Texte intégral
Date : 24 mai 1996
Source : L’Humanité
Nicole Notat : « Nous nous retrouvons, j'en suis ravie »
L’Humanité : Il y a longtemps que la CFDT et la CGT ne s'étaient pas retrouvées ensemble pour une journée d'action nationale…
Nicole Notat : Vous avez la mémoire courte. Nous avions manifesté ensemble la veille de l'annonce du plan Juppé, au mois de novembre, avec la CGT, FO, l'UNSA, la FSU. C'est donc seulement six mois après que nous nous retrouvons une nouvelle fois ensemble – j'en suis ravie – autour d'un objectif précis : la réduction de la durée du travail pour créer des emplois. L'objectif principal est d'améliorer la vie de ceux qui ont un emploi, mais aussi de permettre à ceux qui n'en ont pas d'avoir du travail.
L’Humanité : Quelle seront les suites de cette action ?
Nicole Notat : La revendication sur la réduction du temps de travail ne sera pas gagnée dès ce soir. Il y aura de nouvelles étapes de mobilisation quasi quotidiennes à organiser. Nous avons l'intention de poursuivre dans les semaines et les mois à venir cette action permanente, persévérante, pour que la baisse du temps de travail devienne une véritable réponse au problème de l'emploi. Avec tous les syndicats qui auront, avec nous, envie d'en faire un thème d'action prioritaire.
L’Humanité : Quels autres sujets vous préoccupent ?
Nicole Notat : La CFDT s'engagera dans certaines actions du mois de juin dans certaines entreprises publiques, tels EDF-GDF et France Télécom par exemple. La CFDT est dans l'action lorsque des décisions négatives sont prises pour les salariés, lorsque des problèmes qui sont au cœur de la société et de la vie des Français ne sont pas bien traités, soit par le gouvernement, soit par le patronat.
Date : 24 mai 1996
Source : L’Humanité
Louis Viannet : « Vers un mois de juin combatif »
L’Humanité : Ce jeudi représente-t-il un pas de plus sur le chemin de l'unité syndicale ?
Louis Viannet : C'est déjà une nouvelle étape dans la mobilisation et le rassemblement des salariés. C'est la première grande initiative de caractère unitaire sur cette question décisive, et difficile, de la réduction du temps de travail. C'est un formidable appui pour affronter le refus patronal et le blocage gouvernemental. Forcément, cette journée va aussi aider à la compréhension de la nécessité de poursuivre et d'élargir le processus unitaire. Nous n'ignorons pas les différences de positions ou de propositions qui peuvent exister. Mais nous considérons qu'il n'est pas indispensable d'être d'accord sur tout pour agir ensemble. Ensuite, lorsque sur un problème aussi important on se heurte à un refus brutal, il n'y a pas d'autre réponse pour faire sauter le verrou que la mobilisation la plus large possible.
L’Humanité : Prévoyez-vous, dès à présent, d'autres rendez-vous ?
Louis Viannet : Nous en sommes à un point où personne ne peut définir les contours du prolongement, Mais je peux déjà dire que l’appel que nous avons lancé, pour faire du 6 juin une grande journée nationale et interprofessionnelle d'action pour le développement des services publics, a de l'impact, Il va prendre appui sur l'élan que ce 23 mai va donner. Cela va également susciter nombre de réflexions et de discussions pour, au-delà même du 6 juin, réussir un grand rassemblement, le 25 juin à Lyon, à l'occasion de la réunion du G7. Au niveau régional, cette initiative se prépare dans l'unité. Nous espérons bien lui donner une dimension nationale. C'est donc un mois de juin particulièrement combatif qui s'annonce.
Date : 24 mai 1996
Source : L’Humanité
Michel Deschamps : « Les salariés attendent l'après-décembre »
L’Humanité : Cette manifestation marque-t-elle une nouvelle étape vers l'unité syndicale ?
Michel Deschamps : Je le souhaite. J'espère qu'il s'agit d'une étape de plus dans la mobilisation. Je reste persuadé que les salariés attendent l'après-décembre. J'ai envie de poser une question à tous les gens qui manifestent ici, comme à ceux qui ne sont pas là : qu'est-ce que l’on attend pour être à nouveau tous ensemble ? La situation véritablement l'exige. Tant mieux donc si c'est une étape. Tant mieux si à nouveau nous sommes au côté de la CFDT. Tant mieux si demain avec la CFDT, avec CGT et avec FO, on peut être à nouveau dans le « tous ensemble ».
L’Humanité : Quels prolongements entendez-vous donner à cette journée ?
Michel Deschamps : À la FSU, nous avons évidemment le problème très particulier de l'école, des états généraux de l'enseignement et des conclusions du rapport Fauroux. Nous allons donc couvrir aussi ce champ très précis. Parce que le champ de l'école dépend directement de nous et que personne ne se battra sur les questions de l'école à notre place. Mais au-delà s'ouvre le terrain des services publics et des secteurs publics. En la matière, il y a une vraie urgence à se mobiliser très vite. On a perdu du temps. Je considère que la gestion du mouvement social en décembre n'a pas été bonne.
On a perdu plusieurs mois avant de prendre les dispositions pour une mobilisation que tout appelle. Le gouvernement, lui, n'a pas perdu de temps : il avance sur ces objectifs. Et même les aggrave lorsque l'on voit ses propositions sur les budgets de la Fonction publique. Or, dans le même temps, le mouvement social marquait le pas depuis décembre.