Texte intégral
Mes chers amis,
Nous voulons être le mouvement politique où tous les Français s'y retrouvent quel que soit leur statut. Souvenons-nous qu'il y a cinq millions de nos compatriotes, fonctionnaires territoriaux, fonctionnaires nationaux, membres de la fonction publique hospitalière. Ne commettons pas l'erreur majeure de les rejeter dans les bras des socialistes, alors que nombre d'entre eux, n'ont rien à voir avec les socialistes.
Et Lionel Jospin serait bien inspiré, plutôt que de montrer du doigt, ceux qui ont un travail, une famille, un logement, des enfants, signe extérieur de richesse, selon lui, de dire à chaque Français : oui, toi aussi tu as le droit et tu pourras avoir un travail, une famille, des enfants, un statut social. En bref, sachons dénoncer le nivellement, la jalousie, l'envie, l'amertume que tous vous arriviez en retard, plutôt que quelques-uns arrivent à l'heure. Tel semble être le slogan socialiste de cette fin des années 90.
Ce qu'il nous faut, c'est retrouver la confiance de nos électeurs, en proposant des motions concrètes, précises, lisibles, compréhensives, révélatrices de notre engagement politique. Oui, c'est ce que nous avons essayé de faire à l'Assemblée nationale le 20 novembre dernier avec la non-rétroactivité fiscale. Il faut vraiment être socialiste, pour ne pas comprendre que l'État qui est chargé de faire respecter la parole des citoyens, doit le premier respecter la parole qui est la sienne.
Je souhaite à titre personnel, je le dis, que dans les semaines qui viennent, nous posions très franchement et très tranquillement la question du service minimum dans les services publics, les jours de grève. Parce que, le service public est payé par le contribuable. Le droit de grève est un droit naturellement imprescriptible qu'il faut respecter.
J'ajoute qu'il nous faudra défendre ces agents du service public. Pensez à ces agents de la RATP, à qui l'on demande d'aller dans les cités où la police ne peut plus aller, ou ne va plus. Il ne s'agit donc pas, dans mon esprit, de monter la population des usagers contre la population des fonctionnaires de ces services publics, mais simplement de trouver les voies et les moyens pour la concertation, que les uns et les autres voient leurs droits respectés.
Je souhaite également que l'on puisse poser, tranquillement, sans énervement, mais fermement, la question essentielle de l'utilisation des 69 milliards d'impôts consacrés au financement des allocations familiales. Quand on bénéficie des allocations familiales, on doit présenter un certificat de scolarité. La question me semble-t-il, comme l'ont proposé un certain nombre de parlementaires RPR, et de mon point de vue, à titre personnel, je veux dire mon plein accord avec eux, peut-on, oui ou non, calmement réfléchir aux conditions dans lesquelles on pourrait suspendre le versement des allocations familiales dans les cas ou vraiment on exagère, ou certaines familles ont renoncé à s'occuper d'enfants, d'adolescents, multirécidivistes de la délinquance, pour au moins intervenir, avant que l'irrémédiable ne se produise ?
Je souhaite qu'au coeur de notre projet politique, « Convention du monde du travail », le travail est une valeur positive : c'est le travail qui rend sa dignité à l'Homme. C'est le travail qui lui confère sa liberté et c'est l'absence de travail qui humilie l'Homme. Si nous ne tenons pas ce discours, qui le tiendra à notre place ?
Redonner tout son sens au mot social, c'est notre ambition. Nous, nous sommes les héritiers d'une tradition politique, le général de Gaulle l'a dit : « la seule querelle qui vaille, c'est celle de l'homme ». Nous en tirons donc une conclusion : si la seule querelle qui vaille c'est celle de l'homme, il faut faire confiance à l'homme et cela signifie que chacune et chacun d'entre vous a le droit de faire vivre sa famille des fruits de son travail et non pas de son assistance. C'est cela le message originel, original de la famille gaulliste.
J'ai été de ceux qui ont voté le RMI, parce que je considère, comme beaucoup d'autres ici, qu'on ne peut pas laisser une famille sans protection sociale, mais je veux dire, avec la plus grande force que lorsque l'on a le RMI et qu'on refuse à trois reprises un emploi, on doit poser fermement la question de la suppression du RMI.
Un mot sur la vérité dont nous devons être porteurs dans ce projet politique. Oui, mon pari, mon engagement, ma conviction, c'est que nous devons dire la vérité. Parce que finalement, il n'y a rien de plus inquiétant que lorsqu'un homme politique n'ose la dire. La vérité c'est laquelle ? Quand nous parlerons aux fonctionnaires, oui, le problème du nombre d'emplois dans la fonction publique est posé. Quel que soit le gouvernement qui aura à gérer cette question, nous devrons ne pas remplacer tous les départs à la retraite, parce que notre niveau de dépenses publiques est si élevé, que si nous le maintenons ainsi nous ne pourrons pas baisser les charges et les impôts. Et si nous ne baissons pas les charges et les impôts, vous n'aurez pas d'emplois qui se créeront dans le secteur privé. Il faut le dire. Il ne faut pas le cacher, parce que le dire, c'est la vérité. De la même façon, mes chers amis, qu'il n'y a aucune raison que la si courageuse réforme des retraites qui a été faite en 1994, par Édouard Balladur pour 21 millions de salariés, ne s'applique pas aussi à la fonction publique. Qui pourrait penser, qui pourrait imaginer, que d'un côté on doit cotiser pendant 40 années et que de l'autre on doit cotiser pendant 37,5 années ?
Mais à l'inverse, pourquoi ne pas poser tranquillement la question, de l'intégration des primes dans le calcul des retraites des fonctionnaires ? Il y a toujours matière à discuter, il y a toujours matière à proposer. J'ajoute qu'il faudra également se poser la question du statut dans la fonction publique, qui est un statut, à force de vouloir protéger tout le monde, pénalise tout le monde.