Déclaration de M. François Bayrou, ministre de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la réforme du collège et la mise en oeuvre de la "nouvelle sixième" pour la rentrée 1996, Poitiers le 6 mai 1996.

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Intervenant(s) : 
  • François Bayrou - ministre de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche

Circonstance : Réunion par vidéotransmission interactive des sept mille chefs d'établissement de collège autour du programme d'installation du "collège nouveau", au CNED de Poitiers le 6 mai 1996

Texte intégral

Bonjour à tous !

Je voudrais vous dire à quel point je suis heureux de cette rencontre, une rencontre d'un type nouveau et, à mon avis, appelée à un grand avenir.

Vous êtes réunis là, les sept mille chefs d'établissement de collèges, autour du programme d'installation du collège nouveau qui a commencé à la rentrée dernière par la généralisation de la nouvelle sixième, et qui se poursuivra par la nouvelle cinquième à la rentrée prochaine, la nouvelle quatrième à la rentrée 98 et la nouvelle troisième à la rentrée 99.

Et ce type de rencontre que j'ai souhaité, celui qui passe par le moyen de l'audiovisuel, le moyen des liaisons nouvelles, qui permet à des responsables, à distance, sur le terrain, de se rencontrer malgré la distance et de pouvoir travailler ensemble.

Donc je salue tous les chefs d'établissement et je salue aussi les inspecteurs pédagogiques régionaux qui les accompagnent ainsi que les responsables de l'administration centrale qui sont venus dialoguer avec eux.

La nouvelle sixième, c'est la première année du collège nouveau. Quelle est l'idée qui préside au collège nouveau ? C’est que, dans le cadre de l'obligation scolaire pour tous les élèves, on va rompre avec ce qui était les défauts du collège uniforme, de celui qui proposait une approche identique pour tous les élèves, quels que soient les besoins qui étaient les leurs. On va, au contraire, adapter les réponses pédagogiques aux attentes, aux niveaux, aux capacités, à la maturité de chaque élève. Et vous le savez, pour arriver à cette adaptation plus fine des réponses pédagogiques aux besoins de chaque élève, on fait confiance au terrain, c'est-à-dire qu'on remet entre les mains des chefs d'établissement et des équipes pédagogiques, un certain nombre de moyens, avec la liberté pour eux de les adapter C'est la première révolution pédagogique : un chemin pour chaque élève.

Et puis, la deuxième révolution pédagogique, c'est que l'entrée au collège est marquée par une aide à la méthodologie, une aide au travail personnel, des études dirigées, des études surveillées qui chaque jour, permettent à chaque élève d'apprendre à travailler – ce qui, tous les parents le notent, et aussi tous les enseignants, est une des plus grandes difficultés que l'élève rencontre dans la transition difficile entre l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire.

Et puis l'idée aussi de cette réforme, la troisième idée, c'est la progressivité. À la rentrée prochaine, la nouvelle cinquième, avec une option nouvelle offerte en cinquième, c'est le latin, qui au lieu de commencer en quatrième, commencera désormais en cinquième. Pourquoi le latin ? Parce que la clé de la réussite des études, c'est la maîtrise de la langue et il nous est apparu que pour tous les élèves, singulièrement pour ceux qui étaient en situation de difficulté face à leur langue, la découverte de ses racines, de son histoire par les langues anciennes était la meilleure approche que l'on puisse trouver. En quatrième, l'année prochaine, nous avons l'apprentissage obligatoire d'une deuxième langue vivante ; c'est une nouveauté de plus ; et enfin, en troisième, le choix entre des options comme le grec, la technologie et les sciences expérimentales, qui pourront permettre à chacun de trouver la meilleure voie, c'est-à-dire à se préparer au lycée ou au choix du lycée professionnel qui sera le sien.

Voilà donc l’idée et la philosophie de cet ensemble qui forme le collège nouveau. Alors, maintenant, bien entendu, il faut que le terrain s’exprime, que chacun dise quelles sont ses interrogations, que chacun dise aussi quelles sont ses satisfactions.

J'ai été très heureux de noter qu'à la fois l'inspection générale et la direction de l'évaluation et de la prospective du ministère, ont toutes deux réalisé une étude sur la nouvelle sixième, et que les progrès sont notables et identifiés partout – pas dans tous les domaines – mais progrès identifiés en français et en mathématiques, progrès plébiscités pour les études dirigées ; difficulté plus grande, en revanche, pour ce qui concerne le comportement des enfants, mais on peut comprendre, bien entendu, que les problèmes psycho-affectifs qui se posent aux enfants en difficulté, soient plus difficiles à résoudre.

Donc c’est à nous maintenant, à vous tous qui êtes présents autour de ces écrans, qui pouvez échanger des questions avec le centre national d'enseignement à distance où se déroule cette émission, c'est à vous maintenant de dire ce que vous attendez du collège nouveau, quelles sont les remarques que vous inspire la généralisation, dès cette année, de ces premières applications. En tout cas, je veux dire, bien entendu, que le ministre de l'éducation nationale sera à l'écoute précise de ce que vous lui signalerez et qu'il y a là un nouveau mode de relation entre l'administration centrale et ceux qui, sur le terrain, sont chargés de la marche des établissements. Un nouveau mode de relation fondé sur la confiance d'un côté, et l'interactivité de l'autre. Je suis persuadé que cette émission est le prélude à beaucoup d'autres. Merci d'y participer et de ce que vous allez dire, maintenant, pour que nous inventions ensemble le collège nouveau.