Interviews de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, à RTL le 21 décembre 1998 et dans "Le Monde" le 23, et réponses à des questions à l'Assemblée nationale le 22, sur le bilan de l'opération "Renard du désert" contre l'Irak, la proposition française d'un contrôle continu du désarmement de l'Irak et sur les conditions de la levée de l'embargo sur le pétrole.

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Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Libération - Emission L'Invité de RTL - Libération - RTL

Texte intégral

RTL – 21 décembre 1998

O. Mazerolle :
Quel bilan faites-vous de l'opération « Renard du désert » ?

H. Védrine :
« Nous avions dit, du côté de la France, que nous étions sceptiques sur la possibilité pour des frappes militaires de ce type pour régler le problème qui nous est posé : savoir comment achever de contrôler ce qui avait pu être fait de dangereux pour l'Irak, et comment faire en sorte que ce pays ne redevienne pas dangereux à l'avenir. Aujourd'hui, il est difficile de faire un bilan puisque les Américains et les Anglais eux-mêmes affirment un certain nombre de choses, mais ne présentent pas un bilan exact. Ce qui est vrai c'est que ces frappes ont dû changer quelque chose – en tout cas, elles ont été faites pour ça. Ça nous amène à penser que nous pourrions aborder un nouveau chapitre de la politique à l'égard de l'Irak, réfléchir à un dispositif nouveau. »

O. Mazerolle :
Il y a reçu quelques critiques en France, où l'on a noté que vous, le Président de la République, le Premier ministre, désapprouviez les raids sur l'Irak. Mais il n'y avait pas de condamnation ferme de la part de la France. Certains ont même dit : la France est intimidée par les États-Unis.

H. Védrine :
« On n'est certainement pas intimidé puisque nos positions sont claires et connues. Cela fait des années que la France exprime ce qu'elle a à dire sur l'Irak. Ça fait des mois qu'on le redit. On l'a dit pendant les deux crises de cette année. On l'a dit ces dernières semaines. On a exprimé ce scepticisme. On a déploré que le Conseil de sécurité ne puisse plus remplir son office dans l'analyse du rapport Butler. On a fait part de notre idée sur l'inefficacité des frappes. On a souligné les dommages infligés aux populations civiles. C'est une position tout à fait claire. Mais, en même temps, nous voulons avoir une politique étrangère utile, constructive. Ce qui veut dire que nous devons avoir la possibilité de travailler avec nos partenaires du Conseil de sécurité, avec au premier rang, les États-Unis. Nous devons travailler avec nos partenaires de l'Union européenne. Donc, nous avons adopté une position tout à fait claire, mais qui visait à penser tout de suite au lendemain et au lendemain et au surlendemain ».

O. Mazerolle :
Ce lendemain est arrivé. Il y a des idées françaises, plutôt qu'un plan français ? C'est ça ?

H. Védrine :
« Pour le moment, ce serait trop exagéré et trop formaliste de parler d'un plan. Depuis plusieurs semaines, au sein du Conseil de sécurité, nous nous battions pour que l'on fasse un examen d'ensemble de ce qui a été fait depuis des années par la commission de contrôle. Et cela avait été obtenu par une résolution. On fait le point de tout, et après on verra si on peut changer de dispositif. C'est juste après ça, d'ailleurs, que S. Hussein a provoqué une nouvelle crise avec l'Unscom – c'est l'avant-dernière crise avant les frappes –, L'Unscom qui travaille sous le contrôle du Conseil de sécurité. Dans ce cas, nous avions déjà élaboré ce que pourrait être un contrôle continu de l'Irak ».

