Texte intégral
Je voudrais tout d'abord vous dire le plaisir qui est le mien d'être aujourd'hui parmi vous à Valenciennes pour parler de l'euro.
Pourquoi avoir choisi ce thème ? parce que l'euro arrive demain matin et qu'il faut donc s'y préparer dès maintenant. Ce changement de monnaie appellera la mobilisation de tous. Je me réjouis à cc titre de la présence aujourd'hui parmi nous de Gérard Trémège : Il vient de nous dire à quel point il est déterminé à mobiliser le réseau des chambres de commerce et d'industrie sur cet objectif.
Pourquoi avoir choisi d'en parler à Valenciennes ? Bien sûr pour le plaisir qui est le mien d 'effectuer aujourd'hui cette visite dans le Nord et d'y saluer notamment le maire de Valenciennes, Jean-Louis Borloo.
Mais aussi pour trois raisons de fond bien précises :
Le Valenciennois est une région très durement frappée par la crise et le chômage : or l'arrivée de l'euro est un facteur d'optimisme, car la monnaie unique : est favorable à la croissance et donc à l'emploi. Quelle région pourrait mieux que celle-ci, comprendre ce message ?
Le Nord est un département frontalier : à ce titre il est, plus que d'autres, attaché aux progrès de la construction européenne. Or l'euro, c'est un formidable bond en avant dans la construction européenne.
Enfin, Valenciennes dispose d'une chambre de commerce importante et dynamique. Pour faire face à ce grand défi que constitue le changement en six ans de notre monnaie, les chambres de commerce auront un rôle essentiel à jouer, en matière de sensibilisation, de conseil et d'accompagnement. Je remercie donc le Président Flamant de me donner aujourd'hui l'occasion de parler de l'euro dans ces murs.
Nous avons suivi depuis plus de vingt ans les progrès de la coopération monétaire en Europe.
Mais que savons-nous concrètement de l'euro ? Pourquoi représente-t-il pour notre pays une chance historique ? Que faisons-nous pour nous y préparer ? Comment pouvons-nous nous organiser pour tirer le maximum de bénéfices de l'arrivée de l'euro ? Comment faire pour que chacun puisse assumer sans trop de difficulté ce grand virage que constitue un changement de monnaie ?
Si vous le voulez bien, c'est à ces quelques questions que je consacrerai mon propos introductif. Je forme le vœu que nous puissions engager ensuite une discussion très libre et très directe.
Je suis venu à Valenciennes avant tout pour écouter et dialoguer. Car l'euro sera bientôt notre monnaie commune, celle des particuliers comme celle des entreprises. Et c'est aux forces vives de la Nation, que vous représentez, qu'il appartiendra de tirer de cette nouvelle monnaie les progrès que nos compatriotes attendent.
J'attache donc la plus grande importance à ce moment privilégié d'échange avec vous. Pour introduire notre débat, je vais tenter de vous faire partager trois convictions :
– l'arrivée de l'euro est une chance pour notre pays ;
– nous devons nous préparer dès maintenant à cette échéance ;
– cette mobilisation générale constitue une priorité de l'action du gouvernement.
1. premier point : l'arrivée de l'euro est une chance pour notre pays.
Le débat sur la question de savoir s'il faut faire ou non la monnaie unique est derrière nous. Le peuple français a approuvé par référendum le traité de Maastricht. Le Président de la République a rappelé à plusieurs reprises avec force la détermination qui est la sienne et celle du gouvernement de voir notre pays disposer de l'euro dès le premier janvier 1999.
Nos compatriotes ; eux-mêmes, lorsqu'ils sont interrogés, se déclarent, pour 57 % d'entre eux spontanément favorables à la mise en place de la monnaie unique européenne.
Il ne s'agit donc pas de réouvrir des débats qui sont dépassés. Mais il est bon d'avoir présentes à l'esprit cinq bonnes raisons que nous avons de nous être engagés résolument dans cette voie.
1. Le développement des autres continents, je pense notamment à l'Asie, a pour effet mécanique de diminuer le poids relatif des pays européens dans l'économie mondiale. Ces derniers n'ont donc d'autre choix, s'ils veulent peser demain dans le monde, que de s'unir.
Leur union ne doit pas être qu’économique. Elle doit être aussi politique, culturelle, dans le respect de l'identité des nations qui la composent.
L'euro nous donnera les moyens de disposer demain d'une grande monnaie internationale, dont le poids comptera face au dollar ou au yen. C'est en quelque sorte l'assurance de pouvoir faire entendre notre voix dans le monde au XXIème siècle.
