Texte intégral
Les postes européennes, et avec elles le service public postal, sont à la croisée des chemins. Les décisions qui seront prises au sein de l'Union européenne dans les mois qui viennent engageront de façon déterminante l'avenir du service public postal en Europe.
Deux conceptions s'affrontent. La première, qu'on qualifiera sans surprise de libérale, veut que le libre jeu de la concurrence constitue comme dans tout secteur marchand le meilleur mode de régulation des activités postales. Laissons faire le marché et tous les consommateurs de services postaux et retireront satisfaction et bénéfice. Une autre conception, mettant en avant la vocation d'intérêt général du service postal, affirme au contraire que cette dimension doit prendre le pas sur l'objectif de libéralisation. Me situant dans cette perspective, je considère que les valeurs du service public, d'égalité de traitement, de cohésion sociale et territoriale, tiennent une place de premier plan dans l'activité postale et interdisent de retenir pour ce secteur une régulation purement concurrentielle.
Mais ce choix crée en retour une forte exigence d'efficacité pour les opérateurs postaux. C'est en étant des entreprises performantes sur leurs marchés que les postes garantiront le mieux la qualité et donc la pérennité du service public postal en Europe.
Cette conviction guide notre action dans le domaine postal. Je souhaite une poste moderne, ouverte sur l'international, pour un service public de qualité. Je propose, au plan réglementaire, un dispositif équilibré conciliant garantie du service public et dynamisme du marché.
Nous disposons aujourd’hui en France d’un service public postal de qualité. Nous le devons d’abord aux postiers qui en assurent quotidiennement la bonne marche, mais aussi aux adaptations que La Poste a su engager pour garantir l'exercice de ses missions et pour mieux répondre aux besoins des clients-usagers. La grande réforme conduite en 1990 par Paul Quilès a, pour une large part, permis ces évolutions.
Ce processus n'est bien sûr jamais terminé. La Poste doit le poursuivre, l'accélérer dans certains domaines. C'est l'objet du contrat d'objectifs et de progrès que l'État et La Poste ont signé en juin dernier pour les années 1998 à 2001.
J'en rappelle les principales orientations :
• Modernisation de l'offre postale et progrès de la qualité de service : répondre aux attentes des usagers constitue la première priorité du service public, mais aussi sa meilleure défense face à ses détracteurs. J'y associe bien entendu l'activité financière de La Poste qui contribue activement à la cohésion sociale dans notre pays. Elle sera confortée afin que La Poste conserve en particulier un rôle pionnier dans le domaine des moyens de paiement, avec le porte-monnaie électronique notamment.
• Modernisation de la présence postale territoriale. C'est une dimension essentielle du service public de La Poste. Le contrat d'objectifs et de progrès propose une méthode fondée sur la concertation et le développement de partenariats avec les collectivités locales qui le souhaitent, les administrations et les entreprises publiques, afin de permettre les évolutions nécessaires pour améliorer la présence territoriale. Il faut en effet que La Poste soit mieux présente dans certaines zones rurales fragiles et qu'elle renforce sa présence dans les quartiers en difficulté, à commencer par ceux où elle est absente aujourd'hui.
• Investissement déterminé dans les nouvelles technologies parce qu'elles sont intimement liées aux métiers de La Poste et pour que La Poste en soit un des principaux vecteurs dans le grand public. Je pense notamment au commerce électronique qui est au confluent des savoir-faire de la Poste.
• Amélioration de la compétitivité, paramètre essentiel du développement de La Poste dans un environnement de plus en plus concurrentiel marqué notamment par le développement rapide des nouveaux outils de communication (liés à Internet en particulier). C'est pourquoi, il est nécessaire d'inverser la tendance du passé qui a vu les tarifs du courrier augmenter plus vite que le niveau des prix. Ainsi, le contrat d'objectifs et de progrès retient un objectif de baisse en francs constants pour les quatre ans qui viennent.
• Modernisation des relations sociales enfin, passant notamment par l'amélioration des conditions d'emploi des agents contractuels et une certaine rénovation du dialogue social dans l'Entreprise.