O. Mazerolle :
Quelle serait la différence entre un contrôle continu et ce qui se faisait jusqu'à présent ?

H. Védrine :
« La différence c'est que l'Unscom avait été créée pour vérifier que l'Irak avait fait dans le passé, quels étaient les programmes d'armement prohibés, d'armes de destruction massive, élaborés avant la guerre du Golfe et qui auraient pu être poursuivis par la suite. L'Unscom, jusqu'à il y a un an ou deux, était très efficace. Par ses contrôles elle a fait détruire plus d'armes que ne l'avait fait la guerre du Golfe elle-même. Ça c'était tourné vers le passé. Nous nous disons aujourd'hui : après sept ans de travail de l'Unscom, après les bombardements anglo-américains – qui ont été faits pour atteindre des objectifs précis –, il y a une situation nouvelle. Donc, maintenant, il faut se préoccuper que l'Irak ne redevienne pas un danger à l'avenir. Ça n'est pas tout à fait la même chose. Donc, il faut mettre en place un dispositif d'alerte, de détection, de surveillance ».

O. Mazerolle :
Fait par qui et comment ?

H. Védrine :
« Par ce qui pourrait être une Unscom modifiée, une nouvelle Unscom ».

O. Mazerolle :
Pas avec M. Butler ?

H. Védrine :
« Il ne faut pas prendre les choses par le biais des personnes, c'est la fonction qui change. Ce doit être un système de détection, pour l'avenir, de ce qui pourrait être dangereux. Parce qu'il ne faudrait pas que ce pays, du fait de ses dirigeants, redevienne dangereux pour ses voisins. Ce n'est pas la même chose que d'aller investiguer dans le passé de l'Irak pour savoir ce qui a été fait il y a six mois, il y a un an, il y a dix ans. Cela suppose donc un changement d'organisation, un changement de fonction. Ce n'est pas tout à fait la même Unscom, même si cela gardait le même nom. Ce contrôle devrait porter sur les programmes d'armement nouveaux, éventuels – bien que l'on ne sait pas trop quels sont encore les moyens de l'Irak, certainement de moins en moins à chaque fois –, et devrait porter d'autre part sur l'utilisation des revenus financiers de ce pays, notamment à travers la vente de son pétrole pour que ses revenus ne soient pas détournés à d'autres fins que le développement du pays ».

O. Mazerolle :
Ce serait l'Onu qui contrôlerait l'usage des revenus financiers ?

H. Védrine :
« Pas l'Onu en tant que telle, il faut un organisme spécialisé qui reste à bâtir ».

O. Mazerolle :
On a le sentiment que le but poursuivi par la France est la levée de l'embargo. C'est un objectif qu'il est possible d'atteindre ?

H. Védrine :
« Le but principal est de faire en sorte que l'Irak ne puisse pas redevenir un pays dangereux pour la région ou pour le monde, et d'avoir un dispositif de contrôle suffisamment cohérent, précis et durable, pour qu'on puisse lever l'embargo. C'est plutôt dans ce sens-là qu'il faut voir les choses. Si on arrive à un système où l'Irak peut ne pas redevenir un danger, il n'y a plus aucune espèce de raison de maintenir l'embargo, qui a eu des conséquences épouvantables pour la population irakienne, et qui en plus et constamment détourné, parce que toutes les prohibitions génèrent leurs trafics. »

O. Mazerolle :
Vous avez le sentiment que l'embargo favorise plutôt « la popularité », entre guillemets, de S. Hussein en Irak ?

H. Védrine :
« Il y a un peu de cela. Je ne le dirais pas exactement comme cela. Je dirais que l'embargo aggrave les malheurs de la population, il est détourné par les puissants du régime qui utilisent cette situation pour qu'il y ait des trafics dont ils profitent, eux, et pas la population. En même temps, cela permet au régime de dire : voyez, nous sommes persécutés par l'Onu, les États-Unis. Il y a donc un argument politique, en effet. Et nous pensons que nous devons nous diriger vers une levée de l'embargo. Ce n'est pas la première fois que la France prend cette position au Conseil de sécurité. On l'a dit souvent. Nous le dirons avec plus de force, et pensons-nous, avec plus d'arguments dès lors qu'il y aura un système de contrôle durable, satisfaisant, dont il faut que nous parlions avec nos partenaires américains, britanniques et autres au Conseil de sécurité ».

