Conférence de presse de Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État aux transports, sur la politique des transports, Paris le 14 juin 1995.

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Mesdames et Messieurs,

J'introduirai mon propos en soulignant que l'usager - qu'il soit voyageur ou chargeur - doit être au coeur de la politique des transports qui sont avant tout des activités de service. Mettre l'usager au centre est, de mon point de vue, le seul gage d'une politique des transports dynamique.

En effet, c'est en assurant à l'usager le service le plus attractif : à partir des atouts que présentent nos entreprises, que nous favoriserons la promotion et le développement du pavillon français en Europe et dans le monde et que le secteur des transports participera au redressement économique et à la compétitivité du pays.

C'est aussi en partant de la notion de service aux usagers que la politique des transports pourra prendre en compte les préoccupations de cohérence territoriale, de cohésion sociale, de qualité de la vie et d'environnement qui lui sont nécessairement liées.

Je souhaiterais maintenant éclairer mon propos en abordant 3 volets importants et bien sûr liés entre eux de la politique des transports telle que je l'envisage.

Il s'agit de l'emploi, de l'économie de l'Europe.

L'emploi tout d'abord.

Les performances de nos entreprises de transport contribuent à la compétitivité de notre pays et au développement de notre territoire : elles contribuent donc globalement à la création d'emplois dans l'ensemble de l'économie. Plus directement, le secteur transport dont j'ai la responsabilité, recèle lui-même des potentiels importants en terme de développement de l'emploi.

Je pense en premier lieu au contrat de progrès dans le transport routier. Ceux qui me connaissent déjà ne seront pas étonnés de m'entendre aborder cette question. Je confirme, s'il en était besoin, que le contrat de progrès préparé par mon prédécesseur et mis en oeuvre dans un esprit de grande responsabilité par les partenaires sociaux, sera poursuivi voir amplifié, si nécessaire, dans tous ses aspects et notamment dans sa dimension sociale. Sur ce point, je souhaite tout particulièrement que soit respecté et appliqué l'accord sur le temps de service.

Il faut par ailleurs développer les services aux usagers-voyageurs. Des gisements d'emploi existent dans ce domaine en matière de services de proximité adaptés à la variété de la demande, de sécurité, d'accompagnement ou de lutte contre la fraude. D'autres pistes doivent en outre être recherchées qu'il s'agisse, en liaison avec Raymond-Max AUBERT, du transport en zones rurales, ou des transports interurbains. Je pense aussi aux nouveaux services aux chargeurs dans tous les domaines de la logistique.

Enfin, il faut bien garder à l'esprit que nous sommes à la tête d'un secteur très important, en matière de construction et d'exportation de matériels et donc fortement utilisateurs de main d'oeuvre qualifiée qu'il s'agisse d'aéronautique, de matériels terrestres ou de flotte de commerce, ou encore d'équipements automobiles.

Sur ces différentes questions liées à l'emploi et plus généralement aux questions sociales, nous serons particulièrement attentifs à ce que soient mises en place des politiques contractuelles. Notre objectif est de permettre aux chefs d'entreprise et tout particulièrement aux chefs d'entreprises publiques de négocier des accords avec les salariés dans une optique de création d'emploi et ce dans le respect de la concertation et avec la confiance du gouvernement.

Pour les entreprises publiques, ces négociations devront être effectuées dans le cadre d'une approche globale prenant en compte les évolutions nécessaires en terme de maîtrise des coûts et de recherche de compétitivité et dans le souci d'assurer la meilleure place possible à l'emploi.

Contribuer à l'effort de redressement de notre pays, tel doit être le deuxième mot clé de notre politique des transports.

Les difficultés et les fragilités que rencontrent plusieurs entreprises du secteur semblent bien sûr peu compatibles avec le rôle que le gouvernement entend leur faire jouer dans le développement national.

La situation financière difficile de ces entreprises publiques suppose donc un assainissement qui passe par un effort propre de redressement. Il suppose gains de productivité, maîtrise des coûts, réactivité à la concurrence. L'État accompagnera ces évolutions dans une optique d'efforts partagés.

Dans le domaine aérien, Bernard PONS en a parlé, nous soutiendrons la politique de redressement du groupe Air France avec pour objectif le maintien du potentiel français susceptible de rivaliser avec les grandes entreprises concurrentes et la valorisation du savoir-faire des deux composantes du groupe.

Pour le cas de la SNCF, le gouvernement est conscient de la gravité de la situation de l'entreprise, qui est pour autant la meilleure entreprise ferroviaire du monde. Je réaffirme s'il en était besoin, que notre approche de l'entreprise ferroviaire est celle d'une grande entreprise intégrée de service public. À cet égard, dans mon esprit, le décret qui a été publié par le précédent gouvernement il y a quelques semaines constitue le point ultime des évolutions de l'entreprise SNCF.

Notre objectif sera, dans la négociation du contrat de plan qui va s'engager, de viser au redressement, - à un vrai redressement - de l'entreprise. Nous le ferons dans un souci de concertation avec l'ensemble des parties prenantes. Nous rencontrerons ainsi, indépendamment de la négociation proprement dite avec l'entreprise, les usagers, les représentants des organisations syndicales ainsi que les collectivités territoriales et particulièrement les régions intéressées par cet important sujet.

Par ailleurs, il va de soi, que compte tenu de l'importance des problèmes, le Parlement sera associé ou invité, d'une manière ou d'une autre, à participer à la réflexion.

Enfin, troisième grand volet de la politique des transports dans les mois à venir : l'Europe. Pour l'ensemble des modes de transports, le programme de travail lié à l'Europe a trait à la libéralisation. Celle-ci peut et doit être une vraie chance pour nos entreprises. Nous veillerons, pour notre part à ce qu'elle se fasse dans le respect de l'harmonisation des dispositions techniques, sociales et fiscales. Par ailleurs, nous apporterons notre contribution aux réflexions très importantes qui doivent se développer sur l'évolution du service public à la française, comme il l'a été indiqué par Bernard PONS, et ce dans une optique de modernisation du service au public.

Je terminerai en indiquant que puisque notre souci est de placer l'usager au premier rang, et de lui assurer un service complet, un service harmonisé et bien l'on ne peut que se réjouir de voir l'ensemble des modes de transport, de l'aérien au maritime, en passant par les différentes dimensions du transport terrestre y compris la sécurité routière, placé sous l'autorité d'un grand ministre avec en délégation auprès de lui un seul secrétaire d'État.