Interviews de M. Charles Millon, président de La Droite, à France-Info le 27 janvier 1999, dans "Paris-Match" le 4 février, et tribune dans "Le Figaro" le 23 intitulé "Pour une Europe de droite", sur la transformation de son mouvement La Droite en parti politique et sur sa stratégie électorale face à L'Alliance RPR-UDF en vue des élections européennes de juin 1999 et sur sa conception de l'Europe.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - France Info - Le Figaro - Paris Match

Texte intégral

France Info le 27 janvier 1999

Patrick BOYER
L'invité, aujourd'hui, est Charles MILLON, président du mouvement « La Droite ». Charles MILLION, bonjour.

Charles MILLON
Bonjour.

Patrick BOYER
Alors, demain, à Lyon, vous allez proposer de transformer votre mouvement en parti politique. Pourquoi ?

Charles MILLON
Je transformerai le mouvement en rassemblement qui sera une formation politique et qui pourra ainsi participer aux élections pour une raison bien simple, c'est que, aujourd'hui, on constate qu'il y a un espace politique qui n'est pas occupé. C'est celui de la droite d'affirmation, la droite de conviction, la droite fière de ses valeurs qui puisse ainsi prendre ses responsabilités vis-à -vis des Français. On l'a vu à l'occasion d'événements récents ; On a vu qu'il y avait une droite de connivence, une droite de complaisance, qu'il y a des ambiguïtés dans la position des partis traditionnels et c'est la raison pour laquelle je prendrai mes responsabilités en proposant que le mouvement se transforme en rassemblement politique et puisse présenter des candidats aux élections.

Patrick BOYER
L'échec vous donne des ailes, l'échec en Rhône-Alpes ?

Charles MILLON
Non, ce n'est pas l'échec qui me donne des ailes, c'est simplement l'analyse des événements. Je crois que les événements qui se sont passés en Rhône-Alpes ont été révélateurs. Ils sont simplement venus confirmer une analyse que j'avais déjà faite. On est prêt maintenant à des alliances contre nature, à des compromissions, à des compromis, à des connivences qui troublent complètement le débat politique. Je crois que les Français méritent mieux que ça. Ils méritent qu'il y ait un franc débat entre une gauche qui a ses convictions et ses valeurs et puis, une droite qui, elle, assume ses convictions et ses valeurs.

Patrick BOYER
Faites-vous partie de l'Alliance ?

Charles MILLION
Non.

Patrick BOYER
Et comprenez-vous la stratégie du président de l'Alliance, Philippe SEGUIN ?

Charles MILLON
Non, je ne la comprends pas très bien.

Patrick BOYER
Pourquoi ?

Charles MILLON
Parce que je l'ai vu à l'oeuvre lors des élections de Lyon et je n'ai pas bien compris où il voulait en venir.

Patrick BOYER
Philippe VASSEUR disait récemment que, après un délai de viduité, il faudrait vous recycler dans l'Alliance. Est-ce votre souhait ? Etes-vous recyclage ?

Charles MILLON
Mon problème n'est pas de me recycler, mon problème est de participer à la vie politique française. On va rentrer dans des débats très importants, le débat européen, le débat sur la sécurité en France, le débat sur la réforme du système éducatif. Je crois que, sur tous ces débats, il faudra qu'il y ait des femmes et des hommes qui ont des valeurs reconnues, qui ont des convictions affirmées, qui sont de droite, puissent s'exprimer et puissent le dire. Vous savez, aujourd'hui, il y a un sentiment de déshérence dans l'opinion publique car on ne sait plus qui pense quoi. Il est extrêmement frappant de constater aujourd'hui que tout le monde parle de composition de listes européennes et que personne ne parle de son programme, des enjeux européens des convictions qui l'amène à prendre telle ou telle position. Donc, je souhaite une droite de conviction qui soit présente sur l'échiquier politique.

