Déclaration de M. Philippe Séguin, président de l'Assemblée nationale et membre du RPR, sur la volonté de réforme du gouvernement et les défis à relever (les déficits publics et les réformes de structures), Chessy (Seine-et-Marne) le 15 octobre 1995.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Assises nationales du RPR à Chessy (Seine-et-Marne) le 15 octobre 1995

Texte intégral

Mes chers compagnons,

C'est donc la première fois – l'aura-t-on assez dit… – que nous nous retrouvons depuis l'élection de Jacques Chirac.

Et déjà, le temps n'est plus à la célébration, il est à de nouveaux combats.

Voilà en effet qu'on entend dire et répéter que le changement est en panne. Sans qu'on nous explique, d'ailleurs, si c'est parce qu'il y en a eu trop ou pas assez…

Voilà qu'on entend dire et répéter que nous n'aurions gagné que pour mieux nous avouer vaincus, vaincus par les arguments de ceux-là même que nous avons battus.

Ne nous y trompons surtout pas : à travers tous les épisodes que nous venons de vivre, à travers ceux que nous vivrons encore, c'est une seule et même cible qui est visée.

Cette cible, c'est le Président de la République ; le Président de la République et les principes qu'il a portés tout au long de sa magnifique campagne, principes qui rendaient désormais possible une profonde transformation de notre vie publique.

C'est cela, et rien d'autre, qu'on ne lui pardonne pas, qu'on ne nous pardonne pas.

Ô, bien sûr, nul ne se hasarde à contester l'élection de Jacques Chirac. En revanche, pas mal de gens s'attachent à en contester les fondements et à en dénaturer le sens.

L'idée qu'on cherche à faire passer, l'idée qu'on martèle, c'est que Jacques Chirac se trouverait contraint, aujourd'hui, d'inspirer une politique différente, voire carrément opposée à celle sur laquelle il a été élu.

À sa critique, victorieuse, de la pensée unique, se serait substituée la découverte – tardive – d'une réalité qui serait non moins unique, dont le simple constat fermerait toute discussion, et sur laquelle viendraient se briser les chimères d'une campagne par trop échevelée.

Comme si, quelles que soient les convictions, quelles que soient les volontés, on finissait toujours, fatalement, par faire la même politique.

Comme s'il n'y avait qu'une réponse aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Alors même que, sous l'influence d'événements de grande ampleur, c'est un monde nouveau qui s'offre à nous. Un monde instable, rebelle aux analyses traditionnelles, qui appelle de nouvelles méthodes de gouvernement et une capacité d'adaptation sans égale.

Car, enfin, mes chers compagnons…

N'y avait-il donc qu'une réponse au problème de la Bosnie ?

N'y avait-il qu'une réponse au problème des essais ?

N'y aurait-il qu'une réponse au problème de la fracture sociale ?

Et pourtant, on nous dit, on nous ressasse – parfois dans nos propres rangs – que les français seraient désorientés, dépités de ce que les promesses d'hier n'auraient pas été tenues.

Mais de quoi diable parle-t-on ?

Il incombait à Jacques Chirac, non point de dévider un catalogue de mesures catégorielles ou de lancer des chiffres qui n'impressionnent plus personne, mais de tracer des orientations, fixer des objectifs, de définir un esprit, bref : indiquer à nos compatriotes le cap qu'il nous faudrait désormais tenir.

C'est là tout le sens de l'élection présidentielle, c'est même la vocation de la fonction. La Constitution le dit : le pouvoir présidentiel est un pouvoir d'incarnation et d'arbitrage – arbitrage au sens fort du terme. Il se situe sur un plan qui n'a pas d'équivalent.

Or, ces orientations, cet esprit, ces objectifs n'ont bien évidemment de signification que sur la durée.

Qui pourrait, dès lors, demander des comptes, aujourd'hui, au Président de la République ? Qui serait fondé à exiger de lui un bilan, alors qu'il commence à peine son mandat ?

Mes chers compagnons, nous savons bien que Jacques Chirac n'a renoncé ni aux orientations, ni à l'esprit, ni aux objectifs sous l'égide desquels il a placé son septennat.

