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Un nouvel élan…
Les périodes électorales étant propices aux revendications syndicales, le comité directeur de la CGPME présidé par Lucien Rebuffel a reçu le 14 mai, Alain Juppé, Premier ministre et Jean-Pierre Raffarin, ministre des PME, du Commerce et de l’Artisanat.
Est-ce que nous faisons de la politique ? demande Lucien Rebuffel en s’adressant au Comité directeur ; « Nous en tenant aux arguments, aux projets, aux problèmes, propres à l’entreprise contenus dans les différents programmes politiques, nous restons dans notre rôle en tant que représentants de l’entreprise libre et indépendante.
Difficile en effet de « rester de marbre, poli, prudent, flegmatique ou neutre… sans dire ce qui nous heurte au niveau du simple bon sens, ce qui nous inquiète et même nous stupéfie dans cette campagne électorale « , ajoute Lucien Rebuffel, dont on connaît l’ardeur à défendre l’existence même de la petite et moyenne entreprise devant les répercussions de la guerre économique mondiale qui se livre jusque dans nos campagnes désertées par les entreprises, les habitants ayant fui vers les villes pour y trouver du travail.
Le gouvernement a compris la doctrine de la CGPME, « le libéralisme tempéré » cher à Lucien Rebuffel. En effet, la loi contre les pratiques anti-concurrentielles, dite loi Galland : la loi visant un équilibre commercial à imposer ai grand capital de la distribution dite loi Raffarin ; la loi sur l’accès des PME aux marchés publics dite deuxième loi Galland qui viendra en discussion devant la prochaine assemblée nationale en raison de la récente dissolution ; l’instauration de l’impôt progressif destiné à accroitre les fonds propres des PME et la mise en place de la Banque de Développement des PME avec des moyens financiers considérables, des procédures d’accès au crédit étonnamment innovantes, la simplification du bulletin de salaire entrant dans le cadre de toute une série de nouvelles « simplifications administratives », la reconnaissance du « fait PME » par la création d’un ministère qui porte « notre nom », Lucien Rebuffel rend grâce au Premier ministre d’avoir, sur le plan structurel, accordé aux petites et moyennes entreprises ce qu’elles réclament depuis la Libération.
Engagement
Mais Lucien Rebuffel va plus loin en rappelant à Alain Juppé son « engagement d’aller au-delà de votre « Plan PME pour la France », aujourd’hui entièrement bouclé. C’est la mission donnée par vous à Jean-Pierre Raffarin d’impulser sans délai un nouvel élan au soutien des PME par la mise en place d’une sorte de « Small Business Act » que les États-Unis ont adopté dès 1953 pour leurs PME ». S’agissant de la « batterie de mesures en faveur des TPE, Très Petites Entreprises », de 1 à 5 salariés, le président de la CGPME rappelle au premier ministre que « c’est globalement, ce que la CGPME vous avait demandé ou suggéré et que vous lui avez accordé » …
Nanties d’un nouvel arsenal de lois structurelles, les PME peuvent désormais « lutter à armes égales ». Rien d’étonnant à ce que les chefs d’entreprises saluent les efforts et les risques que le Premier ministre assume « parce que nous vous regardons d’abord comme le chef de l’entreprise France », ajoute Lucien Rebuffel sous les acclamations des membres du comité directeur qui rendent eux aussi hommage à Alain Juppé.
Le Président de la CGPME, très lucide, ajoute à l’intention du Premier ministre : « Nous avons encore à batailler, certes, pour subir moins de prélèvements obligatoires, pour redresser les injustices, oui les injustices, entraînées par des taux de TVA différenciés dans tel ou tel secteur, pour obtenir un allégement immédiat et significatif de la taxe professionnelle qui confisque nos résultats, pour faire reconnaître la notion de « clause sociale » au niveau européen et mondial. Mais tout cela, nous le ferons dans le cadre du prochain ministère des PME, avec le même ministre, par pitié, accessible à notre thèse, je la rappelle, du « libéralisme tempéré ». Et puisque nous sommes en période électorale, qu’une nouvelle Assemblée nationale sera élue le 1er juin prochain, le président « s’effraie… de ce que, dans leur programme, des hommes d’Etat puissent inclure des mesures qui joueront directement contre l’emploi, mesures qui, par surcroît, nous ramènent quelque 15 ans en arrière ».
C’est atterrant !