En décidant de partager la même monnaie, les pays européens s'engagent dans une dynamique politique extrêmement puissante. On présente souvent la monnaie unique comme une affaire technique ou purement financière. Mais comment ne pas voir que le visage de l'Europe aura radicalement changé le jour où l'euro sera la monnaie commune aux pays qui la composent ? L'arrivée de l'euro représente un pas absolument décisif dans la construction européenne.
2. Le partage d'une même monnaie facilitera les échanges au sein de l'Union européenne, Or le développement des échanges contribue de façon essentielle à la croissance.
Plus de 25 % de notre produit intérieur brut est exporté. La France est un pays ouvert sur l'extérieur, qui tire sa force de sa capacité à développer ses échanges, pour peu qu'il sache maintenir un haut niveau de compétitivité. Les très bons résultats de notre commerce extérieur montrent que tel est le cas aujourd'hui. Sachons cultiver cet atout dans la durée et nous tirerons des bénéfices encore supérieurs de l'euro.
Plus d'échanges signifie plus de croissance et donc plus d'emploi.
3. Parce qu'il sera une monnaie solide et crédible, l'euro nous permettra de disposer de taux d'intérêt faibles.
Les marchés se sont convertis à l'euro depuis quelques mois : avant le sommet de Madrid au mois de décembre dernier, le scepticisme régnait. La détermination affichée par les gouvernements, la crédibilité des mesures qu'ils ont prises pour assurer le succès de l'entreprise ont fait basculer les anticipations des marchés.
Quel en a été le résultat ? les taux d'intérêt ont partout baissé en Europe et singulièrement en France.
Or des taux d'intérêt bas, cela veut dire plus d'investissement, donc plus de croissance et par conséquent plus d'emploi. Par ce biais également, l'arrivée de l'euro est un facteur favorable à l'emploi.
4. L'euro, c'est la stabilité. Stabilité d'une monnaie solide qui garantira l'épargne, par l'assurance d'une inflation faible.
Stabilité des changes également à l'intérieur de l'Europe et meilleure stabilité des changes au plan mondial. Parce qu'il sera plus « lourd » que chacune des monnaies européennes aujourd'hui, l'euro contribuera à limiter les fluctuations monétaires.
Nous mesurons tous les jours les perturbations qu'elles entraînent. Parce qu'elles rendent l'environnement instable, elles pénalisent l'investissement, favorisent la délocalisation d'emploi et freinent la croissance. Ceux d'entre vous qui vendent leurs produits ou leurs services sur la scène internationale, savent bien ce que coûte l'obligation de fixer le prix dans une monnaie autre que celle que l'on utilise pour payer les salaires et l'ensemble des charges de production.
Plus de stabilité, cela veut donc dire plus de sécurité et plus d'emploi.
5. L'euro renforcera enfin le dynamisme de notre économie. Nos compatriotes craignent parfois que la monnaie unique n'entraîne plus de concurrence étrangère, qu'elle ne remette en cause les acquis sociaux.
Mais pensons-nous vraiment pouvoir vivre demain à l'abri de la concurrence internationale ? La mondialisation est irréversible. Nous ne devons pas la craindre, mais l'apprivoiser pour en tirer parti.
Au moyen-âge, on se réfugiait dans un château fort. Les progrès de l'artillerie ont rendu ce mode de défense caduc. Il n'y a pas si longtemps, on pensait pouvoir se protéger à l'abri de la Ligne Maginot. La guerre de mouvement a démontré l'inanité de ce concept.
Ne poursuivons pas là chimère de protections monétaires illusoires. Donnons-nous en revanche des armes efficaces pour le combat. Disposer d'une monnaie solide et reconnue dans le monde, c'est la meilleure façon de préserver notre niveau de vie et notre modèle social.
Pour le reste, procédons courageusement aux réformes de structures trop longtemps ajournées pour rendre la France plus compétitive, plus attractive et plus conquérante.
Oui, vraiment, notre pays a tout à gagner à l'arrivée de l'euro. J'en viens donc à mon...
Quelles sont les échéances qui sont devant nous ?
1. Au début de l'année 1998, les chefs d'Etat et de gouvernement arrêteront la liste des pays qui remplissent les critères de Maastricht et qui adhèreront à l'euro dès le 1er janvier 1999.
La France remplit dès aujourd'hui 4 des 5 critères de Maastricht : l'inflation, les taux d'intérêt, le stock de dette publique sont inférieurs aux maxima imposés par le Traité, notre monnaie enfin est stable à l'intérieur du mécanisme de change européen.