Patrick BOYER
Alors, on va y venir à l'Europe. L'éclatement du Front national, Charles MILLION, change-t-il, pour vous, la donne politique à droite ?

Charles MILLON
Vous savez, je ne me suis jamais posé par rapport au Front national. Je pense que c'est un piège mortel que François MITTERRAND a tendu à la droite française...

Patrick BOYER
Dans lequel vous êtes tombé à Lyon.

Charles MILLON
Pas du tout. Je ne me suis jamais placé par rapport au Front national, je me suis placé par rapport aux problèmes des Rhône-Alpins et j'ai présenté un projet et c'est sur ce projet que tout a été déterminé...

Patrick BOYER
L'éclatement, qu'est-ce que ça change ?

Charles MILLON
Aujourd'hui, aujourd'hui, je continuerai à me placer par rapport aux problèmes des Français. Le Front national est ce qu'il est, le Front national a les convictions qu'il a...

Patrick BOYER
Il y en a deux maintenant.

Charles MILLON
Je ne les approuve pas, chacun le sait. Eh bien, maintenant, que chacun se positionne par rapport aux problèmes des Français et, moi, personnellement, je donnerai des réponses sur le problème de la sécurité, sur le problème de l'éducation, sur le problème de la fiscalité et que ça sera sur mes réponses que les Français me jugeront.

Patrick BOYER
Mais, par exemple, puisqu'il y a quand même cette nouvelle donne politique, Bruno MEGRET devient-il, pour vous, un interlocuteur dans la droite de conviction, comme vous dites ?

Charles MILLON
Je suis contre le régime des partis auquel tous les partis sont en train de revenir. Je ne suis ni pour les arrangements, ni pour les compromis, ni pour les compromissions. Je suis à la tête d'un mouvement politique qui, demain, se transformera en rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui veulent revenir aux institutions telles qu'elles devraient être appliquées dans notre République, c'est-à -dire ni compromission, ni cohabitation, ni cogestion. Donc, je...

Patrick BOYER
Mais, dans le système majoritaire de la Ve, il faut bien des alliés à un moment.

Charles MILLON
C'est la raison pour laquelle je suis favorable à une modification du mode de scrutin des élections, d'un scrutin majoritaire à un tour afin qu'on puisse arriver vers un système bipartisan qui évitera ces compromis et ces arrangements.

Patrick BOYER
Alors, vous dites que si aucune liste ne porte un vrai projet européen de droite, en bien vous, vous le ferez en quelque sorte ? ça veut dire que, par exemple, monsieur BAYROU n'est pas un européen de droite ?

Charles MILLON
Eh bien, je n'ai pas l'impression. Vous savez, j'ai vu, moi, François BAYROU se comporter lors de l'élection du Conseil régional Rhône-Alpes et j'ai l'impression qu'il n'a pas des convictions tout à fait sûres et déterminées. D'autre part, je pense qu'il y a un vrai débat sur l'Europe et qu'il va bien falloir l'avoir. Est-ce qu'on est pour une Europe qui est subsidiaire, c'est-à -dire qui n'assume que les compétences que les Nations ne peuvent pas assumer ? Est-ce qu'on est favorable à une Europe qui ne vient pas normaliser, égaliser, uniformiser, comme on est en train de s'en rendre compte actuellement ? Est-ce qu'on est favorable à une Europe politique où il y a un pouvoir, un vrai pouvoir politique qui puisse déterminer l'évolution de l'Europe ? Toutes ces questions-là , c'est des questions qu'il faudra se poser. Personnellement, j'ai des réponses, les réponses d'une Europe de droite, c'est-à -dire une Europe qui soit ouverte, libérale sous l'angle économique, d'une Europe qui soit respectueuse des Nations, d'une Europe qui soit respectueuse des identités nationales et des singularités, régionales ou locales.

Patrick BOYER
Mais ce n'est pas ce que dit monsieur SEGUIN, par exemple, une Europe respectueuse des Nations ?

