Interviews de M. Claude Goasguen, vice-président et porte-parole de Démocratie libérale, dans "Le Parisien" et à Europe 1 le 11 janvier 1999 et à RMC le 25, sur l'élection d'Anne-Marie Comparini en Rhône-Alpes, la stratégie des centristes et la crise de L'Alliance RPR UDF Démocratie libérale, l'éventualité d'une liste UDF à l'élection européenne et l'éclatement du Front national.

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Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC FR3 - Europe 1 - Le Parisien - RMC

Texte intégral

Le Parisien - 11 janvier 1999

Question
L'élection d'Anne-Marie Comparini n'est-elle, selon la formule du RPR Nicolas Sarkozy, qu'un simple « accident » ?

Claude Goasguen
Non. C'est bel et bien une crise grave de l'Alliance qui vient de s'ouvrir. Je ne fais de procès d'intention à personne. Mais les électeurs ont le droit de se poser des questions sur l'attitude des centristes.

Question
Une partie de l'UDF souhaite-t-elle devenir un parti charnière entre la droite et le PS ?

Claude Goasguen
Il est temps que les centristes s'expliquent sur le fond. D'abord, il y a leur volonté de faire une liste séparée aux européennes. Ensuite, on voit que, en Rhône-Alpes, ils n'hésitent pas à mélanger leurs voix avec celles du PS. Tout cela n'est pas conforme à notre vision de l'alternance. La droite s'oppose à la gauche. Nourrir les doutes sur ce point, c'est choisir de facto une autre stratégie.

Question
Vous voulez, vous, élire Pierre Gascon avec les voix du FN…

Claude Goasguen
Pas du tout. Le FN a essayé de vendre ses voix, mais il s'est heurté à un refus ferme de la part de M. Gascon. Nous pouvions, mathématiquement, gagner sans compromission, avec les seules 60 voix de droite, plus celle du doyen d'âge. Mais l'« UDF canal historique » de François Bayrou s'est obstinée dans une autre voie. Mme Comparini s'est autoproclamée candidate de l'Alliance. On a voulu nous forcer la main.
 

Europe 1 - 11 janvier 1999

J.-P. Elkabbach
La droite est ridiculisée en Rhône-Alpes. Ce matin, l'Alliance est-elle déjà morte ou dans le coma ?

Claude Goasguen
"Je ne le souhaite pas. Je ne souhaite pas que l'Alliance meure, car les Français de droite et d'opposition souhaitent que l'opposition redevienne unie, et l'Alliance c'est l'endroit où on se dit tout – on aurait dû, d'ailleurs, tout se dire avant. Mais il faudra se dire tout, et un certain de choses doivent être dites par F. Bayrou et par nos amis centristes."

Question
L'alliance n'a ni structure, ni projet, ni stratégie en commun. Est-ce que ce n'est pas un mot vide depuis le début, une supercherie ?

Claude Goasguen
"Nous étions en train de mettre en place une stratégie, mais de toute évidence, certains de nos amis ne l'acceptent pas, et parlent en permanence d'indépendance. Donc, il faut maintenant une explication politique au somment avant de continuer les choses."

Question
F. Bayrou a expliqué hier, que l'UDF en avait assez d'être méprisée, considérée comme une force d'appoint traitée au sifflet. Selon vous, l'UDF a-t-elle trahi ?

Claude Goasguen
"Je ne voudrais pas que l'on en revienne à ce vieux débat qui, depuis 20 ans, oppose l'UDF canal historique et le RPR. Car le débat de demain n'est pas celui-là. C'est pour cela que nous avons fondé Démocratie libérale. C'est pour avoir une alternance fondée sur des idées et non plus sur des querelles d'appareils. Est-ce qu'ils ont trahi ? Non ! Il faut qu'ils expliquent quelle est leur position. Il faut qu'ils nous disent ce qui s'est passé en Rhône-Alpes, et qu'ils nous disent s'ils sont véritablement attachés à faire une alternance vraie : une droite d'opposition qui ne regarde pas de l'autre côté."

