Texte intégral
La Vie à Défendre – CFTC : Avril 1996
Une écologie humaine, vite !
La maladie des vaches britanniques donne un nouvel éclairage à la mondialisation de l'économie. Sans chercher à spéculer sur l'aspect scientifique des choses, nous devons constater, là aussi, les risques courus par une économie de plus en plus interdépendante. Tout problème propre à un pays peut avoir aussitôt d'inextricables répercussions à l'échelle d'un continent. Comment ne pas penser à ce fléau du SIDA répandu en quelques années à travers le monde ?
Nutrition, reproduction : notre société se sent vulnérable. Il en est de même dans le domaine social. La chute des frontières économiques et des régulations financières ouvre la voie à de nouvelles aventures industrielles. Mais c'est au prix de la mise à l'écart de millions de personnes (exemple en France), ou de la multiplication de la pauvreté chez les travailleurs (exemple aux USA).
C'est dire la lourde responsabilité des dirigeants des 7 pays les plus riches du monde qui ont choisi la France pour se rencontrer. Avec le Confédération Mondiale du Travail, nous avons eu l'occasion de dire combien ces dirigeants avaient le devoir de rétablir ensemble l'autorité du politique sur l'économique, car cela ne peut se faire que d'un commun accord entre eux. Les syndicats ont dit leurs exigences : maîtrise des marchés financiers et relance de la croissance, qualification et participation des travailleurs, solidarité par l'aménagement du temps de travail et la protection sociale, plan de développement.
Il en est de même à l'échelle de l'Europe, avec l'ouverture de la Conférence intergouvernementale qui se doit, non seulement de traiter des problèmes institutionnels, mais aussi de lutter contre le « dumping » social.
À ces différents niveaux, nous devons obtenir des règles qui permettent aux populations de vivre en bonne harmonie là où elles se trouvent. Il s'agit de donner une dimension plus humaine à la vie collective. N'est-ce pas finalement cela l'écologie ?
La réforme de l'État, engagée par le Ministre de la Fonction publique annonce des objectifs d'amélioration de la vie quotidienne des usagers. Mais nos fonctionnaires s'inquiètent à bon droit du sort qu'on va leur faire subir à cette fin, sans qu'une finalité d'aménagement du territoire soit mise en relief.
Les négociations avec le CNPF montrent elles-mêmes la difficulté du gère. L'objectif « aménagement et réduction du temps de travail » est affiché, mais les branches professionnelles en ont une vision très productiviste qui menace l'emploi.
D'où l'intérêt de pousser nos revendications au plus près du terrain. Ce journal vous montre comment la mobilisation des militants et militantes de base, mais aussi la coopération et les partenariats entre structures CFTC peuvent démultiplier l'efficacité.
Donnons la priorité à cette solidarité entre organisations CFTC. Nous tenons là une alternative efficace à la démagogie syndicale, qui continue d'avoir ses résultats dans les élections professionnelles, mais qui engage les salariés dans une impasse. La réussite de la journée du 8 mars est un exemple parmi d'autres de la possibilité de donner à nos militants la force de conviction qui emport l'adhésion.
La Lettre Confédérale – CFTC : 1er avril 1996
G7 : une responsabilité irremplaçable
G7 emploi à Lille, ouverture de la conférence intergouvernementale à Turin : les questions sociales ont une dimension internationale forte. Les 25 et 26 mars derniers, les responsables syndicaux des sept pays les plus industrialisés rencontraient à Paris Jean Arthuis et Jacques Barrot.
Ils leur ont présenté une déclaration syndicale qui fixe quatre types d'objectifs pour une alliance pour l'emploi entre gouvernements et partenaires sociaux :
– un programme économique pour écarter le retour à la récession, avec notamment une réforme des marchés financiers qui imposent actuellement leurs errances à l'économie et aux hommes ;
– des actions d'innovation, de qualification, de participation des salariés, de réduction du temps de travail ;
– la sauvegarde des revenus et des systèmes de protection sociale ;
– un nouveau contrat en faveur des pays en développement, avec des clauses sociales dans les accords commerciaux.
On ne peut qu'être frappé par l'universalité des problèmes posés. Le ministre de l'Économie et des Finances a lui-même reconnu le double écueil du chômage et de la pauvreté au travail. Mais l'orthodoxie libérale n'apporte pas de réponse à cette inquiétude.
On peut critiquer l'efficacité de ces conférences, mais ces pays ont une responsabilité considérable. Ils dominent l'économie mondiale. La reprise en main de la mondialisation ne peut s'imaginer que d'un commun accord entre eux et simultanément dans chacun d'eux.
Par ailleurs, Jacques Chirac vient de rendre public son mémorandum sur l'Europe sociale. La CFTC appuie fermement sa demande d'intégration du protocole social dans le traité de l'Union européenne, car le dumping social (ou monétaire) entre pays d'une même union est scandaleux. Nous avions souhaité cette fermeté dès la prise de fonction du Président.