Texte intégral
Q - Vos amis politiques semblent dire que la gauche plurielle va surprendre. En quoi le peut-elle ?
- L'année dernière déjà, la gauche a surpris certains observateurs en remportant la présidence du conseil général de la Haute-Corse. Ce n'est pas le fruit du hasard mais le résultat d'un travail politique de longue haleine qui contraste avec l'improvisation qui règne à droite et que certains voudraient maquiller en habileté politique.
Cette démarche a également porté ses premiers fruits au niveau régional en mars dernier car 4 000 voix seulement séparent la gauche de la liste Baggioni-Rossi-Natali au deuxième tour. Notre stratégie d'union demande un certain courage politique, au moment de la formation de la liste, notamment quand il s'agit d'innover, mais c'est une base politique solide et claire qui permet d'envisager ensuite des alliances de gestion au troisième tour.
Q - Justement, vous voulez innover. L'année dernière, vous déploriez que votre liste ne reflétait pas une juste représentativité des femmes. La présente évoluera-t-elle de manière sensible dans ce sens brisant du même coup le reproche d'une liste d'appareils ?
- C'est vrai, en mars 1998, notre liste pêchait par le nombre insuffisant de femmes candidates.
C'était aussi le cas des autres listes présentes au second tour. Pour ce qui nous concerne, nous allons nous donner les moyens de changer cela.
C'est le sens du travail de concertation en cours au sein de la gauche plurielle. Je l'ai dit, je le répète, il y aura un nombre significatif de femmes sur la liste que je conduirai y compris, bien sûr, en position éligible. Sans pouvoir aller immédiatement à la parité, un quart de femmes me paraît l'objectif à atteindre dès maintenant.
Q - Après deux réunions à Venaco, on a l'impression d'un surplace. Et lors de la deuxième, on a surtout remarqué l'absence de Simon Renucci…
- Je suis serein. La concertation se poursuit avec tous les partenaires de bonne volonté. Nous examinons attentivement toutes les demandes mais les seules exigences qui seront prises en compte seront celles qui ajoutent à notre capacité à l'emporter.
Q - Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de ne pas vous impliquer suffisamment dans les affaires de la Corse ?
- Qu'ils balaient d'abord devant leur porte !
Où sont, en dehors des débats publics, dans l'action quotidienne, dans le travail sur l'avenir de l'île, sur son développement économique, sur les implantations d'entreprise, les parlementaires UDF-RPR ?
Je n'entends guère José Rossi et Jean Baggioni s'exprimer que pour lancer des invectives ou donner des leçons. Pas souvent pour proposer ou agir. Je préfère, moi, agir. Je préfère, moi, agir. Je préfère, moi, agir discrètement mais efficacement pour la Corse et ses habitants.
Serais-je aussi attaqué si j'étais absent des enjeux de notre île ?
Les activistes médiatiques sont loin d'être les plus efficaces.
Je souhaite ajouter ceci : certains voudraient actuellement me faire jouer, avec toute la gauche, le rôle de bouc émissaire de leur propre légèreté. Ceux-là voudraient que les corses soient amnésiques, qu'ils oublient qui dirige la Corse depuis quinze ans, qui l'a enfoncée dans l'assistanat et les compromissions.
Q - Sur quelles bases s'appuie votre espoir de reprendre les rênes de la gestion de la Corse ?
- Je m'appuie sur la volonté de changement qui traverse toutes les composantes de la société corse.
Nos concitoyens vivent en constant décalage avec le monde qui les entoure. Ils assistent en simples spectateurs à la modernisation de la France, à la construction de l'Europe, à l'évolution des autres îles méditerranéennes. Ils ont pourtant envie d'y prendre une part active en participant à ces nouvelles dynamiques économiques, à la création de ces nouvelles solidarités.
C'est à cet objectif que je travaille depuis longtemps car il me semble essentiel pour l'avenir de notre île.
Je veux ici vous le confirmer sans ambiguïté : si les électeurs nous en donnent les moyens, j'abandonnerai mes responsabilités gouvernementales pour gérer notre région.
Q - Un an après la tragique disparition de Claude Erignac, la campagne électorale, sera-t-elle essentiellement axée sur le thème du retour à l'état de droit ?
- L'élection territoriale partielle de mars prochain ne saurait être un référendum pour ou contre l'état de droit. Sa mise en oeuvre est déjà une réalité et personne, sauf des élus de droite et bien sûr certains nationalistes, ne songe sérieusement à la remettre en cause. Empêtrée dans les affaires et en panne de projet le discrédit sur cette réalité pour masquer ses propres carences. J'ambitionne pour ma part de dépasser les constats pour donner un peu de souffle au débat régional.
Notre île a des chances de développement dont elle doit profiter. La paix civile revenue, le tourisme est en plein essor. La saison estivale l'a démontré. Il nous faut maintenant aller au-delà, restructurer et moderniser notre agriculture, attirer des entreprises innovantes, développer les formations, en un mot relancer l'emploi et donner de l'oxygène à la Corse.
Il nous faut aussi protéger notre langue et notre culture. Le gouvernement s'apprête à signer la charte des langues régionales et surtout à définir une politique nationale dans ce domaine. Très rapidement, nous aurons à en tirer les conséquences dans l'île. Voilà des enjeux précis et ambitieux. Je laisse ceux qui préfèrent regarder avec les yeux de Chimène un passé fait de violences et de dérive mafieuse à leur nostalgie. L'avenir que nous voulons pour la Corse n'est pas celui-là.
Q - En Corse, le changement s'inscrit-il vraiment dans les projets ou plutôt dans la recherche d'une nouvelle citoyenneté ?
- Les deux, bien sûr. Les projets, d'abord, parce qu'ils font cruellement défaut à la région. La droite a trop souvent géré au jour le jour, sans véritable ambition pour la Corse. Il nous faut nous donner un projet global qui permette de construire l'avenir de la Corse et de ses habitants.
Nous sommes une petite île mais nous avons des atouts considérables qu'il faut mettre en valeur. C'est autour de ces constats que nous aurons à construire les bases de notre avenir régional.
A ce titre, le changement s'inscrit aussi dans la redécouverte de la citoyenneté et du civisme. Rien ne pourra se faire sans l'adhésion des habitants. La majorité régionale est aujourd'hui déconnectée du citoyen.
Il faut que demain il soit véritablement associé à l'action et à la construction de ce qui est son avenir.