Résolution du Comité national du PCF, et extrait de la conférence de presse de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, sur la présentation du processus d'élaboration des orientations et discussions en préparation du 29ème Congrès du PCF, Paris le 21 mai 1996, publiée dans "L'Humanité" du 22 mai 1996.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion du comité national du PCF à Paris les 20 et 21 mai 1996

Média : L'Humanité

Texte intégral

L’Humanité - 22 mai 1996

Pour une consultation des communistes sur une préparation nouvelle du 29e Congrès

Le Comité national s’est réuni les 20 et 21 mai. Il attire l’attention de l’ensemble des adhérents sur l’importance des travaux de cette session et sur ses propositions inédites pour la préparation du 29e Congrès de notre parti.

Le Comité national souhaite qu’elle s’inscrive dans le prolongement des progrès effectués en matière de discussion démocratique lors de nos derniers congrès.

Le Comité national a retenu l’idée d’une préparation qui s’articule autour de deux axes essentiels : donner la parole aux communistes et être à l’écoute de la société. Le 29e Congés doit permettre à chaque communiste d’être en toute liberté le coauteur des orientations politiques de son parti et d’élire ses directions. Dans le même temps, il doit permettre au Parti d’être davantage utile à notre peuple pour transformer la société, ce qui suppose de s’ouvrir plus largement à tout ce qui dans la société est porteur d’aspirations progressistes.

Le Comité national propose que la préparation du 29e Congrès vise deux grands objectifs.

D’une part, créer les conditions pour que soit franchie une étape dans l’essor de la vie démocratique du Parti et dans on unité. En portant à la connaissance des communistes tous les éléments du débat. En faisant en sorte que la prise de décision majoritaire sur nos orientations politiques laisse toute se place à la diversité des opinions. C’est ainsi que, dans l’esprit du 29e Congrès, « l’unité du Parti se construit, grâce à la confrontation de tous les points de vue, de la pluralité des opinions, qui permettent à chacun d’enrichir ses propres analyses et celles du Parti lui-même ».

D’autre part, la dynamique de cette discussion doit se nourrir d’une amplification des initiatives des communistes pour s’opposer aux mauvais coups, obtenir des améliorations immédiates, et avancer dans la construction d’une alternative de progrès. Ce qui appelle une présence accrue dans les luttes avec nos propositions. Et indissociablement un large déploiement de nos initiatives de rencontres et d’échanges avec les citoyens et les forces politiques progressistes, dans le cadre d’ateliers de réflexion et d’espaces de dialogues que nous voulons créer dans le prolongement des forums. La Fête de l’Humanité et sa préparation y contribueront.

Ces réflexions conduisent le Comité national à proposer une façon inédite d’organiser la discussion du congrès.

Dans un premier temps, il est demandé que soit organisée la consultation des communistes afin de leur permettre de choisir les questions politiques essentielles dont ils veulent débattre durant ce congrès, la façon d’organiser mes discussions et le calendrier qu’implique ce débat.

Cela va nécessiter de gros efforts de la part des directions du Parti afin que, sous une forme ou sous une autre, dans sa cellule ou une assemblée d’adhérents, chaque communiste qui le désire puisse donner son avis. Les comités de section et les comités fédéraux débattront et feront connaître au comité national les opinions exprimées.

A l’issue de cette consultation, une réunion du Comité national les 19, 20 et 21 juin donnera le coup d’envoi du processus de congrès proprement dit.

Les propositions que le Comité national soumet aux communistes sont les suivantes :

Le point de départ de la discussion préparatoire pourrait être un texte dans lequel le Comité national formulerait cinq grandes questions :
    – L’orientation politique du Parti ;
    – La société française dans la crise et les enjeux contemporains ;
    – Notre conception du changement de société et du monde ;
    – Nos propositions face aux problèmes actuels ;
    – La vie de notre Parti ;

Et ferait part de son opinion à leur propos. Il ne s’agirait pas d’une sorte de « ligne officielle » par rapport à laquelle les communistes auraient à se situer, mais de dire dans quel sens le Comité national réfléchit et propose de discuter.

