Texte intégral
Un contrat d’apprentissage sur quatre est rompu avant son terme, 70 % des apprentis quittent leur employeur à l’issue de leur formation, un tiers des apprentis connaissent le chômage. Ces constats nuancent, pour le moins, le discours partisan des zélateurs d’une filière de formation, qui n’échappe pas à la dégradation du marché du travail.
En 1995, une étude conjointe du ministère de l’Éducation nationale (DEP) et du ministère du Travail (DARES) (1) laisse apparaître un taux élevé de ruptures de contrats d’apprentissage (24,8 %) et un faible pourcentage (20 à 25 %) d’apprentis embauchés par l’entreprise formatrice (2). Une étude complémentaire menée en 1996 par la DEP confirme malheureusement cette situation (3) préjudiciable aux jeunes engagés dans cette voire de formation initiale sous contrat de travail.
Un contrat sur quatre rompu avant son terme.
À partir d’un échantillon de jeunes ayant signé un contrat d’apprentissage en 1993 et interrogé en octobre 1996, il ressort un taux de rupture de contrats de 27 %.
Les trois quarts de ruptures interviennent au-delà du troisième mois d’apprentissage.
Ces ruptures ne signifient pas systématiquement un abandon de la formation ; un tiers des apprentis signant un deuxième contrat d’apprentissage, dont 6 % avec le même employeur. D’après la DEP cet enchaînement de contrats ramène en réalité à 22,5 % le pourcentage des abandons de la filière apprentissage.
Trois jeunes sur dix restent au sein de l’entreprise.
L’enquête indique que trois jeunes sur dix restent dans l’entreprise à l’issue de leur contrat d’apprentissage. Ce sont le plus souvent de diplômés.
Cela ne signifie pas pour autant à la signature d’un contrat de travail de type CDD ou CDI. Cette situation ne concerne qu’un peu plus d’un apprenti sur dix.
Au terme de leur formation, 20 % des apprentis signent un nouveau contrat d’apprentissage dans la même entreprise et 4 % un contrat de qualification ou d’adaptation. L’allongement de la durée de formation dans le second degré s’observe donc également en apprentissage.
Ces chiffres confirment une très faible insertion dans l’entreprise formatrice (30 %) qui contraste fortement avec le système dual d’outre-Rhin où les taux d’insertion atteignent 90 %.
Un tiers des apprentis connaissent le chômage.
Si 33 % des jeunes ont un contrat de travail à l’issue de l’apprentissage (CDD ou CDI) la même proportion (33,3 %) sont au chômage. Les autres situations se répartissent entre service national (13 %), intérim (10 %) et dispositifs de formation et d’insertion.
Cette enquête de la DEP confirme que l’implication des employeurs dans la formation des jeunes, ne garantit pas à tous les coups l’insertion dans l’emploi. Pour autant il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain, l’apprentissage offre à de nombreux jeunes une véritable chance de qualification.
Sa qualité doit être améliorée, son financement doit privilégier l’activité formatrice et inciter les employeurs à embaucher les jeunes formés et non à la chasse aux subventions. Dans ce cadre, les branches professionnelles ont un sérieux défi à relever au service de l’emploi.
(1) DEP – Direction de l’Évaluation et de la Prospective. DARES – Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques.
(2) Note d’information DEP, septembre 1995. Première synthèse DARES, août 1995.
(3) Note d’information DEP, avril 1997.
Situation des jeunes ayant quitté leur entreprise d’apprentissage (*) octobre 1996.
Reprise d’études : 4,4.
Contrat d’apprentissage : 11,9.
Contrat de qualification ou d’adaptation : 4,0.
Contrat emploi-solidarité (CES) : 2,2.
Stage de la formation professionnelle : 9,3.
Salarié avec un contrat CDD ou CDI : 27,6.
Employé par une société d’intérim : 10,8.
Chômage : 31,2.
Service national : 15,6.
Autres : 1,5.
TOTAL : 62,2.
(*) Contrats rompus et contrats achevés en %.