Texte intégral
LE POINT : L'embrasement des banlieues de Toulouse ne traduit-il pas l'échec de la politique de la ville des gouvernements successifs ?
Claude Bartolone : Sans la politique de la ville, un concept relativement récent puisqu'il a été inventé vers la fin des années 70, la situation serait bien plus difficile. Jusqu'à présent, cette politique a servi d'amortisseur social. Il faut à présent passer à l'étape supérieure du développement social de ces quartiers, qui doivent profiter, eux aussi, des fruits de la croissance. C'est là où les emplois-jeunes peuvent consulter une réponse importante aux problèmes posés à la jeunesse, quels que soient son lieu de résidence et son origine, parfois tentée de déraper dans la violence et les trafics en tous genres.
LE POINT : Pensez-vous que l'urbanisme soit un facteur aggravant de ce malaise persistant ?
Les quartiers touchés à Toulouse n'ont rien d'épouvantable. Il y a de beaux espaces verts, des services publics qui fonctionnent, des écoles de qualité et des enseignants mobilisés. Mais ce sont des quartiers avec un fort taux de chômage et d'allocataires du RMI. Toute une partie de la jeunesse a le sentiment d'être exclue et victime de discrimination.
LE POINT : N'y a-t-il pas le risque que ces jeunes désoeuvrés soient embrigadés dans des mouvements confessionnels ?
Ce risque existe, en effet. C'est pourquoi nous devons dire et répéter quel modèle de société nous voulons leur apporter. Un modèle républicain, cela va sans dire. Si nous n'arrivons pas à leur démontrer qu'ils peuvent s'identifier à nos valeurs républicaines, le risque est grand de voir émerger la société du ghetto et de tomber dans un système communautariste.