Question
Est-ce-que vous les soupçonnez d'avoir déjà choisi une stratégie d'accord avec la majorité plurielle, c'est-à-dire avec toute la gauche dont le PC, le PS et les Verts ?

Claude Goasguen
"J'ai entendu les explications de F. Bayrou, j'ai tendance à le croire. Mais, il va falloir qu'il nous explique comment Mme Comparini est-elle, par une opération du Saint-Esprit, devenue la candidate de la gauche ? Je suppose que M. Queyranne ne souriait pas pour rien au cours de tous ces débats !"

Question
Le RPR avait annoncé que la région Rhône-Alpes, appartenant à l'UDF, suivrait l'UDF et qu'elle voterait aux trois tours à partir du choix UDF. Et, au dernier moment, vous n'avez pas voulu Mme Comparini : pourquoi ?

Claude Goasguen
"Je ne suis pas RPR. Démocratie libérale n'avait pas cette position. Dès le départ, nous avons estimé qu'il n'y avait qu'un seul candidat qui pouvait passer. C'était le candidat mathématique –  ça n'était même pas un choix de personne –, il n'y avait que lui qui, mathématiquement, pouvait être le candidat sans compromission, ni avec le Front national, ni avec la gauche. Il était le doyen d'âge. C'était peut-être pas glorieux, on nous le reproche aujourd'hui, souvent dans des termes inconvenants, mais il n'y avait pas d'autres solutions pour 'indépendance."

Question
M. Bayrou dit que le doyen d'âge, M. Gascon, c'est C. Millon en pire. Et, est-ce que vous avez entendu les phrases terribles de M. Strauss-Kahn qui a accusé M. Seguin et d'autres dirigeants de la droite républicaine, dont A. Madelin, de s'être vautrés dans la compromission avec le Front national dont vous acceptiez les voix ? Il a ajouté : en 1940, il y a dû y avoir des gens qui ont choisi le Maréchal Pétain au titre de doyen d'âge. Pas mal ça !

Claude Goasguen
'Je suis profondément choqué. D'abord parce que M. Gascon est un déporté, résistant, et que M. Strauss-Kahn ferait bien de regarder les choses avant de parler. D'autre part, je lui rappelle que les socialistes et le Maréchal Pétain n'ont pas eu cette attitude d'antagonisme qu'ils croient avoir dans l'histoire. Enfin, je voudrais dire que je n'ai pas de leçon de morale à recevoir de M. Strauss-Kahn. Dans ce pays, il y en a assez du socialistement-correct. Mme Comparini, c'était la candidate que les socialistes avaient acceptée contre les candidats qu'ils n'acceptaient pas. L'alternance ce n'est pas ça ! L'alternance c'est la possibilité pour un parti de choisir son candidat ; et puis, la gauche choisit le sien. Mais, ces histoires, ce sont des histoires de la IVème République !"

Question
Les électeurs doivent en avoir assez, mais finissons l'explication. Mme Comparini organise, ce matin, son exécutif. Est-ce que vous l'aiderez à gouverner en Rhône-Alpes?

Claude Goasguen
"Mme Comparini a choisi une stratégie. Elle va se débrouiller pour…"

Question
Répondez ! Que va faire Démocratie libérale, le RPR ?

Claude Goasguen
"Ce sont les conseillers régionaux de Démocratie libérale qui décideront."

Question
On a bien vue que cela se décidait à Paris.

Claude Goasguen
"Vous mésestimez les querelles de personnes, et les querelles locales. Il y a beaucoup de querelles locales dans cette affaire. On met tout sur le dos des partis nationaux. C'est facile, ça fait parler, mais ce n'est pas si simple. Donc, Mme Comparini fera son exécutif, elle fera les propositions. Elle n'a pas de majorité, je crois que le Conseil régional de Rhône-Alpes sera très difficile à gouverner. Eh bien, s'il est impossible de le gouverner, il faudra à ce moment-là, donner la parole aux électeurs."