Sur cette base, le document remis aux communistes pour engager la discussion comprendrait :  le rapport présenté au Comité de juin, un préambule aux question retenues, ces questions accompagnées de la réflexion du Comité national, et la discussion qui aura lieu au cours de cette réunion. Dès lors, tous les éléments seront à la disposition des communistes.

À l‘issue de ces travaux et sur la base de ce document, débuterait la discussion du congrès dans tout le Parti. À tous les niveaux, elle donnerait lieu à l’établissement de procès-verbaux des discussions, des idées et des propositions émises par les communistes.

Ceux-ci seraient recueillis par une commission élue pour assurer, conformément à nos statuts, la transparence des débats.

Vers la mi-octobre une nouvelle réunion du Comité national s’emploierait à faire le bilan de la discussion. À cette occasion, un texte serait rédigé qui viserait : d’une part, à faire le relevé de la discussion de façon à permettre à tous les communistes de se prononcer en toute connaissance des termes du débat dans l’ensemble du parti ; d’autre part, à partir des éléments de la discussion, il énoncerait les orientations que le Comité national proposerait de retenir.

Durant les mois de novembre et de décembre, ce document permettrait que les assemblées de cellule, les conférences de section et fédérales, ainsi que le congrès national discutent, enrichissent, modifient et se prononcent par leurs votes sur les propositions et les orientations qu’il contient.

Ce vaste débat serait organisé publiquement dans « l’Humanité », l’« Humanité Dimanche » et la presse communiste.

À cet effet, et dès la mi-juin, un « espace d’échanges d’opinions » serait ouvert pour permettre l’expression des communistes, et de ceux et celles que les questions mises en débat intéressent.

À la mi-octobre s’ouvrirait alors la tribune de discussion prévue par nos statuts.

Ce processus de discussion aboutirait à la tenue du congrès national du 17 au 21 décembre. Et c’est en tenant compte des opinions et votes émis au cours de cette préparation que le congrès se prononcerait par vote sur les grandes orientations politiques retenues et élirait la nouvelle direction nationale.

Telles sont les propositions et la démarche nouvelles de préparation du 29e Congrès que nous soumettons à la consultation des communistes.

Elles ont l’ambition de favoriser la maîtrise de la politique de leur parti par tous les communistes, au cours d’un processus d’élaboration qui sera le fruit d’un large et libre débat entre eux, enrichi d’un dialogue avec les citoyens.

Paris, le 21 mai 1996


L’Humanité - 22 mai 1996

Nouveau. – Le processus de préparation du 29e Congrès des communistes se veut une nouvelle étape dans le progrès de la vie démocratique du Parti communiste français.

À l’issue de la discussion au Comité national (voir pages 10 et 16), Robert Hue a rencontré la presse, puis a participé au « 20 heures » de France 2.

Robert Hue : « Un congrès dans l’esprit de la mutation du PCF »

Tout est neuf. Tout est inédit. Il est 16 h 45. La réunion du Comité national est terminée ; Robert Hue tient une conférence de presse dans une salle archicomble. « Ce que le Comité national vient de décider en témoigne : nous voulons que la préparation et la tenue du 29e Congrès du Parti constituent une important étape dans le progrès de sa vie démocratique. Nous voulons aller résolument de l’avant dans sa mutation.

« Qu’est-ce qui change vraiment ? », l’interroge-t-on. Robert Hue : Tout est inédit. Rien n’est cadré, ni au départ ni pour la suite de la discussion.

Une consultation pendant un mois

Le secrétaire national du PCF de donner le mode d’emploi du nouveau processus. Première étape : le Comité national propose aux communistes que la préparation du congrès se fasse à partir de questions. Nous leur soumettons les questions que nous pensons intéressantes, dans la cohérence de notre politique. Nous demandons à chaque communiste son avis sur chaque question comme sur l’ensemble du processus. Et nous attendons que chacun d’eux nus dise quelle est la nature des questions sur lesquelles il souhaite débattre. Cette consultation durera jusqu’au prochain Comité national les 19, 20 et 21 juin.

