Interview de M. Charles Millon, ministre de la défense, dans "La République du Centre" du 18 octobre 1995, sur les attentats à Paris et la proposition française de dissuasion concertée en Europe.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La République du Centre

Texte intégral

Q. : Que vous inspire cette nouvelle explosion sanglante dans le métro ?

R. : On ne peut qu'être indigné. Mais le gouvernement ne cédera pas. Dans la lutte contre le terrorisme, la défense prend toute sa part. De jour comme de nuit.

Q. : Croyez-vous cet attentat lié à la proche rencontre entre M. Jacques Chirac et M. Liamine Zéroual, le président algérien ?

R. : Non, je ne le crois pas. Les intégristes sont prêts à prendre tous les prétextes. Le calendrier diplomatique du Président de la République n'a pas à être lié aux desiderata des intégristes. La politique algérienne de la France reste : non-ingérence, non indifférence. Au fond, ce que je crains le plus, avec la vague terroriste et ses conséquences en France, c'est que cela ne casse le modèle d'intégration français.

Q. : Croyez-vous que les conditions de la mort de Khaled Kelkal en ont fait un héros ?

R. : Non. Et permettez-moi de dire que le rôle des gendarmes a été exemplaire. Que feriez-vous en face de quelqu'un qui, tout en étant blessé, à terre, tirerait sur vous ?

Q. : Que vous inspire l'attribution du Nobel de la paix aux antinucléaires ?

R. : C'est un geste d'intérêt passionné des Nobel pour la France.

Q. : L'initiative française de dissuasion concertée en Europe ne semble guère avancer ?

R. : Je ne suis pas d'accord. Aujourd'hui, tout le monde en parle. De toute façon, il n'y a pas d'avenir européen sans défense européenne.

Q. : La Bosnie a été une rude épreuve à cet égard ?

R. : La France a rempli sa mission. À partir du 7 mai, le Président de la République a porté les valeurs de la France plus fort que d'autres avant lui. C'est ce qui a permis à M. Bill Clinton d'y aller pour rafler la mise et faire taire le Congrès.