Il se trouve seulement que ceux qui ne voulaient ni de ces orientations, ni de cet esprit, ni de ces objectifs, n'en veulent pas davantage aujourd'hui.

Parce que la fracture sociale, ils s'en moquent.

Parce que l'égalité des chances, ils la réprouvent.

Parce que la République, il n'en ont cure.

Alors ce qu'ils n'ont pu empêcher pendant la campagne, ils cherchent à le disqualifier aujourd'hui.

On ne lésine d'ailleurs sur aucun moyen. Tout est bon : y compris l'insinuation, la rumeur, la calomnie. Alain Juppé en est aujourd'hui l'objet : qu'on sache bien que tout autre le serait à sa place.

Eh bien, leur revanche, qu'en compte sur nous, ils ne l'auront pas !

On a prétendu s'offusquer de ce que Jacques Chirac ait su rassembler sur son nom et les perspectives qu'il ouvrait des sensibilités, des approches, des analyses différentes.

Mais n'est-ce pas là le propre de toute élection présidentielle ?…

Comme si l'on n'attendait pas, précisément, du Président de la République une capacité à dépasser les clivages et les différences, une aptitude à définir et incarner une ambition nationale, à charge pour les Gouvernements qu'il désigne d'en déterminer les chemins…

Cela, notre peuple le sait et le sent.

Je ne pense donc pas qu'il y ait aujourd'hui déception de l'opinion. Il y a, en revanche, une attente fiévreuse qui est faite d'appréhensions légitimes et d'interrogations multiples…

Après « tant de démentis aux conventions, prévisions, doctrines, tant d'épreuves, de pertes, de déceptions, tant d'éclats aussi, de chocs, de surprises », pour reprendre les termes qui ouvrirent le grand texte de conviction et d'espoir que fut le « fil de l'Épée » et qui s'appliquent si bien à notre temps.

Précisément…

Pour caractériser les temps que nous vivons, on hésite souvent entre deux références : 1945 ou 1958. J'ai la conviction qu'elles valent toutes les deux. Elles ont en commun d'évoquer, en des contextes différents, un même homme, une même volonté de reconstruire et de donner l'élan. Ce sont deux époques au cours desquelles tout fut remis à plat. Avec autorité et conviction.

Nous vivons à l'évidence une période de cette importance. En fait, la France, en 1995, comme en 1945, comme en 1958, a rendez-vous avec elle-même.

Il ne s'agit certes pas de remettre en cause les principes sur lesquels notre société est fondée. Et notamment ces principes adoptés en 1945, confirmés en 1958, qui ont permis peu à peu de sortir d'antagonismes de classe violents et apparemment irréconciliables.

Il ne s'agit pas non plus de revenir en-deçà de 1958 et de la restauration de l'État opérée par le Général de Gaulle ou de remettre en cause l'indépendance de la Nation gagée sur l'existence de notre force de dissuasion.

Non. Ce dont il s'agit, en réalité, c'est de retrouver une organisation économique et sociale, des fondements institutionnels, une stratégie à l'échelle du continent européen, qui permettent effectivement de garantir ces principes, ou dans bien des cas, de les faire à nouveau respecter.

1995 peut et doit donc compter autant que 1945 et 1958.

Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si, pour le rendez-vous de 1995, les Français ont choisi celui qui se référait le plus et le mieux aux idées et à l'exemple de celui qui avait présidé à ceux de 1945 et 1958.

Et pourtant, les choses sont difficiles, probablement encore plus difficiles qu'elles ne le furent il y a 37 ans ou même il y a un demi-siècle…

Nous cumulons les effets différés d'une dépression économique profonde, liée à des mutations technologiques et commerciales accélérées, avec ceux d'une politique dont les méthodes sont restées celles des Trente Glorieuses. Alors même que les contradictions ne cessaient de s'aggraver, les solutions ont toujours été remises à plus tard.

En 1945, comme en 1958, il est vrai, l'état dans lequel se trouvait la France justifiait aux yeux de tous les profondes réformes à accomplir. Les conservatismes étaient trop discrédités ou affaiblis pour s'y opposer. L'appétit de renouveau était alors irrépressible, il bousculait toutes les réticences et toutes les inerties.

