Interview de M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, dans "Midi libre" le 15 décembre 1998, sur les violences urbaines, la sécurité et la nécessité d'une police de proximité.

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Circonstance : Mort d'un adolescent au cours d'une intervention de police à Toulouse le 13 décembre 1998

Média : Le Midi Libre - Midi libre

Texte intégral

Q - Quelles réactions vous inspirent le regain de violences urbaines, notamment les événements survenus à Toulouse ?

Claude Bartolone. - La mort d'un jeune au cours d'une intervention de police dans des circonstances encore non élucidées constitue un nouveau drame qui nous concerne tous.

Je souhaite réaffirmer, avant même les résultats de l'enquête, que les lois de la République s'imposent à tous et qu'il n'est pas supportable qu'un adolescent soit tué pour un vol de voiture.

Q - Quelle politique de sécurité peut-on appliquer pour éviter ce genre de drame ?

C. B. - Ce drame intervient dans un climat d'affrontements que nous devons résolument combattre. Une politique de sécurité qui consiste simplement à mettre le couvercle sur la marmite à chaque fois que des incidents surviennent crée plus de problèmes qu'elle n'en résout. Finalement, elle aggrave les tensions et rend plus difficile le travail des polices.

Je souhaite poursuivre dans le sens d'une police de proximité, pour répondre mieux à la demande des habitants, pour maintenir le dialogue entre la population et les institutions, notamment entre les jeunes et la police.

Celle-ci doit agir comme élément de médiation sociale et pas de répression.
Il faut absolument qu'on puisse affecter les effectifs de la police là où il y en a le plus besoin, avec une formation permettant aux policiers d'exercer leurs missions dans des conditions normales.

Q - Dans quelle mesure la politique de la ville peut agir contre la « ghettoïsation » des quartiers ?

C. B. - Je crois que si nous n'arrivons pas à agir d'une manière collective - État, collectivités locales, associations, serveur privé - pour démontrer qu'avec le retour de la croissance, on peut vivre normalement dans tous les quartiers, nous risquons de connaître une société à double vitesse.
Il faut poursuivre le travail de fond dans nos quartiers, agir au quotidien, dans le domaine de l'éducation, de l'emploi avec les emplois-jeunes, améliorer le fonctionnement des services publics dans ces quartiers.