O. Mazerolle :
Mais B. Clinton et T. Blair parlent plutôt du maintien des sanctions. Ils veulent chasser S. Hussein du pouvoir. T. Blair dit : en attendant, on va le maintenir enfermé dans sa cage.

H. Védrine :
« Nous pensons que les frappes ont créé une situation nouvelle. C'est difficile de parler, après ces sept années de contrôle et les frappes, comme si l'Irak présentait le même type de menace qu'il y a sept ou huit ans ! Il y a quelque chose qui ne colle pas dans la présentation. Il n'y a pas de divergences insurmontables entre les différentes positions. Il y a des idées françaises. Comme je le disais, on ne peut pas parler de plan parce que ce n'est pas formalisé, parce que nous souhaitons discuter. C'est ouvert à l'enrichissement à partir des idées des autres membres du Conseil de sécurité et des Européens. Notre approche n'est pas la même. Nous avons plus confiance dans la possibilité de mettre en place un vrai contrôle continu ».

O. Mazerolle :
Ces idées seront présentées un jour au Conseil de surveillance pour une résolution ?

H. Védrine :
« Ce sont des idées sur lesquelles on a beaucoup travaillé, mais après les frappes, c'est encore plus d'actualité. Ce sont des idées dont le Président de la République a donné les lignes directrices, et dont nous parlons à son niveau, au niveau du Gouvernement, avec tous nos partenaires. Nous voulons convaincre, nous ne voulons pas seulement afficher des points de vue, et simplement être satisfaits par une présentation à la française. Nous voudrions convaincre la communauté internationale qu'il y a, là, un meilleur système pour continuer, et pour régler cette question d'un Moyen-Orient pacifique. C'est l'objectif ».

O. Mazerolle :
L'attitude de la Grande-Bretagne dans cette crise a rangé les projets de la politique étrangère et de défense européennes au rayon des accessoires ?

H. Védrine :
« Je ne dirais pas ça. Évidemment, ça ne favorise pas les choses, mais je ne crois pas, ni que ça les tue dans l'œuf, ni que ça les empêche. Nous savons très bien, quand nous travaillons entre Européens à une politique étrangère et de sécurité communes, quand nous parlons d'identité, de défense et de sécurité que nous sommes, avec les Britanniques, différents sur certains points, surtout dans les périodes de crises aiguës, et que les réflexes viscéraux de chaque pays ne sont pas tout à fait les mêmes. Mais, nous voulons tous un Moyen-Orient pacifique, nous voulons tous un Irak qui reprenne sa place dans la région – dès que possible – et qui ne soit une menace pour personne. Il n'y a pas de désaccord sur cet objectif. Il va y avoir des désaccords sur les moyens, sur certaines tactiques à certains moments. Et il y a des tas d'autres désaccords avec des tas d'autres Européens, mais si l'Europe était unie, on ne parlerait pas de faire de la politique étrangère commune. Si on en parle, c'est parce que l'on sait qu'elle est à bâtir. Et il ne faut jamais se décourager sur ce point ».


RÉPONSE A UNE QUESTION D'ACTUALITÉ À L'ASSEMBLÉE NATIONALE SUR L'IRAK (Paris, 22 décembre 1998).


Monsieur le Député,

Vous avez demandé quelles initiatives la France comptait prendre. Vous l'avez déjà entendu, le Premier ministre en a parlé il y a quelques minutes, tout est organisé autour de la notion de restauration de l'autorité du Conseil de sécurité. Ces mots veulent dire dans ce cas précis que le Conseil est trop souvent bafoué ou contourné.

C'est pour cela que toutes les propositions mises en avant par la France pour préparer la sortie de la crise en attendant la solution de la tragédie, sont organisés autour de décisions que le Conseil doit prendre. Il doit prendre ses responsabilités pour adapter le système de contrôle à une action de long terme, comme cela a été dit tout à l'heure par le Premier ministre, pour s'acheminer vers les conditions qui permettront de reprendre les questions de la levée de l'embargo sur une base différente puisque nous aurons réglé la question de la sécurité régionale. C'est en agissant au sein de cet organisme que nous reprenons l'initiative en cohérence avec ce qui a toujours été fait. Nous avons toujours veillé à la stricte application des résolutions mais aussi à ce qu'elle ne serve pas de prétextes.