Aujourd'hui, la tâche à accomplir est tout aussi grande, mais la prise de conscience n'est pas encore aussi claire. Nous vivons une époque qui ne semble pouvoir supporter ni les maux, ni les remèdes.

La responsabilité qui nous incombe, qui incombe à notre mouvement, qui vous incombe, est à la mesure de ce constat.

S'il y a, comme l'on dit, des problèmes de lisibilité de l'action entreprise, c'est parce que nous sommes engagés simultanément dans deux exercices.

Deux exercices également périlleux et exigeants, deux exercices distincts bien qu'étroitement complémentaires, deux exercices non moins impératifs, deux exercices de nature différente, pourtant, qui brouillent fatalement la communication et compromettent la clarté des choses.

Il nous faire face à l'urgence et en même temps inscrire l'action dans la durée.

Il nous faut – et à la fois – réduire, dans un délai extraordinairement bref, nos déficits publics et, par ailleurs, lancer les réformes de fond dont le pays a un besoin impérieux s'il entend rester ce qu'il est et atteindre à ses objectifs de toujours : une économie efficace, la justice sociale, un rang et une voix dans le monde.

Il n'est pas possible, en effet aujourd'hui, d'engager une politique qui ne se préoccuperait que du long terme, car pour paraphraser Keynes, à trop négliger le court terme, « dans le long terme, nous serions tous morts ».

1. Premier défi, donc : résoudre le problème des déficits. Et le résoudre en deux ans. Cette exigence s'impose à nous, elle ne saurait être éludée. Et pas seulement en raison de Maastricht et de ses critères de convergence. Mais parce que un État endetté est on État faible qui se laisse dicter sa conduite, qui n'a plus les moyens de ses ambitions.

En réduisant les déficits, c'est d'abord notre indépendance perdue que nous nous mettons en situation de reconquérir.

En donnant un coup d'arrêt à une spirale insensée, ce sont des marges de manœuvre que nous récupérons.

Que les choses soient donc bien claires. Il n'y a pas de politique possible qui passerait par le maintien ou l'aggravation des déficits. Il n'est donc pas d'autre choix envisageable, face aux déficits, que celui qu'affiche le Gouvernement d'Alain Juppé.

Et puis, et au surplus, il y a Maastricht.

N'étant pas suspect d'avoir exprimé une dilection spontanée pour le processus qui a été mis en branle en 1992, je suis d'autant mieux placé, je crois, pour dire et proclamer que la parole de la France doit être tenue. Elle doit être tenue parce que ce sont les Français qui ont décidé, par référendum, qu'elle devait être donnée. On ne peut à la fois invoquer les vertus du débat démocratique, et rejeter le verdict final.

Reste à nous mettre en mesure d'accomplir l'effort gigantesque qu'il faut consentir pour parvenir à nos fins. Et veiller à ce que les sacrifices ne soient pas vains, qu'ils produisent leur pleine efficacité.

Acceptons donc, d'abord, de reconnaître que la responsabilité des déficits est collective. La classe politique tout entière a laissé filer les déficits, en partie pour compenser partiellement les rigueurs de la politique monétaire, en partie pour parer au plus pressé dans tous les domaines. Mais les forces sociales, elles aussi, ont laissé faire par peur du coût des réponses à apporter, dans un mouvement de repli sur soi qu'a encore aggravé la dure récession dont vous venons tout juste de sortir.

Nous partageons largement la responsabilité du report des réformes nécessaires. Et il ne sert à rien d'incriminer qui que ce soit, en particulier…

Sans doute aussi, seule l'élection d'un nouveau président de la République rendait vraiment possible d'affronter le problème. Eh bien, à présent, nous y sommes.

Donnons-nous aussi tous les moyens de parvenir au but que nous nous sommes fixé.

Pour réduire les déficits, il faut du courage… de la croissance, et du discernement.

Le courage : Nous pouvons en créditer le Gouvernement.

La croissance : Il conviendrait que nul ne la compromette en s'arc-boutant sur des taux d'intérêt qui sont dévastateurs.

Ces taux d'intérêt, ce sont des entreprises contraintes d'atteindre des niveaux de rentabilité excessivement sélectifs pour assurer leur simple survie.