Charles MILLON
Attendez, mais je ne peux pas vous dire ce que dit monsieur SEGUIN. Aujourd'hui, le débat politique sur l'Europe n'a été ouvert qu'à travers le problème des têtes de liste ou à travers le problème de savoir si on fait une ou deux listes. Je pense que le débat politique mérite mieux que ça et que je débattrai avec quiconque dans les jours qui viennent sur le fond du débat. Je dis que, simplement, c'est que, aujourd'hui, on a une Europe de gauche qui est soutenue d'ailleurs par treize gouvernements qui sont socialistes en Europe, qui est, en fait, inspirée par toute une idéologie, qui est animée par une commission qui a une approche technocratique et bureaucratique et je pense qu'il faut proposer une alternative, je propose une Europe de droite qui soit respectueuse, je viens de vous le dire, de l'identité nationale et de singularité locales, qui ne vienne pas uniformiser et harmoniser toute la vie européenne, qui respecte, j'allais dire, les initiatives et les libertés, soit au niveau des Nations, soit au niveau des individus, des personnes.

Patrick BOYER
On ne part pas pour une ou deux listes, là , visiblement, à droite, on part pour trois, quatre, cinq : BAYROU, SEGUIN, PASQUA, de VILLIERS, MILLON ?

Charles MILLON
Mais le problème n'est pas là , le problème...

Patrick BOYER
L'offre sera très large.

Charles MILLON
Le problème, actuellement, on est en train de se positionner, et je me positionne. Je prendrais toutes mes responsabilités dans les élections européennes car il n'est pas possible, aujourd'hui, de laisser des accords d'état-major se faire sans qu'il y ait un vrai débat politique et sans que les citoyens soient informés. Vous savez, je pense que les partis politiques français, les partis politiques dits classiques feraient bien de retourner au peuple. Les dernières élections qui viennent d'intervenir, les élections cantonales ou même les élections législatives démontrent à l'évidence qu'il y a des Français qui, actuellement, sont écoeurés et dégoûtés. Et ça se traduit comment ? Des taux d'abstention qui varient de 50 % minimum, 70 à 75 % maximum...

Patrick BOYER
Et vous croyez qu'on parlera d'Europe pendant la campagne européenne ?

Charles MILLON
Je pense que si les partis politiques étaient conscients de leurs responsabilités, ils réagiraient vite car une démocratie qui est en train de se fragiliser est une démocratie qui, demain, peut ouvrir la porte à des aventures que je ne souhaite pas pour mon pays.

Patrick BOYER
Et vous croyez qu'on parlera d'Europe dans ce débat européen ? Elle se fera la-dessus, l'élection du mois de juin ?

Charles MILLION
Je pense que l'on parlera de l'Europe mais qu'on parlera aussi de la France parce qu'une France qui est affaiblie par un système politique qui, actuellement, part dans tous les sens est une France qui ne pourra pas assumer ses responsabilités dans le cadre européen et qui pourra pas participer comme elle le doit à la construction européenne.

Patrick BOYER
Et vous croyez que ce sera un débat contre les états-majors ?

Charles MILLON
Non, ça sera un débat sur la rénovation de la vie politique française. Je pense que, aujourd'hui, on est menacé par le retour au régime des partis et qu'il est nécessaire de revenir à l'inspiration originelle de la Ve République.

Patrick BOYER
Merci. Charles MILLON, président du mouvement « La Droite », était l'invité de France Info


PARIS-MATCH - 4 FEVRIER 1999

Q -Avez-vous digéré la victoire en région Rhône-Alpes de votre ex-alliée, Anne-Marie Comparini, pilotée par votre ancien mentor, Raymond Barre ?