Le seul critère que notre pays ne remplit pas encore est celui imposant que le déficit des administrations publiques soit inférieur à 3 % du produit intérieur brut.
Nos déficits publics sont beaucoup trop élevés. Qu'il y ait Maastricht ou qu'il n'y ait pas Maastricht, nous serions dans l'obligation de baisser le niveau de nos déficits publics.
Pourquoi ? parce qu'on ne peut, tout simplement, dépenser durablement plus que ce que l'on gagne. La bonne gestion nous impose donc de ramener rapidement nos déficits publics à un niveau raisonnable, c'est à dire, largement en dessous de 3 % du PIB.
Si nous ne faisions cet effort nécessaire, la charge de la dette publique continuerait à augmenter plus vite que notre richesse nationale, c'est l'effet « boule de neige » L'épargne nationale, au lieu de financer comme il se doit l'investissement, c'est à dire l'emploi, servirait indéfiniment à financer nos déficits courants.
Est-il raisonnable d'emprunter pour payer les dépenses de fonctionnement ? A l'évidence non. C'est pourtant ce que nous faisons depuis de trop nombreuses années.
Nous devons redresser d'urgence la barre. C'est pourquoi le gouvernement s'est engagé résolument dans un programme de réduction de la dépense publique. Ceci nous permettra de baisser également les prélèvements obligatoires qui, comme l'a rappelé le Président de la République, atteignent aujourd'hui des niveaux insupportables, qui pénalisent l'initiative, la croissance et l'emploi.
Cet effort de bonne gestion, nous l'avons engagé, parce qu'il correspond à nos intérêts. L'euro nous sera donné en prime. En 1995 les déficits publics ont été ramenés à 5 % du PIB, en 1996 notre objectif est de 4 % et en 1997 de 3 %.
Nous serons ainsi qualifiés pour la participation à l’euro dès le 1er janvier 1999, puisque c'est sur la base des résultats enregistrés au cours de l'exercice 1997 que les chefs d'Etat et de gouvernement arrêteront la liste des pays participants au début de l'année 1998.
2. la deuxième étape importante, c'est le 1er janvier 1999. A cette date, les parités des monnaies participantes seront définitivement bloquées et l'euro sera créé.
Le franc ne disparaîtra pas tout de suite. Nous aurons, pendant trois ans et demi, deux expressions monétaires, l'euro et le franc, qui représenteront la même réalité économique et juridique.
Les marchés financiers « de gros », c'est à dire les marchés monétaires, interbancaires et des changes, fonctionneront dès cette date en euro. Les Etats émettront leur dette publique en euro, la politique monétaire sera conduite par la Banque centrale européenne en euro.
Les particuliers et les entreprises continueront pourtant à utiliser le franc, pour leurs opérations courantes.
Pourquoi procéder ainsi ? Il n'est pas possible de basculer brutalement dès le départ toutes les opérations dans la nouvelle monnaie. Il faut le temps d'imprimer les nouveaux billets de banques et les nouvelles pièces de monnaie.
Mais il faut aussi que, dès le départ, un signe crédible soit donné, qui garantisse que tous les pays qui s'engagent dans cette aventure le font de manière irréversible.
Qu'arriverait-il en effet si un grand pays qui s’engage en 1999 dans l'euro décidait ultérieurement de se retirer ? Des perturbations extrêmement graves sur les marchés des changes. Le fonctionnement, dès l'origine, des marchés financiers en euro garantit que chaque Etat participant ira au bout de la démarche.
3. troisième étape : le 1er janvier 2002. A cette date, les nouveaux billets et les nouvelles pièces, libellés en « euro » et en « cent (le centime de l'euro) » seront introduits et échangés contre les billets et les pièces libellés en franc.
La période de double circulation durera au maximum six mois. Il faut laisser le temps aux particuliers d'échanger leurs encaisses. Cette période ne doit pas être trop longue, car il n'est pas très simple pour les opérateurs de laisser deux catégories de signes monétaires circuler simultanément trop longtemps.
4. quatrième et dernière étape : le 1er juillet 2002 au plus tard, seuls les billets et pièces libellés en euro et en cent auront cours légal. Nous aurons alors définitivement adopté notre nouvelle monnaie. Le processus de basculement sera achevé.
Voilà pour le scénario de passage à l'euro. Qu'en retenir pour les entreprises comme les nôtres ?
Jusqu'au 1er janvier 2002, les opérations courantes continueront à être effectuées en francs. La comptabilité sera tenue en francs. Les obligations fiscales et sociales seront honorées en francs.