Ces taux d'intérêt, c'est l'atonie de la bourse de Paris oui je m'en préoccupe, car elle prive nos entreprises de l'accès aux fonds propres dont elles ont grand besoin et rend plus difficile les privatisations nécessaires.

Ces taux d'intérêt, c'est un obstacle pour les ménages qui veulent consommer et investir.

Ces taux d'intérêt, c'est un poids aussi pour les finances publiques qui ne peuvent couvrir tous leurs besoins par des financements à long terme.

Ces taux d'intérêt, c'est au total une activité dont la reprise s'essouffle et qui pourrait ne pas garantir les rentrées fiscales escomptées.

Ces taux d'intérêt : ce sont donc des recettes compromises et des dépenses aggravées. C'est-à-dire très exactement l'inverse du résultat à obtenir.

On voit dont bien, quoiqu'on en dise, que la lutte contre le chômage et la lutte contre les déficits ne sont pas antinomiques.

Antinomiques, les attentes des chômeurs et celles des marchés ne le sont pas davantage.

Mais, il n'est pas de gnomes qu'à Londres ou à Zurich…

Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est le dogmatisme qui risquerait, si nous n'y prenions garde, de nous faire rater à ta fois ta résorption des déficits et l'entrée dans la monnaie unique.

Quant au discernement, le Gouvernement n'en manquera pas dès lors qu'il refusera de céder à ceux qui le pressent d'aller plus vire et de couper sans précaution dans les dépenses publiques et sociales.

Comme si c'était simple ! Comme s'il n'y avait pas des dépenses publiques utiles et productives ! Comme si l'État gaspillait systématiquement toutes les ressources qu'il prélève ! Comme si tous les fonctionnaires étaient des fainéants. Comme si le service public n'avait plus aucune utilité. Comme si, partout et toujours, la privatisation systématique et la concurrence sans frein étaient la solution miracle à tous les problèmes !

2. Mais au-delà de l'urgence – et en même temps – il y a l'essentiel. L'essentiel, c'est-à-dire les réformes de structures, les réformes profondes qui demandent du temps et dont les effets sont, par nature, décalés.

Ces réformes sont déjà difficiles en elles-mêmes. Elles le sont plus encore, dès lors qu'il faut les conduire simultanément avec les mesures d'urgence qu'impose la lutte contre les déficits.

Concilier ces impératifs n'en est pas moins une nécessité absolue. Il est impossible de se dérober.

Les chantiers que nous devons ouvrir, qu'il nous faudra conduire à leur terme, nul gouvernement ne pourra y échapper. Nul ne pourra y échapper s'il souhaite en finir vraiment avec les fractures de notre société et réussir l'accès à la pleine activité.

Mais des objectifs identiques peuvent être atteints de bien des manières. La nôtre doit rester inspirée par un principe simple : les périodes de mutation ne sont pas l'alibi pour moins de solidarité. Elles doivent être l'occasion de toujours plus de solidarité.

Nous ne réussirons que si chaque groupe de la société accepte des remises en cause, voire des sacrifices. Et il ne les acceptera que s'ils sont répartis avec justice.

Premier de ces chantiers, la réforme des prélèvements obligatoires. Elle doit aboutir à un système qui soit à la fois plus équitable et plus efficace. Un système qui assure la contribution de chacun à l'œuvre collective et à la solidarité nationale sans que soient pénalisées l'innovation et la créativité.

La réforme de la sécurité sociale, ensuite. Pour assurer, cinquante ans après sa création, son indispensable survie tout en améliorant ses performances qui sont plus médiocres que nous ne nous en glorifions.

La réforme de notre défense, afin de l'adapter effectivement aux nouveaux risques, permettre la projection de nos forces en toutes circonstances, garantir selon les cas notre autonomie ou notre intégration dans une force collective.

La réforme de l'École, de tout notre appareil de formation, pour assurer l'égalité des chances, qui est l'un des maîtres-mots du pacte social français, et pour répondre aux besoins de notre pays, en constante évolution. Pour assurer aussi la transmission des valeurs républicaines, qui constituent notre vecteur d'intégration sociale le plus efficace.

