Texte intégral
M.-C. Counioux : Une situation qui en est à son huitième jour de blocage. Hier, il y a eu un conseil municipal où vous vous êtes exprimé, fermement. À quel degré de gêne pour la ville jugerez-vous qu'il faut suppléer à ce service défaillant ?
J.-C. Gaudin : Je rappelle qu'il y a eu un conflit en décembre où on nous avait demandé l'harmonisation de deux statuts qui étaient un héritage du passé et de la précédente municipalité, que cela me semblait aller dans le bon sens, même si c'était difficile au plan financier, et nous l'avions fait. Les grévistes disant alors qu'ils avaient « tout gagné ». Surprise aujourd'hui de voir qu'on déclenche, quelques mois après, un conflit. Hier, le conseil municipal a voté (...) la RTM 560 millions pour 1996, auxquels s'ajoutent 240 millions d'annuités de remboursement du métro. Un total de 800 millions de francs. Ce qui fait pour chaque Marseillais 1 000 francs à rembourser cette année pour la RTM. À ce prix-là, me semble-t-il, les Marseillais ont le droit d'attendre du service public, un véritable service public. D'autant que ces grèves pénalisent surtout les plus jeunes et surtout les plus vieux. On me dit qu'il faut faire des gestes. Je vois ceux que la municipalité peut faire. S'il n'y a pas eu dialogue social dans l'entreprise, il y a eu en permanence dialogue avec la mairie par l'intermédiaire de l'inspecteur général des Services de la ville, M. Loisel, qui passe des heures à discuter avec les syndicats. On m'a dit encore en décembre qu'il faudrait changer le Directeur général de la RTM. C'est fait depuis le 28 janvier dernier. Il y a des délais il respecter, ils l'ont été. J'ai nommé un nouveau Directeur général afin que celui-ci, avec l'aide du médiateur au départ, pour faire ensuite le travail lui-même, puisse justement rétablir un dialogue avec l'entreprise. Voilà les gestes du côté de la mairie. Mais en retour, nous ne voyons rien venir ! Et quand j'entends dire qu'on préfère « jouer aux cartes et aux boules dans les dépôts » plutôt que de transporter les Marseillais, ça me choque. Nous considérons qu'aux chiffres que je vous ai donnés, si on ajoute que la grève a coûté 50 millions, comment voulez-vous aujourd'hui, qu'on puisse en ajouter à la RTM alors qu'au même moment, il y a une perte en gros de 8 à 10 % du trafic sur l'ensemble du réseau ! Quand on dit « qu'il s'agit de rien, seulement de réduire d'un quart d'heure ». Un employé de la RTM fait 36 h 40. À cela s'ajoutent en plus des congés annuels, soit six jours supplémentaires. Aujourd'hui, si nous voulons donner ce quart d'heure, il faudrait embaucher environ 80 chauffeurs supplémentaires. La RTM n'a pas les moyens de le faire, la ville non plus. Par contre, la ville et les Marseillais ont droit à ce que les bus circulent. Je souhaite qu'il en soit ainsi. J'ai toujours dit mon attachement au service public. Je suis prêt à démontrer que je suis capable d'en accroître ses missions. Mais pour autant, le service public doit être au service du public. Et dans une ville où il y a 20 % de chômeurs, il est quand même exagéré que des traminots qui ont la garantie de leur emploi, bloquent totalement une ville et gênent son développement. Nous mettrons donc des moyens de substitution en marche si cela est nécessaire.
M.-C. Counioux : Quand ?
J.-C. Gaudin : Il y aura des moyens de substitution et je voudrais un véritable dialogue. Je souhaite que le nouveau Directeur général de la RTM puisse discuter avec les syndicats. Nous ne sommes pas hostiles à envisager un certain nombre d'évolutions dans l'entreprise, c'est le propre de toute entreprise, mais je dis aux syndicats : faites attention, vous êtes dans le service public, nous avons garanti ce service public jusqu'à présent et vous êtes en train de le tuer en demandant toujours plus, non pas au maire mais aux Marseillais. Car au bout du compte, ce sont eux qui paient. J'espère que ce conflit sera de courte durée, et que nous pourrons aller vers l'apaisement car des gestes ont été faits par la mairie. Nous avons scrupuleusement respecté les accords que nous avons signés.