Il y a en effet, dans le projet socialiste, les autres paris traditionnels n’ayant aucun programme économique cohérent, 3 points majeurs – strictement d’ordre économique qui vont toucher directement à la gestion des entreprises PME, souligne Lucien Rebuffel qui rappelle que ce sont les entreprises employant de 1 à 50 salariés qui embauchent.
Première mesure :
Le rétablissement de l’autorisation administrative préalable du licenciement. Si on peut à la rigueur le concevoir d’une certaine manière pour les mastodontes comme les multinationale ou autres grandes entreprises, songer à nouveau, à faire gérer le personnel des PME, dont la masse est constituée d’entreprises, de 1 à 50 salariés, par un fonctionnaire de l’Etat, depuis son bureau, sur dossier, in vitro en quelque sort, est irréaliste, surréaliste, provocateur, et en tout cas, inacceptable.
Une entreprise PME peut, en effet, crever en quelques semaines, d’un refus opposé par un fonctionnaire irresponsable ou en raison des délais d’étude que celui-ci, tranquillement, aura décidé de se donner.
Cette mesure paralysera la gestion du chef d’entreprise PME qui n’embauchera plus, à coup sûr, faute de pouvoir un jour débaucher si les affaires vont mal.
Il faut comprendre qu’à la différence du fonctionnaire qui le jugera, le chef d’entreprise PME n’a pas lui, le temps d’attendre : il ira droit au Tribunal de Commerce.
La deuxième mesure consiste à passer à 35 heures payées 39 : je prédis comme conséquence un cimetière de PME.
Le poids des salaires et charges fait l’essentiel de nos frais généraux. Les alourdir brutalement de la sorte, c’est condamner des milliers des nôtres à la fermeture. Les auteurs de ce projet n’ont jamais tenu boutique, atelier o usine, c’est évident !
La troisième mesure vise à créer 7000 000 emplois. C’est de l’incantation pure et simple ? Pourquoi pas 1 million ?
On nous dit : 350 000 seront places dans le secteur public. Nous, nous traduisons en termes clairs, que ces emplois-là financés par nos impôts alourdis ou par un déficit public aggravé.
Quant aux 350 000 emplois qu’on veut faire créer par le secteur privé, il faudrait expliquer comment on y arrivera quand, dans le même temps, on augmente la charge du coût salarial (35 heures payées 39) et quand on ne pourra débaucher qu’après avoir obtenu l’autorisation préalable de licenciement d’un fonctionnaire d’un fonctionnaire de l’Etat, fonctionnaire, je le répète encore et encore, irresponsable de notre gestion.
C’est atterrant ! C’est un retour en arrière tétanisant quand on a le souvenir du passé. C’est pour le moins absurde, pour rester dans les attributs de convenance.
Le programme socialiste, sur ces seuls 3 points d’ordre économique, se condamne aux yeux des PME-PMI travaillent, eux, on le sait, à leur compte et à leurs risques sans pouvoir les partager et s’en remettre à quiconque.
Une puissante et longue vague de chômage accru sera la conséquence de ces trois mesures d’un autre âge.
Ce que je promettais, de toute façon, de dire devant ce Comité directeur, je l’aurai donc dit, aujourd’hui, devant vous, Monsieur le Premier ministre. Je m’en félicite car cela ne devrait qu’en prendre plus de relief.
Alors qu’il nous faut créer 1 million de PME-PMI supplémentaires par rapport aux flux naturel d’ici à l’an 2000, grâce notamment à un assouplissement marqué de la législation du travail, alors que nous devons accroître nos parts de marché à l’exportation, alors que – comme promis par vous – nous attendons moins d’impôts, moins d’Etat – comme encore promis par vous – alors que nous réclamons la réhabilitation du profit, le respect de l’épargne, le culte de la réussite et de l’épanouissement personnel, nous ne pouvons tenir nous-mêmes ou entendre tenir, par des hommes politiques aspirant au pouvoir, des propos d’anciens combattant.
Et Lucien Rebuffel de conclure : Vous jouez, Monsieur le Premier ministre, le Président et vous, sur un nouvel élan. Nous ne cessons de l’espérer, les yeux fixés sur le taux de croissance et sur une Europe conquérante.
Vous jouez sur le Patronat qui crée des emplois : 1 300 000 emplois nets dans les PME de moins de 200 salariés depuis 15 ans.
Ce Patronat-là, offensif, courageux du travail, vous l’avez devant vous, représenté par son encadrement national.
Vous pouvez lui tenir un langage de volonté et l’espérance.
Il n’attend que cela.