Texte intégral
RMC : Je vais vous poser une question entendue cent fois, dite par des gens qui ont voté pour J. Chirac à la présidentielle : « Se rendent-ils compte à Paris, au Gouvernement, dans les états-majors des partis, que rien ne va beaucoup mieux depuis les élections, qu'on a de moins en moins d'argent et de plus en plus de difficultés ? » Que leur répondez-vous ?
J.-F. Mancel : C'est une question que j'entends aussi régulièrement dans ma circonscription ou dans mon département. Je leur réponds que d'abord, et je crois que les Français le comprennent ; nous avions une situation très mauvaise quand nous sommes arrivés, due au passé des quatorze années socialistes et des dix ans de gouvernement, il fallait remettre de l'ordre dans la maison France et particulièrement au plan financier. C'est ce que nous avons entamé. Et quand on remet de l'ordre dans les finances, que ce soit dans une famille, dans une entreprise, ce n'est jamais agréable pour ses membres ou pour ses salariés. C'est pareil pour l'ensemble de nos concitoyens. Et je comprends que ces derniers veulent aujourd'hui mesurer les résultats positifs de cette action. Ça va venir.
Deuxième difficulté à laquelle on a été confronté : nous avons une situation économique internationale qui n'est pas bonne. Regardez l'Allemagne qui va beaucoup plus mal que la France. Et quand on sait que l'Allemagne est notre premier fournisseur et notre premier client, ça n'arrange pas la situation économique du pays. Je crois cependant qu'à partir du moment où nous y serons parvenus, el ça a été fait par exemple avec la réforme de la Sécurité sociale, quand nous parviendrons à avoir assaini la situation financière du pays comme J. Chirac l'a dit à plusieurs reprises, nous aurons, vraisemblablement remis en ordre les fondations et on pourra commencer à bâtir une maison France dans laquelle les Français vivront plus heureux.
RMC : Ce budget 1997 est très dur, avec des restrictions sur des aides à l'embauche ; au plan de la santé, ce sera plus dur aussi.
J.-F. Mancel : À partir du moment où a pris la mauvaise habitude de dépenser plus qu'on ne gagnait et donc de s'endetter dans des proportions démesurées par rapport à nos capacités de remboursement, il faut faire des économies. Et faire des économies, ce n'est jamais facile non plus compte tenu des rigidités du budget de l'État. Trouver 50 ou 60 milliards d'économies n'est pas facile. Je crois que le Gouvernement a cependant la volonté de le faire et qu'il y arrivera. Ce sera aussi un signe, pour les Français, que nous savons remettre de l'ordre dans les finances publiques.
RMC : Hier à l'Assemblée nationale, on a entendu F. Bayrou redire son refus de faire une réforme qui opposerait un clan à un autre et une France à une autre. Autrement dit, il s'est encore opposé publiquement à un référendum alors que votre parti a pris le soin de le redemander publiquement il y a quelques jours. N'y-a-t-il pas un problème ?
J.-F. Mancel : Non, il n'y a pas de problème. Le référendum n'est pas une fin en soi, mais un moyen de mener à bien la grande réforme du système éducatif qui doit être l'une des trois grandes réformes que nous pourrons mener à bien d'ici 1998. Les autres sont : la Défense nationale et puis ça a été la Sécurité sociale et cela s'est fait. À partir de là, nous considérons que le référendum peut aboutir à deux objectifs positifs : le premier, c'est de mobiliser l'ensemble de nos concitoyens sur un sujet qui est au cœur de leurs préoccupations, le système éducatif. C'est le problème de nos enfants et de nos petits-enfants. Et puis, par ailleurs, c'est aussi de faire sceller par la volonté nationale une réforme d'ampleur. Si on peut arriver à cela par d'autres moyens...
Nous ne sommes pas des forcenés du référendum. C'est simplement pour nous un moyen. Ce qui compte, en réalité, c'est la réforme du système éducatif. C'est pour cela que le RPR s'est exprimé très clairement, fortement sur le sujet, en faisant des propositions qui sont du reste dans la ligne de ce que J. Chirac, en tant que candidat à l'élection présidentielle, avait dit. Et vous avez pu constater hier que F. Bayrou, qui est un ministre de J. Chirac et d'A. Juppé, est parfaitement dans la ligne de ce que le RPR a souhaité il y a huit jours. Donc, sur ce plan, nous attendons maintenant qu'on passe aux actes. Pour notre part, nous allons continuer à en parler. Cet après-midi, j'organise un colloque sur le sujet et le Bureau politique du RPR arrêtera nos positions définitives dans ce domaine avant la mi-juin.
