Texte intégral
Je vous remercie des paroles de bienvenue que vous venez de prononcer à mon égard.
Nous allons avoir dès aujourd'hui, je crois, l'occasion de travailler très sérieusement ensemble, puisque nous devons décider de l'évolution des prix et des aides agricoles pour la prochaine campagne, ce qui constitue l'un des exercices les plus importants de l'année.
Permettez-moi cependant Monsieur le Président, Monsieur le commissaire, mes chers collègues de saisir l'occasion de ma première participation à un conseil des ministres de l'agriculture pour vous présenter en quelques mots les orientations sur lesquelles le Gouvernement français entend travailler au cours des prochaines années.
Je commencerai en rappelant l'importance que mon Gouvernement accorde à la construction européenne dans son ensemble et à la politique agricole commune en particuliers.
Je ne conteste pas que la politique agricole commune doive évoluer et qu'il faille chercher à l'adapter au évolution interne et internationale, mais le point de départ de nos réflexions doit rester que l'Europe dispose du droit de définir sa propre politique agricole. Je suis certain que nous partageons tous cette idée.
Dans ce cadre, la France sera une force de proposition et d'action pour dessiner les contours de la politique agricole commune qui s’appliquera demain.
Je suis naturellement prêt, pour cela, à aborder nos discussions dans un esprit très positif.
Le Premier ministre, Monsieur Jospin, a exposé devant l'Assemblée nationale, jeudi dernier, quels seraient, les principaux axes de l'action gouvernementale, dans le domaine agricole notamment. Je voudrais dans ce sillage, vous faire part de l'esprit dans lequel j'aborde nos discussions.
L'agriculture européenne se trouve à la veille d'échéances capitales :
- l'élargissement à dix pays d'Europe centrale et orientale, qui rassemblent davantage d'agriculteurs que les 15 membres de notre union actuelle mais qui représentent aussi des marchés en expansion ;
- un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales, qui s'engagera à la fin de ce siècle ;
- et où l'agriculture occupera une place importante, n'en doutons pas ; un nouveau cadre financier communautaire.
Ces échéances, je pense que nous ne devons pas les subir, mais les anticiper, en recherchant en adoptant et en mettant en œuvre les adaptations de la politique agricole commune qui nous permettrons de regagner des marges de manœuvre pour l'avenir tout en maintenant les régulations indispensables à l'emploi, aux marchés, aux revenus, à la sécurité alimentaire et à l'environnement, sans se priver chaque fois que cela est utile du relais essentiel de la subsidiarité.
Ces adaptations, le Gouvernement français entend y contribuer par la poursuite de deux objectifs :
- l'agriculture doit d'abord, c'est sa fonction première, continuer d'assurer l'approvisionnement en biens alimentaires de l'Europe et contribuer au-delà de l'Europe à celui des pays tiers, qui représentent en outre des débouchés en croissance, indispensable à notre production. Si l'agriculture doit produire, elle ne doit pas le faire dans n'importe quelles conditions. Il nous revient d'assurer aux consommateurs la garantie d'une irréprochable sécurité alimentaire.
Ce sera pour moi une préoccupation constante et pour y parvenir, j'entends prendre toutes les mesures nationales nécessaires et je travaillerais à ce que l'Europe fasse de même et se montre aussi exigeante pour ses partenaires qu'elle l'est pour elle-même. Ne pas produire dans n'importe quelle condition, cela signifie aussi que soient systématiquement favorisées les méthodes de production respectueuses de l'environnement et correspondant à une gestion rationnelle des ressources naturelles.
Enfin une politique agricole européenne n'a de justification que si elle poursuit un second objectif, celui de contribuer à l'occupation harmonieuse de l'espace, à l'entretien des paysages et au maintien de l'emploi dans les campagnes.
Ces deux objectifs sont à mes yeux complémentaires. Il ne saurait y avoir de coupure entre une agriculture qui serait tournée vers le marché et une autre orienté vers l'occupation du territoire.
Les petites exploitations spécialisées dans la production de produits à hautes valeur ajoutée ne sont pas moins tournées vers le marché et viable économiquement que les très grandes exploitations.
Il me semble également que la politique agricole sera d'autant mieux acceptée qu'elle sera fondée sur une répartition socialement équitable des aides qu'elle met en œuvre. La réforme de 1992 a été une étape importante dans l'évolution de la PAC dans ce sens.
L'effort doit être poursuivi en adoptant quand cela est nécessaire les mesures communautaires et en laissant dans le cadre de la subsidiarité, plus de latitude aux états membres dans la modulation de soutien communautaire.
J'ai confiance dans notre capacité à nous engager dans ces tâches qui sont sans doute parmi les plus grandes qu'ait eues à affronter le Conseil agriculture depuis longtemps.
Nous saurons, j'en suis sûr, en venir à bout.
Je vous remercie.