Éditorial de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Français d'abord" de la première quinzaine de mars 1996, et communiqué paru dans "Présent" du 19 mars, sur la réforme de l'armée et ses conséquences sur l'industrie d'armement et la création par M. Le Pen d'un comité de soutien à l'armée et aux industries de défense.

Prononcé le 1er mars 1996

Intervenant(s) : 

Média : Français d'abord - Présent

Texte intégral

Date : 1re quinzaine de mars 1996
Source : Français d’Abord

Vers l’armée de métier ? Non, vers l’armée de moitié.

Chirac a besoin de gros sous. Alors, il coupe dans les budgets. Oh, rassurez-vous, pas ceux destinés aux casseurs des banlieues, ou aux pseudo-artistes chers au ministre de la (sous-) culture, Philippe Douste-Blabla.

Chirac, pas téméraire pour un sou, coupe les vivres à la Grande Muette. Dans les grandes largeurs, puisqu’il a décidé de réduire l'armée de terre de moitié. Pour faire avaler la pilule, il a trouvé un stratagème : créer l'armée de métier. En fait, il faudrait plutôt dire qu'il ne reste plus, dans le système de Défense français, que l'armée de métier. Une nouvelle fois, Jacques Chirac trahit ses électeurs. Il promettait hier une grande politique pour la France. Il brade aujourd'hui notre défense.

Le premier devoir de l'État, c'est d'assurer la sécurité des citoyens, première des libertés. Or la réforme de Chirac va aux antipodes et masque l'essentiel, à savoir une réduction aussi drastique que dramatique en hommes et en matériels de nos forces armées, autrement dit le démantèlement de notre système de défense. Nous étions déjà depuis belle lurette sous le seuil minimal de sécurité. La situation d'aujourd'hui est proprement catastrophique.

L'armée de métier est devenue une nécessité, que le Front national défend depuis plus de vingt ans. Mais avec Chirac, ce n'est pas l'armée de métier que l'on met sur pied, c'est l'armée de moitié, puisqu'il dissout les régiments d'appelés sans les remplacer par des unités professionnelles. D'où la légitime inquiétude des cadres d'active.

La conscription a fait son temps. Mais il ne faut pas pour autant la remplacer par n'importe quoi. Si, selon nous, il est souhaitable que soit instauré un service militaire volontaire, ouvert aux garçons comme aux filles, correctement rémunéré, et préparant réellement les jeunes au combat, nous sommes en revanche résolument opposés au « service civil », qui ne ferait qu'ajouter l'impôt du temps à la pression fiscale intolérable qui pèse sur les Français.

Cette réforme camoufle également la disparition, sous couvert de restructuration, de nos industries de défense. On nous dit que Dassault et Aérospatiale seront bientôt mariés. Mais unir deux grands malades ne donne pas naissance à un organisme bien portant... Ce sont les retards accumulés par la non-exécution des lois de programmation successives qui ont entraîné des surcoûts insupportables. Les prototypes qui devaient permettre des productions en série, restent donc souvent à l'état d'échantillons, hors de prix et imparfaits, invendables sur les marchés extérieurs... C'est le cercle vicieux érigé en modèle socio-économique ! Quant aux protestations indignées des député-maires des villes de garnison ou des arsenaux, il est cocasse de les voir se mobiliser pour la défense de leurs ouailles alors que depuis des années, ils votent la réduction massive des crédits militaires !

Quel paradoxe aussi que ce soit un gouvernement soi-disant gaulliste qui ait décidé de réintégrer l'OTAN ! L’OTAN était légitime au moment de la guerre froide. Elle est en train de sortir de sa vocation première et de se transformer en bras armé du Nouvel Ordre Mondial. En fait, notre retour dans le giron de l'OTAN signe notre vassalisation. La fin de notre industrie d'armement, la fin de nos essais nucléaires, font que, non content de nous muer en supplétifs du Nouvel Ordre Mondial, de voir nos soldats devenir la chair à canon de l'ONU, nous allons nous transformer en débiteurs obligés de l'administration américaine. Tout cela relève d'une seule et même logique, que nous combattons ardemment.

Face à ce gâchis qui entérine notre renonciation au statut de grande puissance, face à la lâcheté indigne des politiciens et des hauts fonctionnaires, généraux en tête, qui derrière une agitation de façade, sont résignés, seul le Front national a le courage de dire non et de proposer des solutions. En ce domaine, j'ai dressé un constat et émis un certain nombre de propositions, dans un dépliant que vous pouvez obtenir en écrivant à : « FN - Antenne Défense - 4, rue Vauguyon, 92210 Saint-Cloud ». Procurez-le-vous, faites-le lire, diffusez-le. C'est également cette « Antenne Défense » qui gèrera le comité de soutien à l'armée et aux industries de défense que j'ai décidé de créer, et auquel j'invite à se joindre toutes celles et tous ceux qui s'inquiètent légitimement de la mort programmée de l'armée française. L'heure n'est plus aux circonlocutions et aux faux-semblants, mais à l'action et l’engagement. Il en va de notre avenir. Et le temps perdu ne se rattrape jamais.


Date : 19 mars 1996
Source : Présent

« Le jeudi 22 février, Jacques Chirac rendait public un inacceptable projet de « réforme », qui se traduira dans les faits par un affaiblissement de nos armées et un démantèlement de nos industries de défense.

Le lendemain, Jean-Marie Le Pen annonçait la création d'un comité de soutien à l'armée et aux industries de défense, auquel de très nombreux cadres de tous grades, d’active, de réserve ou en retraite, ainsi que de très nombreux employés des industries de défense ont manifesté leur adhésion.

« Le Var, premier département militaire de France, et à ce titre première victime des réformes envisagées par Jacques Chirac, formalise aujourd'hui la constitution du Comité varois de soutien à l'armée et aux industries de défense.

« C'est le début d'une longue série d'actions locales, qui se dérouleront partout où des unités sont menacées de dissolution, partout où les réformes envisagées risquent de provoquer des licenciements ou des fermetures d'entreprises.

« Le vaste mouvement qui se dessine en France peut et doit contraindre le chef de l'État à revoir sa copie. »