Question
Vous ne l'avez pas dit quand C. Millon, en avril, demandait la dissolution. Maintenant, parce que Mme Comparini est élue avec le soutien de la gauche…

Claude Goasguen
"Il y a une addition de difficultés, et au bout d'un moment, il faut qu'un conseil régional ça fonctionne. Et si ça ne fonctionne pas, ce sont les électeurs qui tranchent."

Question
Que va-t-il se passer maintenant ?

Claude Goasguen
"Il va falloir avoir une explication franche entre partenaires. Ce que nous souhaitons, au-delà de Rhône-Alpes – qui, j'espère, ne restera qu'un moment difficile dans la constitution de l'Alliance –, c'est que nous fassions une alternance franche. Pas de compromission, ni avec le Front national, ni avec la gauche. Les Français, en cette fin de siècle, comme les Allemands, comme les Anglais souhaitent que, quand ils votent, ils votent pour des gens qui donnent un programme différent du voisin. Plus de combinaisons ! Vous savez, tout ce qui s'est passé en Rhône-Alpes avait un furieux parfum de IVème République."

Question
Mais, quand vous dites : "ni compromission avec le Front national, ni connivence avec la gauche", il n'y a pas équivalence. L'un est dénoncé, même par le Président de la République, comme un parti xénophobe, raciste, hostile aux valeurs de la République. L'autre, ce n'est pas le cas ! Comment les confondez-vous ?

Claude Goasguen
"Nous ne pouvons pas accepter que nos adversaires désignent le candidat qu'ils acceptent. Vous ne pouvez pas nous demander de l'accepter !"

Question
Mettez-vous d'accord d'abord !

Claude Goasguen
"À condition qu'on nous en parle ! L'affaire a été conclue dans les alcôves de la région lyonnaise…"

Question
Les alcôves ? Vous voyez M. Barre dans les alcôves ?

Claude Goasguen
"Dans les officines, dans les bureaux."

Question
Pour les élections européennes, F; Bayrou demande des précisions au RPR et à vous, et des engagements particuliers sur la prochaine étape après l'euro : la construction politique de l'Europe. Vous allez le rassurer ?

Claude Goasguen
"Nous sommes tout aussi européens que F. Bayrou, mais nous estimons que la constitution d'une liste unique de l'opposition est une nécessité de politique intérieure."

Question
Pour qui ?

Claude Goasguen
"Pour la création d'une alternance ! Les Français de l'opposition veulent une alternance crédible. C'est leur souhait. Tout le reste n'est que discussions d'états-majors. Nous sommes européens. P. Séguin n'est pas en contradiction avec nos propos, même si nous avons des nuances. Si les centristes veulent faire une liste séparée, qu'ils la fassent ! Mais, il faut savoir que l'Alliance ne se négocie pas à la carte, et que ce n'est pas le système de l'Alliance."

Question
S'il y a une deuxième liste UDF pour les européennes, il n'y a plus d'Alliance ?

Claude Goasguen
"À ce moment là, il faudra que nous révisions nos positions sur les élections. Les centristes se compteront dans les autres scrutins à venir."

Question
Vous ne laissez pas le droit à l'UDF d'exister, d'avoir sa part. On a l'impression que c'est une forme de résurrection pour l'UDF.

Claude Goasguen
"Pas du tout ! C'est un problème de clarification. Le Front national est en train de disparaître de la vie politique – le plus rapidement possible, je le souhaite. Nous avons la possibilité de créer une vraie droite, indépendante, moderne. Pourquoi irions-nous chercher des accords avec M. Queyranne, M. Strauss-Kahn ou tout autre ? Créons cette droite moderne !"

Question
Dans une phase difficile de cohabitation, est-ce vous croyez que vous êtes les meilleurs soldats et les officiers pour la stratégie du général Chirac ?

Claude Goasguen
"Je le crois. Je crois que, malgré les difficultés, nous faisons un travail – difficile – de rénovation de l'opposition, et je crois que nous sommes de bons soldats pour le Président de la République."