- Ce n'est pas la victoire d'Anne-Marie, c'est celle du Parti socialiste. Qui peut comprendre qu'avec seulement 15 voix dans une assemblée de 157 personnes, donc à la tête d'une minorité absolue, elle ait pu être élue grâce aux 60 voix de la gauche plurielle composée de socialistes, de verts et de communistes ? C'est l'aboutissement malheureux d'une stratégie suicidaire des partis politiques de la droite classique. On assiste au retour du régime des partis puisque Anne-Marie Comparini ne s'est pas fait élire par un projet mais à partir d'une alliance contre nature. Tout -ça est vraiment indigeste !

Q - Que pensez-vous du rôle de François Bayrou et des centristes qui, depuis cette élection, veulent faire cavalier seul hors de l'Alliance RPR-DL ?

- Bayrou poursuit le vieux rêve de la troisième force en s'alliant un jour avec la gauche et le lendemain avec la droite. La logique voudrait qu'il constitue sa liste aux élections européennes.

Q - Vous-même, qu'allez-vous faire maintenant ?

- Je vais continuer à structurer mon mouvement, La Droite. Dès ce jeudi soir, à Lyon, je vais proposer de le transformer en un vrai rassemblement, c'est-à -dire en formation politique qui pendra toutes ses responsabilités lors des prochaines consultations électorales.

Q - Autrement dit, vous allez prendre la tête de liste La Droite aux élections européennes ?

-Je ne resterai pas inerte. Si aucune liste ne porte un vrai projet européen de droite, je prendrai mes responsabilités.

Q -Est -il encore imaginable que vous entriez dans l'Alliance de Séguin et Madelin ?

- Je suis favorable à un grand rassemblement populaire de la droite autour d'un projet commun, fondé sur des valeurs partagées et sur la volonté de prendre les moyens pour l'appliquer. Je ne crois pas aux accords d'appareils, ni aux accords électoraux. Si l'Alliance connaît tant de convulsions, c'est justement parce qu'elle ne résulte que d'un accord d'appareils et qu'elle n'a ni conviction ni programme.

Q - Vous sentez-vous « isolé », tenu à l'écart, au sein de l'opposition ?

- Non. Surtout lorsque je reçois chaque semaine des centaines de demandes d'adhésion. Je me sens isolé... des manoeuvres d'appareils.

Q - Est-ce que vous anciens amis, Chirac, Madelin et d'autres, vous ont téléphoné ou écrit ces temps-ci ?

- Personne ne m'a appelé. Mais, au congrès de Versailles, la plupart des sénateurs et des députés m'ont témoigné leur amitié.

Q - On dit que Giscard est très proche de vous !

- Giscard a une attitude compréhensive et attentive à mon égard. Je l'ai vu régulièrement tous ces derniers mois.

Q - Et Séguin ? Etes-vous de ceux qui l'accablent ?

- Son attitude lors de l'élection régionale en Rhône-Alpes montre qu'il ne sait plus où aller.

Q - Le retour au régime des partis comme sous la IVe République, semble vous préoccuper. Pourquoi ?

- La France est dans la même situation politique qu'n 1957. Le gouvernement immobile tergiverse. La cohabitation crée la confusion. Les partis politiques consacrent leur temps à des petites manoeuvres d'appareils, on parle de moins en moins des solutions à apporter aux problèmes des Français, on constitue pour les élections européennes des listes, mais personne ne n'en connaît le programme.


Le Figaro : 23 février 1999

La porte de la campagne européenne s'entrebâille. Comme sont étranges ces éternelles controverses entre europhiles et eurosceptiques, entre pro-Amsterdam et anti-Amsterdam, entre « souverainistes » et « fédéralistes », que l'on nous ressert déjà , comme un plat réchauffé, un potage tiède de politiciens à court d'idées ! Polémiques aussi stériles que factices. Polémiques du passé. L'Europe est. Comme vient de le rappeler le président Valéry Giscard d'Estaing, « le Parlement européen n'est en aucune manière une assemblée constituante. Il n'a aucun pouvoir de décider si l'avenir de la construction européenne se fera en direction d'une Europe fédérative ou sur la base d'une coopération gouvernementale ».