Nous sommes donc dans la continuité d'initiatives qui n'ont pas attendu ce moment difficile pour être mises en avant et nous continueront cette action.


IRAQ - RÉPONSE A UNE SECONDE QUESTION D'ACTUALITÉ À L'ASSEMBLÉE NATIONALE (Paris, 22 décembre 1998).

Monsieur le Député,

Vous avez exprimé avec conviction, les sentiments du groupe socialiste. Soyez sûr que le Premier ministre et le gouvernement y sont très sensibles.

D'autre part vous avez parlé de contribuer utilement à la solution de ce problème et à la sortie de la crise, je crois que tout est là. Comment contribuer utilement : en permettant au Conseil de sécurité, à travers notre action, de retrouver son rôle, celui qui n'aurait jamais dû cesser être le sien et en faisant le lieu où se décidera un système qui pour l'avenir sera satisfaisant sur tous les plans.

Le premier objectif à atteindre, c'est de faire en sorte que l'Iraq, ne puisse pas redevenir un danger pour ses voisins et pour la région. C'est pour cela que nous l'avons mis en avant, étant donné que tous les pays de la région le demandent instamment à tous les membres du Conseil de sécurité. Sur ce point particulier, il n'y a pas de désaccord au sein du Conseil de sécurité dans la vision à long terme. C'est pour cela que nous proposons un système de contrôle continu portant sur différents aspects, militaires et financiers, pour que l'on puisse traiter ce problème préalable. C'est la bonne réponse à cette question qui permettra de poser la question de la levée de l'embargo sous un jour nouveau.

Voilà ce qui s'appelle travailler utilement. C'est ce que fait en ce moment la France en liaison avec ses partenaires du Conseil de sécurité : rétablir une position commune, en liaison avec nos partenaires européens. Nous serons toujours à la tâche, inlassablement, même si des crises viennent en travers de notre démarche de fond dans laquelle nous ne serons jamais découragés en ce qui concerne l'expression européenne. Il faut surmonter ce problème actuel et garder notre objectif.


LE MONDE du 23 décembre 1998

Le Monde :
La France est-elle favorable à un abandon du contrôle des capacités de production par l'Irak d'armes chimiques et bactériologiques, puisque ses représentants ont affirmé à maintes reprises qu'un tel contrôle est impossible ?

H. Védrine :
La question que pose la France, c'est : quelle est la meilleure façon d'atteindre notre objectif ? Comment faire pour que dans un Moyen-Orient pacifié, l'Irak puisse cohabiter avec ses voisins en ne redevenant pas un danger. Après la guerre du Golfe, il fallait commencer par retrouver ce qui pouvait avoir survécu des armements de destruction massive élaborés par l'Irak avant le conflit. Leur existence était prouvée, même si on ne savait pas jusqu'à quel point ces programmes avaient été poussés si ces armements n'avaient pas servi pendant la guerre. C'était le rôle de l'Unscom, qui a bien travaillé, notamment pendant les cinq premières années – elle a détruit plus d'armes par ses contrôles qu'il n'en avait été détruit pendant le conflit. Nous disons aujourd'hui qu'après sept années de contrôles par l'Unscom, en dépit des entraves mises par les Irakiens, et après les bombardements anglo-américains, il est raisonnable de penser que l'Irak n'a plus le même potentiel qu'en 1990, ou qu'il y a quinze jours. Il serait surprenant qu'on puisse considérer l'Irak comme plus ou aussi dangereux après les frappes qu'avant ! Le système de l'Unscom, à supposer qu'il soit encore accepté, ne permettra pas de faire mieux : les Américains disent vouloir le conserver tout en laissant entendre qu'ils peuvent s'en passer, et les Irakiens n'en veulent plus. Le temps est donc venu pour le Conseil de sécurité, dans cette situation nouvelle, de prendre ses responsabilités et d'adopter un nouveau dispositif. Lequel ? Un système non plus d'investigation sur le passé mais de précautions sur l'avenir. Un contrôle continu consisterait d'abord à surveiller toute relance par l'Irak de la fabrication d'armements prohibés. Il veillerait également à enrayer la dégradation continue de la situation humanitaire en Irak. Il permettrait de reposer la question de la levée de l'embargo sur des bases nouvelles.