La réforme de l'État, tout aussi indispensable qu'elle le fut en 1945. Car l'État doit à la fois se reconcentrer sur ce qu'il sait faire, en abandonnant au marché ou à l'économie sociale ce qui peut être réalisé à un meilleur coût, et préserver en même temps partout où cela pourrait être remis en cause le bien commun des Français.

De même, l'État doit par des mesures d'aménagement du territoire, celles-là mêmes, qu'avait commencé à mettre en œuvre Charles Pasqua, conserver à tous les Français où qu'ils habitent, ville, banlieue, campagne, outre-mer, une véritable égalité de traitement, un même accès aux grands services publics. Il doit enfin reconquérir la sécurité pour tous dans la vie quotidienne.

Et puis, il y a l'Europe. Une Europe qui soit maîtresse de son destin, et solidaire. Une Europe unie qui soit une grande Europe, engagée dans un même projet politique. Une Europe qu'il nous faut vouloir et construire dans la démocratie, au lieu de la subir comme un carcan.

Oui, tels sont quelques-uns des vastes chantiers qui s'ouvrent à nous.

Certains exégètes entretiennent à loisir la confusion entre ces deux grandes actions à conduire, celle de l'urgence qui passe par la lutte contre les déficits, et celle des profondes réformes sans lesquelles notre société ne saurait continuer à progresser.

Comment sortir de cette confusion entre ces deux actions et, pire encore, entre les calendriers ? Tout le problème est là.

Quand ils insistent sur les seules mesures à court terme, les experts de l'amalgame veulent donner à croire que notre volonté réformatrice serait étiolée, et que, contraints par les nécessités de la conjoncture, nous aurions délaissé les réformes des structures.

Quand ils mettent, à l'inverse, l'accent sur les mesures à moyen ou long terme, ils veulent donner à croire que nous pourrions bien renoncer à honorer les échéances pour lesquelles nous nous sommes engagés.

Quand ils additionnent, enfin, les unes et les autres, ils insinuent que l'effort exigé serait insupportable.

C'est donc à nous d'expliquer et d'expliquer sans trêve que s'il y a des mesures d'urgence à prendre, pour impopulaires qu'elles soient, elles pourraient pour certaines, n'avoir qu'un caractère transitoire. Et cela, dans l'attente de la venue à maturité, avec leur plein effet, des réformes profondes qui transformeront la société française et répondront aux besoins de nos compatriotes.

Surtout, ne, négligeons pas l'ampleur de la responsabilité qui nous revient. Il n'y aura pas de succès sans mobilisation des français. Et il n'y aura pas de mobilisation des français s'ils ne sont pas convaincus de la nécessité de l'effort, et de son équitable partage.

C'est dire, mes chers compagnons, qu'au lieu de nous borner à encaisser les coups, au lieu de nous abandonner au doute, nous devons nous convaincre à nouveau de la valeur de nos thèses et de la légitimité de notre combat.

Il est une vieille loi en politique que nous ne devons jamais perdre de vue : les gouvernements ne peuvent se maintenir que par ce qui leur a donné naissance.

Eh bien, qu'on le sache : nous n'avons rien oublié ni rien renié.

Nous n'avons pas oublié le serment que nous avons fait de rétablir le pacte républicain.

Nous n'avons pas davantage renié ni oublié notre volonté de voir la France jouer à nouveau un rôle dans le monde.

Ni notre refus d'une Europe qui serait la zone de manœuvre de la superpuissance, car nous voulons au contraire, et plus que jamais, une Europe qui soit une véritable force de décision.

Nous ne croyons pas que la fin du marxisme doive être confondue avec le triomphe de l'ultra-libéralisme.

Nous n'oublions ni ne renions notre volonté de bâtir une nouvelle démocratie.

Plus que jamais, un homme incarne nos espoirs.

Cet homme, le suffrage universel l'a consacré. Il a en charge les destinées permanentes de la Nation.

Alors que l'on sache bien, ce soir, partout en France, partout en Europe, partout dans le monde, que Jacques Chirac n'est pas seul.

Il n'est pas seul.

Il n'est pas seul, puisque nous sommes là, tous rassemblés…