Texte intégral
Dans une semaine notre XVIIIe congrès confédéral sera réuni, Porte de Versailles à Paris. C'est le congrès des syndicats, c'est-à-dire l'instance la plus importante de notre Confédération. Tous ne seront pas présents mais plus de trois mille délégués y participeront, ce qui en fait le congrès le plus important en nombre en France, mais aussi en Europe.
De nombreux invités étrangers seront aussi présents pour marquer la solidarité internationale du syndicalisme libre et indépendant. Plus de trois mille délégués, cela donne toujours au congrès FO un côté meeting permanent qui surprend toujours les observateurs. Mais ce qui a toujours caractérisé nos congrès, c'est à la fois la liberté, la démocratie et l'attachement des militants à leur organisation syndicale.
Ce XVIIIe congrès se situe à un moment important pour différentes raisons.
D'abord le contexte international, qui est tel aujourd'hui que l'idéologie régnante du libéralisme économique tend partout à vouloir rejeter et remettre en cause ce qui est collectif, qu'il s'agisse du syndicalisme ou des systèmes de protection sociale.
Ensuite le contexte national qui, tout en s'insérant dans le cadre international précipité, est aggravé par des comportements arbitraires qui se traduisent notamment par des conceptions du dialogue social ou de concertation quelque peu rétrogrades (1).
Enfin, il est clair que la situation sociale a montré que les salariés, chômeurs et retraités voulaient être respectés et considérés, et que ni la confiance ni l'espoir ne se décrétaient.
Le mouvement social de novembre-décembre 1995 a recrédibilisé le syndicalisme, y compris vis-à-vis de l'étranger. N'en déplaise à certains analystes ou dirigeants publics ou patronaux, la liberté de comportements et de décisions de Force Ouvrière a plu aux salariés. En témoignent les adhésions et créations d'implantations syndicales dont nous informent les unions départementales et fédérations.
Ah ! Ce serait tellement confortable d'avoir dans ce pays deux organisations, l'une qui dit non, l'autre qui dit oui. Mais la vie n'est pas aussi manichéenne, et tout ne peut heureusement être programmé et conditionné de la sorte, en particulier le mouvement syndical indépendant, qui se détermine lui-même et qui juge en fonction des actes et comportements.
Il n'est pas venu le temps où le comportement humain est programmable sur ordinateur, même si ces tendances existent (2). Et si cela devait advenir, il faudrait plus que s'inquiéter car l'arbitraire aurait pris le pas sur la démocratie.
La situation actuelle est fortement marquée par le chômage dont la courbe remonte. « Groggy » il y a quelques années les salariés, après avoir relevé la tête, sont maintenant déterminés à ne pas se laisser faire. On ne peut en particulier ignorer les huit millions de jeunes qui ont actuellement entre 15 et 24 ans, et qui ont comme seule perspective le chômage ou la précarité.
De tout cela le congrès débattra car ce sont là des problèmes essentiels. Comme diraient les économistes, il faut traiter à la fois des problèmes macro et micro, concilier de réflexions générales avec le terrain sans s'enfermer dans l'une ou l'autre sous peine de sombrer dans l'intellectualisme ou de perdre le fil.
Avec plus de trois mille délégués venus de tout le territoire métropolitain et des Dom Tom, nous avons l'avantage de ne pas travailler dans et sur le microcosme. C'est là encore une de nos forces pour aujourd'hui et pour demain.
A bientôt, vive l'action syndicale, vive Force Ouvrière !
(1) A ce sujet, une certaine presse feint de s'interroger sur les notions de concertation, dialogue… Il nous faut simplement rappeler qu'une concertation est un échange de vues, mais que le dialogue sous-entend (lorsqu'on est de bonne foi) la volonté de tenir compte des positions des uns et des autres, ce qui est indispensable pour ouvrir une négociation, dans le cas contraire, il ne reste plus que le rapport de force.
(2) Par extension, merci M. Kasparov d'avoir vaincu la machine, vous avez replacé l'homme à sa place.