Question
Vous croyez que ces turbulences et ces "désalliances" l'aident ?

Claude Goasguen
"Le Président de la République a une vocation de rassemblement, c'est-à-dire de nous dire, le moment venu, comment il envisage la suite des événements. Voyez que j'ai un comportement quasiment militaire !"

Question
J'ai dit "le général Chirac", parce que je sais que vous marchez au pas les uns et les autres…

Claude Goasguen
"Avec des nuances."

Question
En tout cas, vous avez été très sympas pour L. Jospin, pendant tout cette période.

Claude Goasguen
"Non, je crois que L. Jospin aurait tort de s'en féliciter. C'est une crise de croissance, c'est une mue, c'est une clarification, mais ce n'est pas une victoire de M. Jospin, croyez-moi !"

Question
Ce week-end, B. Mégret a donc créé sa propre formation politique : même programme que le Front national mais, a dit B. Mégret, sans extravagance ni outrance. Les conséquences politiques pour les autres formations politiques ?

Claude Goasguen
"Écoutez, moi, j'ai regardé les images caricaturales de la division d'un parti politique – il faut dire que le FN est un peu la mauvaise caricature de la France en ce moment tant la division est grande. Mégret dans son discours avait tellement l'air, vous savez dans cette bande dessinée du vizir qui veut remplacer le calife et encore qu'il ne soit pas tout à fait calife. On ne pouvait qu'à la fois sourire et s'attrister."

Question
À Marignane, les troupes de B. Mégret ont violemment critiqué l'Alliance que vous formez à Démocratie libérale avec l'UDF et le RPR. Ils ont dénoncé votre faiblesse. Est-ce que vous pensez qu'une concurrence peut surgir de ce côté-là et vous prendre des électeurs ?

Claude Goasguen
"Non, sincèrement, je ne le crois pas. Je crois que c'est une affaire personnelle : les idées politiques ont été complètement absentes et quand elles ont été présentes, elles ont montré qu'il y avait vraiment une communauté de pensée entre M. Le Pen et B. Mégret. C'est juste une histoire de personne. Je vous dis que c'est le vizir et le calife. C'est une bande dessinée très populaire en France qui amuse beaucoup les adolescents. Je dois dire qu'elle amuse assez peu les électeurs. L'image de la France, vraiment, est en train de se fondre dans cette division caricaturale. Alors quand on est de bonne humeur, on dit que cela a toujours été l'esprit gaulois et on pense à J. César quand on est un peu agacé, on se dit que c'est une bande dessinée, une caricature. La France va être représentée au Parlement européen par 12 listes ou 13 à un moment où la France doit exister au Parlement européen car l'euro est fait, il s'agit de construire la politique. Voilà les Français repris du vertige – de la gauche à la droite sans exception – de la grande division gauloise !"

Question
Deux Fronts national c'est plus dangereux qu'un ?

Claude Goasguen
"Non, je crois vraiment que c'est le seul endroit où la division semble positive : un certain nombre d'électeurs vont comprendre que tout ce discours fondé sur l'angoisse et la peur trahissait, en réalité, des ambitions personnelles. Et je souhaite que les électeurs, qui ont abandonné – quelquefois avec de bonnes raisons – l'électorat de droite, républicaine, reviennent quand ils le souhaiteront vers nous."

Question
Un mot sur C. Million qui a été battu à la présidence de la région Rhône-Alpes. S'il demandait dans quelque temps sa réintégration politique, s'il voulait rejoindre sa famille politique, vous, ce serait possible, et à quelles conditions ?

Claude Goasguen
"Ce n'est pas à l'ordre du jour. Tout ce que je tiens à dire c'est que C. Millon a été battu en Rhône-Alpes, il s'est retiré. Il avait commis une erreur, il a payé cette erreur durement. Il faut arrêter le procès en sorcellerie."

Question
L'Alliance : c'est un sujet délicat, les élections européennes. Est-ce qu'il est possible – nous sommes lundi – qu'il y ait une liste commune de l'opposition aux élections européennes de juin ?