Le Monde :
Les États-Unis sont-ils prêts à revenir sur leurs positions au Conseil de sécurité ?

H. Védrine :
On ne peut rien exclure, mais cela dépend de leurs objectifs. Depuis des mois nous leur disions qu'une frappe ne réglerait pas le problème tel qu'il nous semblait posé. Leurs objectifs ont varié. On ne contrôle pas mieux des stocks chimiques cachés en les bombardant et en disant en même temps qu'on ne bombarde pas car ce serait trop dangereux. Cherchent-ils la chute de Saddam Hussein ? Mais alors les frappes ne constituent pas non plus, on le constate, un moyen adéquat. Ce que l'on voit, c'est qu'ils ne veulent pas relâcher la pression. Nous ne sommes pas moins vigilants qu'eux, mais d'une autre façon, qui respecte et même restaure l'autorité et le rôle du Conseil de sécurité et les règles souhaitables de la vie internationale et qui, au moins, dégage des perspectives d'avenir. Je suis persuadé qu'il y a matière à parler.

Le Monde :
Mais comment échapper au carcan des résolutions des Nations unies qui prévoient et organisent les sanctions ?

H. Védrine :
Ce ne sont pas les résolutions qui constituent un carcan, mais le fait qu'il faille l'unanimité du Conseil de sécurité pour les modifier et que certains membres du Conseil de sécurité se défaussent de l'Unscom qui, par définition, ne peut pas conclure. Il faut donc convaincre ceux qui ne veulent pas bouger qu'on est dans une voie sans issue.

Le Monde :
La tâche que se donne la France est donc immense. Il s'agit de convaincre les États-Unis de changer de position à un moment où Bill Clinton est dans une position politique très précaire et où tout recul de sa part pourrait lui être fatal.

H. Védrine :
Peut-être, mais nous avons des arguments à faire valoir. A commencer par celui-ci : faire, après les frappes, comme si rien n'avait changé, ce serait reconnaître qu'elles n'ont servi à rien et qu'elles ont décidées pour des raisons non liées à l'Irak. Ce serait fâcheux. Les États-Unis peuvent au contraire considérer que les frappes ont porté un coup supplémentaire et décisif à la menace dont ils disaient qu'elle existait. Ils ne peuvent pas d'autre part être insensibles à leur image dans l'ensemble du monde arabo-islamique, surtout après l'important discours prononcé par Clinton à Gaza. Qu'est-ce qui doit intéresser en premier lieu les États-Unis ? Que l'Irak ne redevienne pas un danger. Notre objectif commun est bien la mise en place d'un vrai contrôle continu sur l'armement et les revenus pétroliers, qui réunirait les conditions de sécurité permettant, après une brève période de mise en place, de lever l'embargo pétrolier. Voilà les idées françaises à partir desquelles nous parlons avec nos partenaires.

Le Monde :
Êtes-vous favorable à la levée totale de l'embargo ?

H. Védrine :
Je ne parle que de réunir les conditions qui permettraient la levée de l'embargo sur le pétrole. Les limitations concernant l'armement de l'Irak et prévues par les résolutions de l'ONU resteraient en vigueur. D'ailleurs, l'embargo pétrolier est très atténué par les résolutions « pétrole contre nourriture ». Comme toute prohibition, il génère des trafics.

Le Monde :
Vos propositions n'ont pas soulevé un grand enthousiasme à Bagdad.

H. Védrine :
En effet, les Irakiens, voudraient être libérés de tout contrôle, mais un contrôle continu est indispensable en raison du passé et de l'inquiétude des voisins.