Texte intégral
La Commission de Bruxelles protège plus volontiers les oiseaux que les emplois. La boulimique administration européenne, sans doute pour se venger du vote des députés français sur la chasse à la palombe, vient de signer l'arrêt de mort des chantiers navals du Havre, c'est-à-dire de sacrifier 2000 emplois directs, un savoir faire reconnu et de l'avenir de toute une ville.
Le responsable de cet oukase est la toute puissante direction de la concurrence, qui répond au doux nom de DG IV.
Au nom de quoi cet arrêt est-il rendu ? Au nom d'une concurrence élevée au rang d'une idéologie, c'est-à-dire du refus de toute intervention publique dans notre économie. C'est au nom de ce même dogme que le Crédit Lyonnais, dont le passif sera réglé par les contribuables français, va devoir être privatisé dans des conditions scandaleuses.
Ces décisions de Bruxelles, servent-elles une politique industrielle ou une restructuration bancaire à l'échelle européenne ? Absolument pas. Il s'agit juste de broyer les politiques nationales comme dans une concasseuse.
Alors, il serait peut-être temps que le Gouvernement fasse savoir s'il entend ou non passer sous les fourches caudines de la Commission de Bruxelles.
Il serait peut-être temps aussi que le Parlement français, qui ne l'a pas envoyé dire à la Commission à propos de la chasse, fasse montre de la même détermination pour l'emploi.
Il est à craindre, sinon, que tous les discours que nous allons bientôt entendre à propos du Traité d'Amsterdam et du nécessaire renforcement du contrôle parlementaire sur les directives européennes, ne passent pour des gesticulations vides de sens.