Texte intégral
« Vous avez souhaité, M. le président procéder à la refondation du centre des démocrates sociaux que vous présidez depuis un an.
Chacun sait que pour des raisons qui tiennent à mon histoire et à mon équation personnelle, je ne suis pas un spécialiste des partis politiques. Peut-être cela me donne-t-il le recul nécessaire pour vous livrer quelques réflexions simples et amicales. Sous la Ve République, un parti du centre, une force démocrate, pour quoi faire ?
Contrairement à ce qui s'écrit ou se dit trop souvent, la Constitution de 1958 n'ignore pas les partis politiques. Son article 4 – c'est une innovation dans l'histoire de nos constitutions – dispose que les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Les partis sont indispensables à notre vie démocratique. Je souhaite que Force démocrate, que vous créez puisse jouer, dans notre système de partis, un rôle d'exemple.
Le parti que vous voulez refonder M. le président, est un parti du centre. Vous avez donc vocation à être un parti de gouvernement.
Faut-il encore s'entendre sur ce qu'est le centre. À mes yeux, votre rôle doit être de concilier l'ordre et le mouvement. On a souvent opposé dans l'histoire politique de la France le parti de l'ordre et le parti du mouvement.
Le parti du mouvement, c'est celui qui sait réaliser l'adaptation de la société dans le respect de principes, de valeurs et de règles qui sont indispensables à l'action. C'est ce que vous souhaitez faire. Vous avez à sauvegarder l'ordre, mais vous avez d'abord à imprimer le mouvement. Quiconque a gouverné sait bien, quelle que soit sa famille de pensée, que c'est l'art le plus difficile. Le gouvernement auquel appartiennent plusieurs de vos membres, a pris des mesures courageuses pour imprimer le mouvement. Il l'a fait dans le domaine social et je suis heureux de saluer mon ami Jacques Barrot. Je voudrais saluer également un ministre ami, M. Arthuis, qui doit faire, dans le domaine fiscal, la réforme profonde dont la France a besoin si elle veut retrouver dont la France a besoin si elle veut retrouver le sens de l'initiative et de l'esprit d'entreprise.
Enfin, cher M. le président, vous avez le ministère sans doute le plus délicat, et le plus important puisqu'il s'agit du ministère de l'avenir de la France. Vous savez que je mesure les difficultés auxquelles vous avez à faire face.
Un parti du centre doit être parti vecteur de l'adaptation, un parti soucieux de projets à long terme.
Le problème central de notre adaptation c'est de faire en sorte que tout un secteur d'activités protégées ne pèse pas de façon insupportable sur un secteur d'activités exposées à la concurrence internationale. Le problème central de notre adaptation c'est de laisser le souffle puissant de la concurrence faire disparaître les comportements empreints de sclérose, de telle sorte que ce ne soient point des avantages de moins en moins justifiés qui soient sauvegardés, mais que ce soient les chances de progrès qui soient encouragées.
Le monde évolue de plus en plus vite.
Si nous voulons préparer l'avenir, un parti du centre ne peut à l'évidence qu'être européen.
Enfin, M. le Président, on m'a dit que vous vouliez laïciser le CDS. Je n'avais je crois que vous posez une vraie question dans les temps que nous vivons. À une époque où les intégrismes se développent, où les sectes étendent leur emprise, où l'exclusion grandit, un parti du centre ne doit-il pas définir une nouvelle laïcité respectueuse du pluralisme, soucieuse de tolérance, mais fidèle aux valeurs essentielles sans lesquelles il n'y a pas de civilisation ?
Je forme les vœux les plus chaleureux pour le succès de votre action. Action que vous mènerez avec tous ceux qui comme vous, sont convaincus de la nécessité, pour la France, d'une politique qui soit une politique de progrès, une politique sociale, une politique européenne. »