A partir du 1er janvier 2002, les opérations seront effectuées en euro. Pendant six mois au plus à partir de cette date, les commerçants et artisans continueront à accepter des paiements en francs.
On peut penser que le 1er janvier 2002 est une échéance lointaine. C'est vrai, cela permet de nous préparer. Mais si l'on mesure les efforts nécessaires, nous sommes obligés de convenir que le temps nous est compté.
C'est la raison pour laquelle il faut nous mettre à la tâche sans attendre. Quels sont les enjeux ? J'en vois quatre.
1. un enjeu informatique tout d'abord : le changement de monnaie nécessitera une adaptation de nos chaînes de traitement informatique. Plus ces changements seront anticipés, moins leur mise en œuvre sera coûteuse.
2. un enjeu juridique : les contrats qui lient nos entreprises à leurs fournisseurs et clients sont aujourd'hui libellés en franc. Ils le seront demain en euro. Il faut se préparer à ce changement et s'assurer de la continuité juridique des contrats.
3. un enjeu matériel ensuite : beaucoup d'appareils automatiques (automates, caisses enregistreuses, paramètres) sont construits pour traiter des paiements en francs. Demain, ils devront accepter des paiements en euro. Là aussi, l'anticipation est la clé du succès.
4. un enjeu commercial enfin : nos compatriotes devront être assistés dans le changement de monnaie. Le gouvernement jouera bien entendu son rôle dans ce domaine, j'y viens dans un instant. Mais il me semble que les entreprises qui sauront aider leurs clients à s'adapter bénéficieront auprès d'eux d'une image favorable.
J'observe par exemple avec intérêt les initiatives prises par de grandes banques allemandes pour expliquer l'arrivée de l'euro à leurs clients dès aujourd'hui.
Je compte donc sur une réelle mobilisation des opérateurs économiques, encouragée par les organismes consulaires. Le gouvernement quant à lui se prépare activement. Ce sera mon troisième et dernier point.
3. Cette mobilisation générale constitue en effet dès aujourd'hui une priorité de l'action gouvernementale.
La première priorité est d'assurer le meilleur environnement possible pour l'arrivée de l'euro.
J’évoquerai rapidement ce point, quitte à ce que nous y revenions au cours de notre débat. Je dirai simplement que trois chantiers principaux sont ouverts dans ce domaine :
D’abord la création d'un « pacte de stabilité » entre les pays qui adhéreront à l'euro, propre à assurer un comportement budgétaire raisonnable de tous les participants après le 1er janvier 1999. Il ne s'agit pas que le défaut éventuel de vigilance de tel ou tel Etat puisse mettre en péril la stabilité et la solidité de notre monnaie commune.
Ensuite la mise en place d'un nouveau mécanisme de change, successeur de l'actuel SME, entre l'euro et les monnaies des Etats qui ne participeront pas dès le 1er janvier 1999 à la monnaie unique. Il s'agit de prévenir les risques de fluctuations monétaires excessives entre l'euro et les monnaies de ces Etats.
Le statut juridique de l'euro enfin. Nous devons mettre au point avec nos partenaires un statut juridique sûr et fiable, qui tienne compte de la particularité que constitue le double emploi de l'euro et des monnaies nationales entre le 1er janvier 1999 et le 1er juillet 2002.
Sur ces trois points, le Conseil Européen de Florence devrait prendre acte des progrès importants que mes collègues des 14 autres pays de l'Union Européenne et moi-même avons réalisés à Vérone au mois d'avril.
Les travaux se poursuivront au cours du second semestre de cette année. Nous nous sommes fixé comme objectif d'achever ces travaux pour la fin de l'année.
La deuxième priorité, c'est la préparation des administrations publiques à l'arrivée de l'euro.
Par la masse des opérations qu'elles traitent, les administrations publiques joueront un rôle déterminant dans le succès de l’opération. Leur préparation précoce aura également un effet d'entraînement pour l'ensemble de la société.
Le Premier Ministre a arrêté le 22 mars dernier des dispositions particulières pour s'assurer du succès de cette entreprise. J'ai créé, au sein du ministère des finances, une mission spéciale, chargée de coordonner les opérations de basculement de toutes les administrations publiques.
Comme pour les entreprises, l'échéance peut paraître lointaine, mais c'est dès maintenant qu'il faut s'y préparer. Nous avons pris les dispositions nécessaires pour qu'il en soit ainsi.
La troisième priorité, c'est la mobilisation des opérateurs économiques.
La manifestation qui nous réunit aujourd'hui témoigne de l'importance que le gouvernement lui attache.
