Texte intégral
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai accepté votre invitation et cela à un double titre. D'une part, parce que vous savez tous l'importance que j'attache au développement de l'économie de la Martinique et de la Guadeloupe, et plus particulièrement au développement de la filière banane. Elle joue et jouera dans les années à venir un rôle déterminant au bénéfice d'une diversification des activités de ces deux départements.
D'autre part parce que je me félicite de voir l'ensemble des producteurs réunis ce soir.
Tous mes interlocuteurs sont unanimes pour constater que l'organisation commune des marchés de la banane a eu un impact très positif ; elle a permis la pérennisation de la filière banane, elle a renforcé l'optimisme et même le goût d'entreprendre de nombreux acteurs. Il est vrai que la mise en place de l'OCM banane est intervenu dans un ensemble conséquent d'aides à la transformation de l'économie de la Martinique et de la Guadeloupe dans les domaines social, financier et structurel.
À ce constat global on peut ajouter l'impression forte d'une transformation des comportements et des attitudes pour faire face à la concurrence.
Au-delà de son impact sur la situation économique globale de ces deux régions, y compris en terme de créations d'emplois, l'OCM a eu de fortes répercussions sur l'économie de la production de bananes et en particulier sur l'amélioration des rendements et de la qualité, qualité mise en évidence par votre campagne collective de promotion. Elle a eu, grâce aux aides structurelles communautaires, un impact certain sur la modernisation des exploitations et sur leur structure financière.
Cependant, comme vous avez pu le constater ces dernières années, les catastrophes naturelles peuvent remettre en cause tous les efforts que vous avez réalisés pour développer cette filière. Aussi ai-je toujours défendu avec conviction la nécessité d'adopter au niveau communautaire des dispositions réglementaires qui vous permettent de maintenir vos courants commerciaux traditionnels. De même, je suis intervenu, auprès du Premier ministre pour accélérer le versement des indemnisations, ce qui, aujourd'hui est chose faite en quasi-totalité.
Le développement de la filière « bananes » reste fragile et menacé. Il est indispensable de le conforter. Je me suis employé cette année, je pense avec succès, comme vous avez d'ailleurs bien voulu le reconnaître, à obtenir que l'Union européenne fixe au mieux des intérêts des producteurs le niveau de l'aide compensatoire. Croyez que ma détermination sera aussi forte dans l'avenir. De mêmes, l'effort en matière de crédits structurels sera maintenu.
Cette situation encourageante doit être toutefois tempérée de quelques réserves principalement liées d'une part au surapprovisionnement du marché et à ses conséquences sur le revenu des producteurs, et d'autre part aux oppositions à l'OCM toujours aussi vives tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Union européenne. Lors de son adoption en février 1993, l'OCM banane constituait un équilibre délicat entre les intérêts contradictoires des différents États-membres en visant la réalisation de trois objectifs :
– garantir aux producteurs communautaires à la fois un marché organisé avec de véritables débouchés et un régime de soutien leur assurant un revenu ;
– respecter nos obligations envers les pays ACP qui sont confrontés aux mêmes difficultés que les producteurs communautaires ;
– assurer un approvisionnement convenable du marché.
Ces objectifs que nous nous étions fixés en 1993 ont été atteints comme l'a confirmé le dernier rapport de la Commission sur le fonctionnement de l'OCM banane. Ils doivent encore être confortés. Aussi l'on ne peut accepter que, trois ans après sa mise en place, ce régime soit bouleversé par des modifications qui porteraient atteinte à son équilibre.
Compte tenu des conséquences qui en découlent pour les producteurs, le niveau proposé du contingent tarifaire est beaucoup trop élevé. Aussi voudrais-je vous réaffirmer mon total désaccord vis à vis de cette proposition de la Commission.
En outre, il convient de contrôler le volume des importations. Comme vous le savez, je l'ai indiqué avec force à Bruxelles. Ceci commence d'ailleurs à porter ses fruits. Grâce à notre action, la Commission européenne a exigé des services douaniers des différents États-membres qu'ils contrôlent rigoureusement le poids des cartons de bananes importées.
Je resterai particulièrement vigilant sur cette question.
Par ailleurs, lors de la mise en place de l'OCM, nous avions obtenu une répartition des licences d'importations du contingent tarifaire de telle manière que soit établi un équilibre sur le marché de l'Union européenne entre les différents types d'opérateurs.
Notre souci était d'éviter que soit maintenu sur ce marché le monopole de fait que détenaient, avant la mise en place de l'OCM, les opérateurs ayant toujours exclusivement commercialisé des bananes latino-américaines. Pour ces raisons, je m'opposerai à toute réduction de la part du contingent tarifaire réservée aux opérateurs de la catégorie B. Cette analyse est partagée, je puis vous le confirmer, par nos partenaires espagnol, portugais, britannique et irlandais. Nous ferons bloc avec nos alliés sur ce dossier pour nous opposer à ces dispositions.
Enfin la situation, sur le plan externe, me conforte dans mon opposition aux modifications actuellement proposées par la Commission.
Je voudrais vous réaffirmer mon souci de veiller à ce que cette OCM ne soit pas dénaturée par les décisions que l'Union européenne et ses partenaires vont prendre au cours des prochains mois. Laissons l'organisation du marché de la banane, telle qu'elle a été décidée à Bruxelles il y a trois ans, développer et produire tous ses effets bénéfiques que la « politique commune » que vous comptez mener à partir d'aujourd'hui ne pourra, j'en suis sûr, qu'amplifier.
Il est indéniable que le développement de la filière « bananes » passe par une meilleure maîtrise du marché européen et par une professionnalisation, déjà largement commencée, des acteurs qui doivent rechercher des stratégies commerciales adaptées. À ce titre je ne peux que me féliciter de l'initiative que vous prenez aujourd'hui de vous réunir, vous les cinq groupements des Antilles, pour tous ensemble, promouvoir la qualité de la banane de Martinique et de Guadeloupe, afin d'assurer sa présence sur le marché métropolitain.
Je suis certain que votre campagne de promotion obtiendra le succès escompté et que les consommateurs adopteront son slogan simple et incitatif « Exigez la fameuse banane Martinique et Guadeloupe ».
Je vous remercie de votre attention.