RMC : Le RPR pense que F. Bayrou a travaillé au bon rythme, qu'il prend la bonne direction, que tout est parfait ?
J.-F. Mancel : Si je me réfère à ce que j'ai entendu hier dans la bouche de F. Bayrou, nous allons dans la bonne direction. Le tout maintenant est de passer aux actes. Car il est évident qu'on ne peut pas continuer à ce que, pour nos enfants, la première grande déception sociale qui est la leur, c'est finalement l'université. Et cela, c'est un drame. C'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui rupture de l'égalité des chances. Il n'y a plus d'université républicaine et il faut remédier à cela très rapidement.
RMC : Hier, à votre place, il y avait L. Poniatowski. Il espérait un remaniement gouvernemental avec un retour au gouvernement de certains membres de l’UDF et de quelques soutiens connus à E. Balladur au premier tour de la présidentielle. Pensez-vous que c'est une bonne idée ?
J.-F. Mancel : D'abord, pour ce qui concerne le Gouvernement, il y a à l'intérieur de ce dernier beaucoup de membres qui ont soutenu E. Balladur au premier tour de la présidentielle. Je crois donc que, sur ce plan, on ne peut pas dire que c’est un gouvernement de chiraquiens qui aurait laissé sur le bord de la route les balladuriens. Si vous regardez le nom des gens, vous verrez, si vous vous souvenez des positions qu'ils ont prises lors de l'élection présidentielle, qu'il y a au moins autant de balladuriens que de chiraquiens. Par ailleurs, les remaniements du Gouvernement, je crois que ça n'intéresse que ceux qui ont envie d'y aller. Je sais qu'ils sont nombreux mais ce n'est pas une majorité de Français. Ces derniers s'intéressent aux sujets que l'on évoquait précédemment. Et moi, c'est cela qui me passionne et non pas de savoir si « Monsieur truc ou Monsieur chose » rentrera un jour ou non dans le Gouvernement.
RMC : Est-ce que, à l'Assemblée - car cette histoire a fait du bruit - J. Toubon n’y est pas allé un peu fort en disant que « les socialistes avaient au grand jour, à valises de billets, négocié avec les terroristes ?
J.-F. Mancel : Je crois que les socialistes aujourd'hui ne disent rien sur rien de positif et passent leur temps à critiquer. Il faudrait quand même qu'ils balaient un peu devant leur porte ! La conduite des socialistes à l'égard du problème corse, problème très difficile, leur conduite à l'égard de ce problème justifie qu'ils soient très silencieux. Je crois qu'ils n'ont aucune leçon à donner à quiconque. Et J. Toubon a eu raison de souligner que, dans ce domaine, vraiment, ils devaient d'abord largement balayer devant leur porte.
RMC : N’y-a-t-il pas d'autres personnes qui ont fait la même chose et qui n'étaient pas socialistes ?
J.-F. Mancel : Ce que je constate, c'est que pendant toute la période où les socialistes ont été au pouvoir, ils ont tout essayé en Corse, n'importe comment, et ils ne sont arrivés à rien !
RMC : Vous prenez le même chemin...
J.-F. Mancel : Qu'ils nous laissent un peu de délai pour trouver une solution à un problème qui, c'est vrai, est très difficile à résoudre.
RMC : Dans quelques jours, deux députés RPR en délicatesse avec la justice, l'un déjà condamné et l'autre qui est sur le point de l'être, sont convoqués par le groupe. Pensez-vous qu'ils serait bon qu’'ils soient radiés du parti ?
J.-F. Mancel : Il y a deux démarches différentes : il y a la démarche du groupe RPR et c'est le rôle de M. Péricard et du Bureau du groupe que de prendre des décisions dans ce domaine. En ce qui concerne le mouvement RPR, dont j'assume, sous l'autorité d'A. Juppé, la responsabilité, nous considérons que nous devons laisser les voies de recours aller à leur terme. Par les voies de recours, j'entends la procédure d'appel. Et à partir du moment où il y aura un arrêt de cour d'appel, nous prendrons alors les décisions qui s'imposent.
RMC : Jusque-là, vous n'excluez pas ?
J.-F. Mancel : Non, pour une raison simple : c'est qu'une procédure d'appel ça veut dire que nous sommes soumis à une nouvelle décision des juges. À partir du moment où les juges auront pris leur décision, nous prendrons la nôtre.