèses retenues, leur crédibilité, sur les bombes à retardement budgétaires et sociales d’ores et déjà prévisibles. C'est pourquoi Démocratie libérale demandera qu'il fasse l'objet d’un débat à l'Assemblée nationale. Ce programme pluriannuel est la traduction d'une sorte de politique au fil de l'eau qui exprime davantage l'absence d'ambition et de volonté, sans doute dans l'espoir d'esquiver les vrais problèmes du pays jusqu'à l'élection présidentielle. L'augmentation programmée des dépenses publiques de 1 % en volume sur la période est à contre courant de ce qu'il faudrait faire. Quant aux réductions des déficits publics et des prélèvements obligatoires, ils sont bien en deçà de ce que font nos partenaires.

La Tribune. - Auriez-vous préféré que la dépense publique soit stabilisée et que les fruits de la croissance soient affectés intégralement à la réduction des déficits publics et des impôts ?

Alain Madelin. - L’objectif des libéraux est de réduire la part des prélèvements publics de 1 % du PIB par an. Nous avons su réduire nos déficits de 1 % de la richesse nationale pour réaliser l’euro. On peut baisser nos prélèvements publics au même rythme. Mais cela exige une profonde réforme de l’État, qui passe par une privatisation massive, par une réforme profonde de l'administration et une diminution du nombre de fonctionnaires. Tout indique que ce programme est construit à État constant, sinon à État croissant : cela donne ce résultat médiocre. La question n'est pas d'affecter les fruits de la croissance à la baisse des impôts, mais de réduire les dépenses publiques pour baisser les impôts et créer de la croissance pour donner un maximum de chances à celle-ci.

La Tribune. - Jugez-vous ce programme médiocre ?

Alain Madelin. - Je le me considère très en deçà de ce qu'il faudrait faire. Il traduit une absence de réforme. On prolonge les courbes plus que l'on engage les réformes, notamment celle de l'État qui permettrait à la France d’entrer dans le prochain siècle.