Le Président du comité consultatif du conseil national du crédit a été chargé, au mois de janvier dernier, de prolonger les travaux déjà réalisés en 1995 dans cette enceinte, qui visent à appréhender les problèmes posés à toutes les catégories d'opérateurs économiques.
Le secteur bancaire sera le premier à basculer, puisque de nombreuses opérations seront traitées par lui en euro dès le 1er janvier 1999. Des travaux ont été engagés, avec la Banque de France, la direction du Trésor et la profession bancaire, pour mettre au point des « schémas de place » qui permettent à chacun de prévoir dans les meilleures conditions possibles les adaptations qu'il doit envisager.
Mais il faut également sensibiliser et accompagner les travaux de préparation dans tous les autres secteurs économiques. C'est ici que le réseau des chambres de commerce et d'industrie doit jouer un rôle moteur. Nous en avons parlé.
4. la quatrième action prioritaire du gouvernement, c'est la communication.
L'euro ne sera pas une monnaie réservée aux intermédiaires financiers ou à quelques élites privilégiées. Ce sera la monnaie de tous les français. A ce titre, son introduction mérite un effort de communication très important car il va falloir informer, expliquer et rassurer.
Certains pays, comme l'Allemagne par exemple, se sont lancés très rapidement après le sommet de Madrid dans un effort de communication à l'égard du grand public.
Le gouvernement n'a pas fait ce choix, parce que, contrairement à l'Allemagne, l'opinion publique en France est majoritairement et spontanément acquise à l'euro.
Nous avons en revanche mis ce temps à profit pour préparer un effort de communication intense, qui doit demeurer cohérent sur toute la période de son déroulement, c'est à dire six ans.
J'ai mis en place un observatoire de l'opinion publique sur l'euro. Rassurez-vous, ce n'est pas un organisme lourd et coûteux ! C'est un sondage qui sera administré tous les six mois environ. Il permettra de suivre l'état de l'opinion publique sur cette question, de mieux comprendre les attentes de nos compatriotes et de mesurer l'impact des opérations de communication et d'information qui seront effectuées.
J'ai également sélectionné un cabinet de conseil en communication pour préparer un plan de communication sur six ans.
Nous devons en effet planifier notre effort, pour atteindre en temps voulu et dans l'ordre adéquat, les différentes catégories socio-économiques concernées.
Ce travail m'a été remis. Il est actuellement analysé par mes services. Le gouvernement arrêtera son plan de communication, sur cette base, avant le 30 juin prochain.
L'euro, je tiens à le souligner, concerne tout le monde, tous les français. Or la majorité d'entre eux n'habitent pas Paris ou la région parisienne.
C'est dire si chacune de ces actions doit être pensée et organisée de façon à impliquer toutes les régions françaises. Dois-je faire observer que je tiens à Valenciennes ma première grande manifestation sur ce thème ?
Qu'il s'agisse de mobilisation des acteurs économiques, de préparation des administrations publiques ou de communication les actions doivent être menées sur le terrain. C'est un point absolument capital.
C'est pourquoi j'ai demandé à chaque trésorier payeur général, dans son département de résidence, de relayer l'action gouvernementale et de coordonner les initiatives.
C'est d'autant plus nécessaire qu'il s'agit non seulement d'informer et de mobiliser, mais également d'écouter et de rendre compte des difficultés, des suggestions. Il faut organiser un véritable dialogue national sur cette opération.
L'arrivée de l’euro est notre affaire à tous.
Changer de monnaie n'est pas une opération simple. Certains ne continuent-ils pas à parler en anciens francs ?
Ceci nous demandera quelques efforts. Mais nous devons mesurer à quel point l'avènement de l'euro représente un formidable espoir pour notre société.
Je rencontrais, avant de venir vous voir, quelques élèves valenciennois qui ont travaillé sur ce thème et m'ont fait part de leurs réflexions. J'ai voulu, par ce signe, mettre en évidence le rôle que devrait jouer l'éducation nationale dans la préparation de notre société à l'arrivée de l'euro.
J'ai été frappé par l'enthousiasme de nos enfants pour ce projet. Quoi de plus normal au fond ?
Nos enfants sentent bien que leur avenir est lié à la place que la France saura occuper dans une Europe forte.
S'il ne devait donc y avoir qu'une raison de nous mettre hardiment à la tâche, ce devrait être, me semble-t-il, de tout faire pour réussir une mutation qui garantit leur avenir. Il est bien clair que l'avènement de l'euro consacre d'abord et avant tout une vision et une volonté essentiellement politiques.
Je vous remercie.