Texte intégral
Date : mai 1996
Source : L’Esprit d’équipe le journal de l’UDF
Les engagements pris devant le Conseil national de notre mouvement le 31 mars seront intégralement respectés. Avant l’été, les changements qui nous permettront de former une véritable communauté fédérale seront réalisés. La décision sera prise de faire élire le président de l’UDF au suffrage universel des militants ; un élément d'identité commun à toutes les composantes permettra de donner à tous une référence commune ; la délégation de compétence, notamment en matière électorale, sera la règle ; l’organisation de notre siège national offrira de nouveaux outils de travail, notamment par la mise en commun des fichiers ; les nouveaux statuts seront rédigés et, je l’espère, adoptés.
Mais tout cela, qui relève du respect de la parole donnée, ne serait rien sans un esprit nouveau. L’UDF qui se fait, c’est celle où chacun a trouvé sa place, où toutes les identités sont respectées, où chacun met son originalité et son dynamisme au service du projet commun. Ainsi, nous pourrons jouer pleinement le double rôle que nous nous sommes assignés : participer à l’œuvre de redressement national qui est celle de toute la majorité, du gouvernement et du Président de la République ; et proposer, avec notre sensibilité originale, un projet d’avenir pour la société française.
Date : 1er juin 1996
Source : Démocratie Moderne
La France est réformable. C’est ce que nous n’avons cessé de croire, au sein de notre famille politique qui créa jadis le mouvement réformateur. C’est ce que nous avons espéré pendant des années contre toutes les résistances. C’est ce qu’il va nous falloir prouver pour que le siècle qui vient prenne son véritable visage.
Sur ce long chemin, que Jacques Barrot marque avec l'application de la réforme de la sécurité sociale, que Jean Arthuis prépare avec la réforme fiscale, qu'Anne Marie Idrac jalonne avec la réforme de la SNCF, la réforme de l'université est une étape pleine de sens. Dans ce domaine, la difficulté de changer les choses, et même seulement de proposer un changement, a pris figure de fatalité. Réforme annoncée à grand fracas, manifestations, réforme retirée, chacun connaît le cycle maudit qui marque l'histoire de l'université en France. Vaincre ce signe indien, c'est essentiel pour notre avenir commun.
L'accueil favorable qui a accompagné l'annonce de ce plan est donc en soi un élément nouveau. L'avenir dira si cette faveur est confirmée dans la pratique. Mais cette ambiance positive signifie au moins, et c'est déjà beaucoup, qu'un accord est possible autour des principes d'un changement en profondeur, même si de très anciennes habitudes de pensée et d'organisation se trouvent mises en cause.
Les conditions exigées pour qu'un résultat soit obtenu ne valent pas que pour l'université. Elles se résument à une seule : obtenir la participation effective des acteurs. Le général de Gaulle se fit à la fin des années 70 le promoteur de cette idée. Il le fit dans l'indifférence et l'incompréhension. Il défendait pourtant là, venu de notre courant de pensée, un des principes les plus novateurs et les plus riches pour l'organisation des sociétés modernes. C'est la condition même de la démocratie dès lors que les peuples n'acceptent plus de signer des chèques en blanc. On ne réforme pas sans les femmes et les hommes à qui la réforme s'adresse. Cela demande du temps et de la considération, mais c'est le seul moyen ; me semble-t-il, pour qu'ils acceptent de modifier leurs comportements. La participation ne sert pas, contrairement à ce que l'on croit souvent, à faire accepter une réforme. Elle sert à la concevoir, à l'inventer et à la rendre possible. Car à lui seul, le travail sur les questions à résoudre, sur la réalité de la situation, fait mûrir les esprits. Et l'expérience de la base est infiniment plus précieuse que l'assurance des experts. C'est la qualité humaine et la connaissance concrète du terrain qui fait la différence. Il y a là, sans bruit, une révolution pour la démocratie.