Déclaration de M. Xavier Emmanuelli, secrétaire d’État à l'action humanitaire d'urgence, sur l'importance du Centre d'études diplomatiques et stratégiques dans la formation des futurs diplomates de carrière et des fonctionnaires internationaux ainsi que des cadres supérieurs du secteur privé, Paris le 26 juin 1996.

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Circonstance : Clôture de la session 1995 - 1996 du Centre d'études diplomatiques et stratégiques, à Paris le 26 juin 1996

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, Cazeneuve, Cohen, Chaigneau

Je suis très heureux de me trouver avec vous pour la cérémonie de clôture du Centre d'études diplomatiques et stratégiques. Vous me donnez l'occasion d'exprimer mon estime pour la formation de qualité qui y est dispensée et de vous proposer quelques orientations pour que les préoccupations humanitaires demeurent profondément inscrites au sein de vos recherches et de vos enseignements.

Le Centre d'études diplomatiques et stratégiques est jeune. Mais sa jeunesse est de toute évidence signe de dynamisme : comment ne pas rendre hommage à la diversité de ses enseignements, de ses méthodes et des différents acteurs qui en font la réputation et le prestige ?

L'ambition du Centre d'études diplomatiques et stratégiques est de former des diplomates de carrière, des fonctionnaires internationaux, des cadres consulaires mais également des cadres supérieurs du secteur privé. Il prend en compte dans leurs aspects les plus actuels les grandes questions de politique internationale et de défense qui traversent notre époque donc l'engagement humanitaire.

Le Centre sélectionne soigneusement ses intervenants, que ce soit dans le monde de l'Université, dans le secteur diplomatique, dans les grands corps de l'État, dans l'armée, chez les juristes et dans l'entreprise privée, pour qu'ils permettent aux auditeurs d'approfondir leurs vues. Je rends hommage à ce corps professoral des plus diversifiés, mais toujours de tout premier plan.

Les auditeurs, quant à eux, sont dignes de cet enseignement : la diversité et la qualité des parcours de ceux qui choisissent le Centre d'études diplomatiques et stratégiques pour compléter leur formation en sont la meilleure preuve.

Chers amis, vous avez passé des conventions de reconnaissance des diplômes avec des universités des cinq continents. Vous avez fait du centre le lieu de rencontres multiples et d'échanges fructueux entre auditeurs, mais aussi entre les auditeurs et ceux qui les forment.

Devant l'imbrication des problèmes stratégiques, politiques, économiques, et sociaux à l'échelle mondiale, le centre a su parier sur une approche interdisciplinaire, à mes yeux seule capable de former nos futurs diplomates et décideurs et d'actualiser les connaissances de ceux qui sont déjà en poste. N'en doutons pas, cette formation concerne les acteurs importants de la diplomatie et de la stratégie du futur.

Ainsi, vous avez su définir une méthode qui fait ses preuves ; le centre est un véritable laboratoire de compétences, et les thèmes qu'il aborde témoignent d'une recherche vivante, qui n'interdit certes pas d'étudier les leçons de l'histoire, pourvu qu'elles soient toujours lues dans le sens de la prospective.

L'approche multidisciplinaire, l'importance accordée à l'actualisation des savoirs et à l'échange des connaissances, et une lecture globale des événements mondiaux, voilà ce qui, à mes yeux, fonde la pertinence de la formation que vous dispensez. C'est dans cet esprit que vous renforcez votre action par des sessions à l'étranger et votre coopération avec les Instituts existants en France et de par le monde, que vous permettez enfin à vos auditeurs d'avoir accès à des stages qualifiants, en collaboration avec différents États.

J'ai dit que les étrangers des cinq continents viennent se former chez vous, mais cette institution, pour être internationale, se fonde aussi sur des valeurs que la France a toujours voulu défendre et répandre, les valeurs des Droits de l'homme et les principes de la révolution française et des Lumières.

Vous avez choisi de placer cette session de clôture sous l'égide de l'humanitaire et j'en suis ravi.

Il est de toute première importance de réfléchir sur les différents problèmes posés au Tiers monde, ainsi que sur les problèmes de l'exclusion dans les pays riches. L'équilibre mondial se modifie au fil des crises qui secouent les sociétés, mais le nombre des déshérités ne diminue pas.

J'y insiste, il faut que les décideurs aient à cœur de mieux cadrer les actions humanitaires qu'ils mettent en place et qu'ils trouvent au-delà de l'urgence, des pistes de réflexions sérieuses.

Devant la multiplication des interventions internationales et une certaine confusion née de leur retransmission par les médias, qui donnent aux drames de l'humanité une dimension spectaculaire discutable, il est nécessaire de cadrer au plan international l'action humanitaire d'urgence, de manière à mieux coordonner les secours, à concevoir des programmes de développement et de coopération à long terme. Traiter l'urgence est un point, mais il faut se fixer des objectifs de prévention.

Telle est l'une de vos missions, car vous formez les acteurs d'une politique qui prend enfin en considération les problèmes humanitaires, vous formez les diplomates et les cadres pour qu'ils règlent les crises d'aujourd'hui et celles de demain.

Les préoccupations de votre centre répondent à l'émergence de nouveaux comportements et de futurs métiers, dont la mobilisation internationale en faveur de l'humanitaire est peut-être le meilleur signe. Votre choix d'une approche globale des différents problèmes touchant la communauté internationale témoigne de votre audace intellectuelle. L'inscription du Centre d'études diplomatiques et stratégiques au sein d'une tradition de respect des droits de l'homme et de la démocratie est aussi le symbole d'un engagement éthique de la plus grande valeur. Votre réputation est bien établie de par le monde. La France peut être fière d'un enseignement comme le vôtre, qui témoigne qu'elle conserve tout entière sa vocation humaniste.