Texte intégral
Le gouvernement reflète, par sa composition, notre stratégie de rassemblement. Je veux en faire un lieu de débats et d’élaboration de la politique gouvernementale, et pas seulement le lieu formel de prise de décisions. J’ai demandé aux ministres de savoir se rencontrer pour travailler ensemble, du moment que je suis informé et que la collectivité du gouvernement peut trancher.
L’orientation gouvernementale s’inspire du programme développé lors de la campagne. Sur la question européenne, j’ai essayé, dès Malmö, de traduire les exigences des français. J’ai souhaité ouvrir un premier dialogue avec les syndicats et les organisations professionnelles. Enfin, je me suis efforcé de marquer une nouvelle attitude face au problème de l’immigration. Je veux aussi une stratégie gouvernementale qui soit conduite pour une action durable à partir d’un calendrier, d’un rythme de réformes compatible avec les réalités économiques et sociales, mais aussi avec le calendrier parlementaire, l’objectif étant la réussite.
Vous le savez, je ne prends pas à mon compte la théorie selon laquelle les socialistes et la gauche, parce qu’ils se trouveraient à nouveau au pouvoir, n’auraient pas droit à l’erreur. Nous avons été sanctionnés par le peuple, ils ont été sanctionné par le peuple, nous pouvons l’être encore, nous commettrons des erreurs, il faut en commettre le moins possible, il faut réussir. Mais il est absurde de dire qu’après la gauche et la droite, s’il y avait un insuccès relatif, serait venu le temps de l’extrême droite en France.
Avec cette victoire, s’ouvre une nouvelle phase dans la vie de notre parti.
Trois solutions
Qu’est-ce que le parti peut attendre de moi et du gouvernement ?
D’abord, vous pouvez attendre de moi la même attitude personnelle de relations simples et fraternelles. Vous pouvez attendre un travail étroit avec les responsables et, en premier lieu, avec le Premier secrétaire délégué que nous proposons à la décision de ce conseil national.
En 1988, on m’avait dit que j’aurais peut-être dû songer à mieux préparer les conditions dans lesquelles la succession se ferait. Neuf ans plus tard, j’ai voulu en tirer la leçon.
Il y avait, pour moi, trois solutions et nous les avons examinées collectivement au Bureau national.
Rester totalement, c’est-à-dire rester le Premier secrétaire du PS et assumer en même temps la fonction de Premier ministre ; Cette solution ne me tentait pas personnellement, mais pouvait nous tenter politiquement. Cela pouvait servir à introduire une logique parlementaire et démocratique à l’intérieur des institutions. En réalité, nous ne sommes pas dans des institutions totalement parlementaires, cela se serait heurté à la question du cumul des mandats, la lourdeur de deux tâches était impraticable. C’est donc une hypothèse que j’ai écartée tout comme les camarades du Bureau national.
L’autre solution consistait à partir totalement j’y était prêt , à renoncer à mon mandat de Premier secrétaire et à désigner dès maintenant un nouveau Premier secrétaire. Nous ne voulions pas que cette décision soit prise par un Bureau, un Conseil national, en démenti des nouvelles règles que nous nous sommes donnés : l’élection du Premier secrétaire par le suffrage universel des militants. En même temps, nous hésitions à organiser une élection au suffrage universel qui n’aurait porté que sur une personne. Nous n’avons pas choisi cette voie.
Nous avons donc décidé, à la quasi-unanimité moins quelques abstentions, que François Hollande soit le Premier secrétaire délégué. Il a les capacités politiques et humaines, la volonté de rassembler, le talent pour assumer cette responsabilité. Vous allez décider et le vote des militants donnera une figure définitive à ce que nous esquissons aujourd’hui.
Vous pouvez attendre de nous, du gouvernement et de moi-même, une attention aux responsables et aux élus sur le terrain ; un travail étroit avec les groupes parlementaires du Sénat, sous la présidence de Claude Estier, et de l’Assemblée nationale, sous la responsabilité de Jean-Marc Ayrault ; un contact étroit avec Laurent Fabius que la majorité nouvelle a porté à la présidence de l’Assemblé nationale.
À cet égard, j’ai dit aux ministres qu’ils prennent très vite contact, dans leur champ de compétences, avec le président du groupe, des commissions parlementaires, de façon à ce que le travail puisse s’engager immédiatement, et que ce soit ensemble que nous puissions agir. Je souhaite que vous engagiez le dialogue dès maintenant. Daniel Vaillant, en tant que ministre chargé des Relations avec le Parlement, a un rôle décisif à jouer.
J’avais souhaité que les membres du Bureau national devenus ministres continuent à y participer. Moi-même, j’ai vocation à le faire. Ma seule contrainte sera une contrainte de temps. Naturellement, j’organiserai, sous des formes dont il faut débattre, avec François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Claude Estier et quelques autres camarades, des contacts réguliers. Enfin, nous devons avoir une action conforme à nos orientations, une explication constante de notre action, une écoute permanente à travers vous des aspirations du pays.
Je voudrais terminer en disant quelques mots de ce que nous pouvons attendre, au gouvernement, du parti et de la nouvelle équipe de direction. Nous avons un impératif de solidarité vis-à-vis de notre peuple, notamment ceux qui sont dans les situations les plus difficiles, mais aussi de solidarité avec nos partenaires politiques, et entre nous. La solidarité avec nos partenaires politiques, et entre nous. La solidarité n’est pas l’unanimité. Je souhaite que le parti demeure un parti de débat, autour des vrais enjeux de la période. Comme je le ferai avec l’équipe gouvernementale, je souhaite que des discussions constructives contribuent à définir notre politique, à l’améliorer, et contribuent aussi à une rénovation de la vie politique française. Nous qui avons vécu dans le déchirement, nous qui savons le poids que cela a pu peser dans un certain nombre d’échecs, nous avons pu aussi mesurer à quel point la volonté et la capacité de rassemblement pouvaient avoir une incroyable efficacité.
Esprit de débat et rassemblement, ce sont les deux termes autour desquels je souhaite que le parti continue à mener sa vie. Quel que soit le poste que j’occupe, sa vie est aussi la mienne, je la partage.