Texte intégral
« Monsieur le président de l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le Président.
Le ministre de l’Économie et des Finances, expert en ces matières et dont c’est le champ de compétences, me pardonnera de m’aventurer sur ses brisées et de répondre directement à la question posée par le président Giscard d’Estaing. Mais il a pensé, comme moi, que ce serait sans doute un geste de courtoisie que je le fasse moi-même, même si je m’aventure dans des terres austères, desquelles il faudra quand même essayer de faire surgir des fruits suffisamment simples.
Ce qui est sûr, c’est que la parité entre les monnaies des Onze a d’ores et déjà été fixée, mais qu’en même temps, le cours de l’euro en francs sera, comme vous l’avez indiqué Monsieur le président, seulement connu précisément le 31 décembre 1998, on dit, aujourd’hui, en début d’après-midi. Cela parce que l’écu, aujourd’hui, comporte des monnaies qui flottent et qui introduisent donc une variable et une incertitude qui ne pourra être levée qu’au moment de la décision de passage à l’euro.
Aujourd’hui, le cours de l’euro contre francs est proche de 6,60 F et il est vrai que le cours officiel de l’euro sera connu le 31 décembre, et affiché avec 5 décimales. Je précise devant l’Assemblée nationale que cette décision est le résultat d’un règlement qui a été adopté le 17 juin 1997 après 6 mois de négociations difficiles et complexes, je dirai simplement devant vous que nous l’avons quasiment trouvé en arrivant.
J’aurai préféré, comme le président Giscard d’Estaing que le choix puisse être totalement simple. Mais comment pouvait-il l’être, à partir du moment où chaque pays devait établir une parité idéalement simple, mais techniquement impossible à fixer simplement, avec justement cet euro ?
Ce cours de conversion, je le précise d’ailleurs, n’est pas fait pour être retenu, mais je dirai même paradoxalement, il est fait pour être oublié. Dans l’intervalle et dans le cours qui produira cet oubli, ce qui compte, ce n’est pas de comparer les anciens prix en francs aux nouveaux prix en euros, mais de comparer les dépenses et les prix en euros aux revenus et aux salaires en euros, parce que finalement, il s’agit de pouvoir mesurer son pouvoir d’achat en comparant ses recettes et ses dépenses.
Le double affichage des prix, des salaires, des factures sera effectué massivement entre 1999 et 2002, il ne comprendra que deux chiffres après la virgule, car il n’y aura aucune unité monétaire inférieure au centime d’euro. Mais il y aura effectivement ? et c’est ce qui préoccupe le président Giscard d’Estaing ? ce chiffre précis avec cinq décimales qui sera notamment, j’y insiste, utilisé pour les opérations financières et les comparaisons et les transferts de grosses sommes. Il est en effet indispensable qu’il y ait ces cinq décimales, lorsqu’on porte sur des chiffres considérables, afin que nulle personne, opérateur, financier, entreprise, ménage, n’y perde ou n’y gagne.
Le Gouvernement s’attache, par ailleurs, à réduire les difficultés pratiques en étroite concertation avec les associations de consommateurs : par la distribution en cours d’un guide d’information pratique à 33 millions d’exemplaires : en offrant aux populations qui peuvent avoir des difficultés, plus que d’autres, avec ces problèmes, des calculettes qui comprendront en mémoire, j’y insiste, parce que ce sont des choses concrètes et utiles, le cours précis de conversion, sans qu’il soit besoin de le taper à chaque fois : enfin en mettant en place des observatoires départementaux de l’euro auxquels pourront être transmises les difficultés de chacun.
Il faut donc choisi entre la simplicité nécessaire et l’équité indispensable. Cela implique qu’il y ait deux modes de référence et de calcul : l’un pour l’ensemble des consommateurs dans les transactions courantes, l’autre pour les grands opérateurs économiques et financiers, pour que personne n’y perde, ni les ménages, ni ces institutions économiques.
Nous nous sommes inscrits, Mesdames et Messieurs, dans la logique que vous nous aviez préparée, mais je ne doute pas que le simple, efficace, équitable et néanmoins sophistiqué ministre des Finances du Gouvernement, ne fasse son profit de l’interpellation, comme toujours pertinente, du président Giscard d’Estaing. »