Claude Goasguen
"Je le souhaite ardemment. Je commence à en douter car je vois les arabesques des uns et des autres. Mais je me pose la question, quand même, que se posent les Français depuis quelques jours, quelques semaines : voilà une partie de l'Alliance, l'UDF – dont je tiens à dire qu'elle n'est que la moitié de l'UDF."

Question
C'est-à-dire ? L'UDF nouvelle vous voulez dire ?

Claude Goasguen
"L'UDF nouvelle ne représente que la moitié de l'ancienne UDF, c'est la petite UDF, c'est-à-dire l'UDF qui a été réduite par la division entre Démocratie libérale et les centristes. Une partie très minoritaire de l'Alliance. Pourquoi ce refus de P. Séguin ? Parce qu'en fait, là, on s'aperçoit que là encore, sans vouloir faire de caricature, il s'agit autant de problèmes personnels, davantage de problèmes personnels que de problèmes d'idées. Ainsi P. Séguin, qui avait voté "non" à Maastricht en 1992 – je crois – était devenu un allié valable en 1994 puisque P. Séguin soutenait la liste d'union que dirigeait D. Baudis. À ce moment là, il n'y avait pas de handicap à ce que P. Séguin soutienne. Et puis, depuis, il est devenu président de l'Alliance – à la demande d'ailleurs de l'UDF nouvelle ou l'ancienne, canal historique comme vous voulez, puisque c'est F. Léotard qui a été chercher P. Séguin. À ce moment là, P. Séguin était un ami tout à fait fréquentable et puis P. Séguin a voté la ratification – va voter la ratification du traité d'Amsterdam. Et voilà que c'est justement lorsqu'il prend des positions européennes que tout un coup, P. Séguin devient infréquentable. Vous comprendrez qu'on se pose quand même des questions sur l'origine de la démarche. Cela ne peut pas être une querelle européenne. C'est à la limite une querelle personnelle."

Question
Mais est-ce que ce n'est pas une querelle de méthode parce qu'hier M. Bayrou a dit : on nous a présenté un oukase. Puisqu'ils sont vos alliés, vous n'avez pas un mot à dire ?

Claude Goasguen
"Si c'est une querelle de méthode, mettons-nous autour d'une table et parlons-en. Et puis faisons voter les parlementaires – A. Madelin l'a proposé – que les députés se réunissent et choisissent."

Question
Est-ce que cela ne va pas au-delà des parlementaires ?

Claude Goasguen
"Eh bien que les adhérents des trois partis composants l'Alliance se réunissent et votent. Vous comprenez qu'on ne peut pas accepter qu'un parti politique composant l'Alliance prenne sa décision tout seul dans le dos des autres sur une question aussi cruciale. Si vraiment on veut un vote et une consultation démocratique dont on parle tant, eh bien consultons l'ensemble des adhérents, ceux du RPR, de Démocratie libérale et ceux de l'UDF."

Question
Vous proposez un vote des adhérents des trois formations de l'Alliance ?

Claude Goasguen
"Des parlementaires, des adhérents. Un vote en toute hypothèse pour arriver si nous le pouvons. En réalité, j'ai le sentiment que les choses sont déjà faites et que nous nous préparons à une dissidence centriste vers les listes européennes. Nous essayerons cette semaine et les jours qui suivent s'il le faut d'aller vers l'union par le vote démocratique, par la décision des parlementaires. Je crois que les Français souhaitent l'union. Je disais tout à l'heure : quelle image de la France ? Quelle image de la droite ? Car que la gauche soit divisée, j'aurais tendance à dire que sous les côtés gauche plurielle, la gauche est profondément divisée, même si cela fait vraiment plaisir à des médias et à des intellectuels de dire que c'est formidable que la gauche soit divisée et qu'elle arrive à tenir, elles est profondément divisée. Quelle image de la France ? Quelle image au Parlement européen alors qu'il faut rassembler. Moi, je vous dis : il faut que la droite républicaine soit rassemblée sur une liste pour que la France existe. La France entière mais la France de droite aussi. L'Europe va être dominée par les socialistes et les sociaux-démocrates. Je crois qu'il est très important que, comme on dit, le peuple de droite républicaine en France existe. Le choix européen, c'est un choix en réalité entre la sociale-démocratie et le libéralisme. C'est une forte entité qui doit exister. Pas des dissidents."

