Interview de M. Xavier Emmanuelli, secrétaire d'État à l'action humanitaire d'urgence, dans "Le Parisien" du 3 avril 1996, sur l'exclusion et la pauvreté en milieu scolaire et la nécessité d'instaurer la gratuité des cantines scolaires pour les élèves des familles en difficulté.

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Média : Le Parisien

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Le Parisien : Ce rapport sur les cantines scolaires montre clairement qu'il y a des enfants mal nourris en France. Comment réagissez-vous ?

Xavier Emmanuelli, secrétaire d'État à l'action humanitaire d'urgence. : Le fait des enfants aient faim en France est extrêmement choquant. Au plan humain, c'est insupportable. Au plan social, la faim entraîne chez les enfants des troubles qui hypothèquent leur avenir. Si les familles sont en détresse, il faut pouvoir les aider. C'est pourquoi je vais proposer la gratuité de la cantine pour les familles en difficulté.

Le Parisien : En France, les aides aux familles pour la cantine proviennent selon le niveau scolaire du département, de la mairie ou de la région, comment comptez-vous légiférer dans ces conditions ?

Xavier Emmanuelli : Vous en saurez plus dans quelques semaines mais ce que je peux vous dire, c'est qu'il faut aller vers une simplification de l'aide aux familles. Sans revenir sur la décentralisation, lorsque l'on parle de malnutrition, on parle de santé publique, et je pense que l'État a ici un rôle à jouer pour que nous accordions nos violons.

Le Parisien : Quels critères retiendrez-vous pour accorder la gratuité ?

Xavier Emmanuelli : Il ne faut pas de procédures automatiques. Car la pauvreté est toujours un cas individuel. Il faut donc renforcer le nombre et le rôle de la médecine scolaire, médecins, infirmières et psychologues pour un meilleur signalement des familles.