Déclaration à la presse de M. Michel Barnier, ministre délégué aux affaires européennes, sur l'état des négociations entre la Grande-Bretagne et la commission européenne sur le dossier de la vache folle à la veille du prochain conseil européen, Rome le 17 juin 1996.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion des ministres des affaires étrangères de l'Union européenne à Rome le 17 juin 1996

Texte intégral

Q. : Où en est le dossier de la vache folle ? Quelle est la position des Anglais ?

Michel Barnier : Il faut que les Anglais fassent de nouvelles propositions, qu’ils acceptent un plan d’éradication qui remonte, s’agissant des animaux susceptibles d’être infectés, au-delà de l’année 1990, car nous savons bien qu’en Grande Bretagne, des animaux qui ont six ou sept ans d’âge ont été touchés par la maladie de la vache folle. Donc, il faut un plan plus rigoureux, il faut aussi un plan d’identification des animaux, comme celui que nous avons en France depuis de nombreuses années. Il faut d’autres mesures touchant aux aliments du bétail, aux farines, à l’exportation, à la destruction précise et rigoureuse des carcasses, autres éléments et autres questions que nous allons poser dans les jours qui viennent. Aujourd’hui, ce qui a été entendu, et c’est nouveau, c’est que nous allons travailler sur la base de propositions de la Commission de Bruxelles, en prenant en compte préalablement et systématiquement, comme nous le souhaitions, nous Français, l’avis des scientifiques et des experts.

Q. : À votre avis, que se passera-t-il au sommet de Florence ? Le problème de la vache folle va-t-il être au centre de ce sommet ?

Michel Barnier : Je ne souhaite pas que le sommet de Florence soit confisqué par cette question de la vache folle. Les chefs d’État doivent parler de ce sujet, ne serait-ce que pour que M. Major annonce – et vraiment, il faut qu’il le fasse – la levée du veto britannique. Actuellement, beaucoup de décisions utiles sont bloquées en raison de cette politique de non-coopération. On ne répond pas à une question de santé publique par une attitude politique. La réponse britannique de veto n’est pas une bonne réponse. Il faudra au moins évoquer ce sujet entre les chefs d’État et de gouvernement. Mais il y a quantité d’autres sujets, la question de l’emploi, de la lutte contre le chômage, du dialogue social en Europe, auxquels Jacques Chirac tient beaucoup. Il y a les prochaines étapes de l’Union économique et monétaire, il y a le point, que les chefs d’État doivent faire, de la conférence intergouvernementale qui s’est engagée depuis quelques semaines. Que se passera-t-il à Florence ? Tout dépendra des réunions que la commission tiendra demain, et après-demain du comité vétérinaire et de ce que répondront les Britanniques à nos exigences collectives.

Q. : Et justement, vous avez l’impression qu’ils sont capables de répondre aux exigences très précises que vous posez ?

Michel Barnier : Les Anglais veulent sortir de cette impasse politique, de cette impasse touchant à la santé publique de leurs propres consommateurs et des consommateurs européens. Je crois qu’ils sont déterminés à accepter, comme nous le demandions, que toutes les décisions soient prises maintenant sur la base d’avis scientifiques et techniques, et à faire les efforts qu’il faut faire pour s’en sortir par le haut, et pas par des demi-mesures.