Question
Est-ce qu'il n'y a pas un scrupule légitime quand on est combattant de l'Europe depuis des années et des années à accepter d'appartenir à une liste tirée par M. Séguin qui s'est illustré dans un combat anti-européen ? Est-ce qu'il n'y a pas une difficulté concevable ? Ou est-ce que vous pensez vraiment que dans cette affaire-là l'UDF de F. Bayrou joue un combat politique intérieur ?

Claude Goasguen
"Mais je pense, en réalité, que le traité de Maastricht a été un élément déterminant. Je trouve que P. Séguin est désormais dans la norme européenne, il est un constructeur de l'Europe au même titre que les autres. La période de création de l'Europe est terminée, c'est maintenant l'organisation qui compte. Discutons-en ensemble. Je crois qu'en réalité dans tout cela, il y a peut-être des arrière-pensées d'existence personnelle mais aussi de politique intérieure. Il n'échappera à personne que ce qui s'est passé, il y a quelques semaines, en Rhône-Alpes, que ce qui se passe très régulièrement dans les contacts que certains de nos amis de l'Alliance ont avec des responsables socialistes tout à fait éminents – J. Delors à Epernay qui rencontre F. Bayrou, qui rencontre Bourlanges, qui rencontre ceux qui vont tirer la future liste – tout cela pose des questions. Est-ce qu'il n'y a pas derrière le paravent européen, en réalité, un redéploiement de politique intérieure ? C'est ce qu'il faudra savoir par la discussion?"

Question
Vous connaissez F. Bayrou depuis longtemps. Vous avez travaillé avec lui de nombreuses années.

Claude Goasguen
"L'homme n'est pas en cause."

Question
Vous prévoyez quel score, s'il y a une liste UDF à côté…

Claude Goasguen
" Je ne prévois aucun score. Je souhaite qu'il n'y ait pas de dissidence. Mais il faudra appeler un chat un chat."

Question
Vous appelez cela une dissidence ?

Claude Goasguen
"Oui, je dis que si nos amis de l'UDF maintenue veulent faire une liste, eh bien, à ce moment-là ils seront en dissidence par rapport à la droite républicaine et il faudra qu'ils s'assument et qu'ils ne trompent pas les Français sur la réalité de l'engagement."

Question
Ce sont des adversaires de campagne ?

Claude Goasguen
"Écoutez, je souhaite que non. Je souhaite que et les adhérents des trois partis et les députés ramènent tout cela dans l'ordre. Mais je dois dire que quelquefois c'est mal parti."

Question
Quand vous voyez la bagarre J.-P. Chevènement - D. Cohn-Bendit ?

Claude Goasguen
"Je trouve d'abord que cette bagarre est, là encore, caricaturale mais je trouve que le ministre de l'Intérieur a eu des phrases de bon sens et je trouve que Mme Guigou, hier, a eu des phrases qui me montrent que le Gouvernement ne prend pas à bras le corps l'augmentation de la criminalité et de la délinquance. Parce que entendre le Garde des Sceaux dire qu'il faut évaluer, 20 ans après, les incidents qui ont commencé alors qu'on voit qu'on a une démarche qualitativement différente, la Garde des Sceaux évalue ! Mais enfin est-ce qu'on prend vraiment en considération qu'il y a des zones entières de notre territoire où désormais un certain nombre de "sauvageons", comme dit le ministre de l'Intérieur, ont le sentiment d'impunité. Non, je crois qu'il faut véritablement que le Gouvernement prenne à bras le corps la réalité."