Interview de M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale, dans "Le Monde" le 23 janvier 1999, sur le lancement du plan national de lutte contre l'hépatite C et l'extension des missions de l'ANRS (Agence nationale de recherche sur le SIDA).

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

1. Vous êtes secrétaire d’état à la santé et à l’action sociale. Ce plan national correspond-il à un changement de priorités dans le domaine des maladies virales, privilégiant l’hépatite C au détriment du sida ?

Bernard Kouchner : En aucune manière. N’opposons pas une maladie à une autre ! Le sida demeure à nos yeux une priorité de santé publique. Les moyens consacrés à la lutte contre le sida sont maintenus et même légèrement amplifiés, dans le budget 1999, pour la prise en charge et pour la prévention. Nous lançons aujourd’hui même une nouvelle compagne de communication sur le sida dans les départements d’outre-mer. Mais il faut aussi s’attaquer avec détermination à l’hépatite C. Il n’est malheureusement pas rare que le VIH et le VHC coexistent chez les mêmes personnes, ce qui plaide pour le développement de synergies dans la lutte contre ces deux maladies virales. Il est ainsi été demandé à l’agence nationale de recherches sur le sida de s’appuyer sur l’expertise qu’elle a développé ces dernières années sur le sida pour lancer également des recherches sur le VHC.

2. Les cas de sida post-transfusionnels ont, en France, donné lieu à indemnisation par l’Etat. Le plan de lutte contre l’hépatite C n’évoque pas cette question…

Bernard Kouchner : Le plan qui est annoncé aujourd’hui est avant tout un plan de santé publique. C’est la réponse de santé  essentielle aux souffrances de ces personnes et la prise en charge de leur avenir. Quant à l’indemnisation et au problème, plus général, de l’aléa thérapeutique, nous déposerons au Parlement un rapport sur cette question majeure avant la fin de l’année, comme nous nous y étions engagés.

3. Ce plan conduira-t-il à un dépistage généralisé sur l’ensemble de la population ?

Bernard Kouchner : Ce dépistage concerne en priorité les personnes particulièrement exposées : usagers de drogue, personnes ayant eu une transfusion avant mars 1991, date de la mise en place du dépistage chez les donneurs de sang. Sans doute faut-il aussi, par prudence, vérifier l’absence de contamination chez les conjoints et les partenaires sexuels des personnes infectées. Aujourd’hui, le risque résiduel est inférieur à cinq cas pour un million. Pour le réduire encore, la recherche de l’ARN viral sera progressivement mise en œuvre chez les donneurs de sang.