Communiqué de Jean-Marie Le Pen, président du Front national, paru dans "Présent" du 31 janvier 1996, pour protester contre l'annonce par Jacques Chirac, président de la République, de la fin des essais nucléaires.

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Circonstance : Annonce le 29 janvier 1996 de la fin des essais nucléaires et de la fermeture du centre d'expérimentation français dans le Pacifique, par Jacques Chirac, président de la République

Média : Présent

Texte intégral

Jacques Chirac peut aller tranquillement aux États-Unis. Il a mérité son bon point.

En mettant fin aux essais nucléaires français dans le Pacifique, Jacques Chirac signe notre assujettissement au Nouvel Ordre Mondial. L'arme nucléaire n'est crédible que si elle demeure opérationnelle. En ne permettant plus de la tester, il renonce implicitement à défendre notre indépendance, et donc notre souveraineté.

Soulignant une nouvelle fois qu'en matière de relations internationales et de défense, seul compte l'intérêt supérieur du pays, Jean-Marie Le Pen critique cette décision pour au moins trois raisons :

1. Elle intervient alors que la remise à niveau de nos armes nucléaires, têtes et vecteurs, n'est pas encore faite, et surtout alors que nul ne peut dire de façon sérieuse quel crédit il faut accorder à un système de simulation qui ne sera d'ailleurs opérationnel, nous dit-on, que dans les années 2005-2010.

2. Elle est motivée principalement par la volonté du Nouvel Ordre Mondial de nous éliminer de la cour des grands. Il est ridicule d'interdire ces essais alors même que les superpuissances ont un potentiel nucléaire totalement surdimensionné par rapport au nôtre. La France, qui a toujours suivi la doctrine de dissuasion dite du faible au fort, n'a pas de gigantesque arsenal nucléaire, mais doit au contraire posséder des moyens extrêmement sophistiqués de pénétration des systèmes adverses, ce qui implique des tests et des essais continuels. C'est là le gage tangible de son indépendance et de sa souveraineté. Adhérer aujourd'hui les yeux fermés au Traité de non-prolifération équivaut à céder aux oukases des sectateurs du Nouvel Ordre Mondial.

3. Sur le plan politique intérieure, elle signe un net coup de barre à gauche. En effet, après avoir caressé dans le sens du poil son électorat de droit qui en avait bien besoin, Jacques Chirac revient à ses premières amours et fait un clin d'oeil à l'électorat écolo-gauchiste. À l'heure où il s'apprête à revoir à la baisse, dans des conditions dramatiques, les crédits d'équipement des armées, en cédant une nouvelle fois aux injonctions des lobbies mondialistes, il consacre à mots couverts l'abandon de la doctrine gaullienne de défense et se révèle au grande jour comme l'héritier social-démocrate de Mitterrand.