Le Comité national de juin

Robert Hue : « Lors de cette séance, nous ferons des propositions de questions aux communistes. Le Comité national donnera son opinion. Chaque membre du comité aussi. Y compris ceux qui ne seraient pas d’accord avec telle ou telle orientation. C’est cet ensemble-là qui sera porté à la connaissance de tout le parti.

Pendant quatre mois, tout le monde travaillera sur cette base, engagera des débats, apportera des amendements ou des propositions. Dans les cellules, les sections, les fédérations, on rédigera des procès-verbaux des discussions.

En octobre, la troisième étape

Une nouvelle réunion du Comité national travaillera à donner une cohérence à l’ensemble des questions posées dans les procès-verbaux, par le biais d’un texte. Ce texte prendra en compte toutes les opinions. C’est sur ce texte-là que les communistes seront appelés à voter. « C’est un processus complétement nouveau : il y a contribution à l’élaboration du texte et ensuite la possibilité de s’exprimer sur des choix différents de textes. »

Dans l’esprit de la mutation

Selon Robert Hue, « il faut que le congrès se prépare dans l’esprit de la mutation engagée dans ce parti. La mutation ne va pas connaître de pause. C’est un bond réel qu’elle va faire ». Question sur la place qu’auront des non-membres du PCF dans la préparation du congrès. Robert Hue souligne l’existence de regards nouveaux portés sur le Parti, par des personnes qui, pour autant, ne souhaitent pas adhérer au PCF. Au nom de quoi ces hommes et ces femmes ne prendraient-ils pas leur part dans notre réflexion et nos avancées ? Il annonce que la presse communiste sera ouverte, dès le mois de juin, à toutes les réflexions. Ce qui est nouveau, c’est notre volonté que ce congrès se prépare avec la société, y compris dans des réunions publiques. C’est une grande question de civilisation.

Unanimité

Le secrétaire national précise alors que sur ce nouveau processus de préparation d’un congrès il y a unanimité au sein du Comité national. Il ajoute qu’à l’issue du Comité national, « où il y a eu une très large discussion avec trente-six intervenants, la résolution reprenant les propositions du rapport a été adoptée à l’unanimité des présents, Guy Hermier et Roland Favaro avaient fait savoir qu’ils s’abstenaient ». À un journaliste qui l’interroge sur l’attitude de Rémy Auchedé, Robert Hue explique que « celui-ci a prononcé une intervention critique, qu’il était à l’Assemblée nationale au moment du vote, et qu’il n’a pas manifesté son désir que soit exprimé un vote négatif ». Un journaliste évoque « l’opposition Georges Marchais-Robert Hue ». Robert Hue rappelle que lors de la dernière réunion du Bureau national « où tous les membres présents ont participé à la discussion, Georges Marchais a donné son accord total au processus ».

L’identité communiste

Pour le dirigeant du PCF « on ne peut pas imaginer aujourd’hui d’identité communiste sans l’ouverture qui en est partie intégrante. Nous sommes passionnément attachés à l’union des forces progressistes, de gauche ou écologistes. Nous voulons que ces forces se rassemblent sur une construction politique fondamentalement différente de ce qui a existé. Un nouveau type d’union qui s’inscrit dans une autre conception des rapports à la société, c’est-à-dire pas seulement un regard critique sur ce qui a échoué : c’est un regard lucide sur ce qu’est la société. Il ne peut pas y avoir de construction politique neuve qui ne soit étroite relation avec la société, les citoyens, les salariés.

Vocation : être utile

Nous sommes un parti de protestation contre cette société terrible. Nous voulons dépasser cette société-là. Nous sommes révoltés. Mais nous ne sommes pas que protestation. Notre démarche est aussi celle de construction. À côté de tout ce que nous faisons pour arracher à ce pouvoir des mesures qui permettraient de soulager les souffrances des gens, nous formulons des propositions de changements profonds. Notre vocation, c’est d’être utile à notre peuple, à la société : c’est cela la question essentielle. Ce n’est pas celle de la présence ou nom de ministres communistes au gouvernement. S’il s’agit de mettre en œuvre une politique radicalement différente, qui change profondément la vie, en s’attaquant au dogme de l’argent, je dis oui.