Les vrais enjeux du scrutin du 13 juin sont d'une tout autre nature. Ils se résument en quatre questions :
Comment voulons-nous gérer l'Union européenne ?
Sur quelle voie voulons-nous lancer la « locomotive » Europe ?
Voulons-vous qu'elle continue d'emprunter les rails du socialisme et de la social-démocratie ?
Ou bien voulons-nous changer d'aiguillage et nous engager résolument vers une Europe des libertés, une Europe de droite, celle que j'appelle de mes voeux ?

Prenons garde. Les socialistes et les sociaux-démocrates de l'Union - aujourd'hui treize pays sur quinze - se préparent à entrer dans la bataille électorale avec un programme commun des gauches européennes. Le discours écologiste illustre jusqu'à la caricature cette ambition socialisante : programme de grands travaux, système européen de protection sociale, harmonisation fiscale, abandon unilatéral de l'énergie nucléaire... Au seuil du XXIe siècle, l'internationale socialiste et la gauche utopiste sont de retour !

Si nos concitoyens choisissaient cette voie, la gestion actuelle de l'Union, centralisatrice, égalitariste et bureaucratique, loin de s'infléchir, s'en trouverait encore renforcée. Une gestion qui refuse les différences, les divergences ou la concurrence. Une gestion qui refuse la réalité. Une boulimie réglementaire qui va jusqu'à entraver notre vie quotidienne. On marche sur la tête lorsque l'Europe s'occupe de standardiser le débit des chasses d'eau, la taille des poulaillers, la hauteur des comptoirs chez les fromagers ou les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse.

Confrontés à cette dérive, j'affirme que nous devons construire une autre Europe, notre Europe. L'Europe de droite, respectueuse des diversités, des traditions, des savoir-faire. Une Europe qui s'appuie sur l'autonomie et la responsabilité de chaque citoyen. C'est le respect scrupuleux du principe de subsidiarité.

Ce mot un peu obscur de « subsidiarité » est en fait l'expression d'une démarche très simple : déléguer uniquement les pouvoirs que l'on n'est pas capable d'assumer seul.

A l'Union européenne d'élaborer une politique européenne de défense, d'imaginer une diplomatie communautaire, de garantir la protection des frontières communes, de consolider la monnaie. Pour le reste, c'est aux nations, aux régions ou autres collectivités locales de définir leurs choix politiques et de les mettre en oeuvre, sans entrave.

N'oublions pas l'Histoire. Lorsque des communautés politiques s'assemblent pour unir leurs volontés, elles peuvent le faire de deux façons : par un processus impérial ou par un processus subsidiaire. Le processus impérial fusionne des communautés en nivelant leurs caractères et en unifiant les comportements culturels par des lois. Le processus subsidiaire associe des communautés, en cherchant ce qui est commun et en protégeant ce qui est différent.

Avec l'Europe, telle qu'elle a commencé à s'organiser, nous avons un processus impérial, même sans conquête ni prédominance. Si l'Europe devait continuer d'emprunter les voies de la centralisation, du nivellement et de l'uniformisation, il est à parier que les communautés nationales finiraient par se révolter devant cet impérialisme qui les injurie. L'Europe doit être au service des nations et non pas les nations au service de l'Europe.

Un exemple, ô combien sensible, permet d'illustrer l'importance du principe de subsidiarité : la politique de l'immigration. Aucun pays parmi les Quinze n'a sur ce sujet ni la même Histoire, ni la même culture, ni la même tradition juridique, ni les mêmes obligations. Si toute politique de l'immigration nécessite une coordination à l'échelle de l'Europe, elle doit, en priorité, relever de la détermination et de la volonté de chaque Etat. Il en va de même, autre exemple, des questions touchant à la sécurité.

Or la gauche choisit toujours d'affronter les problèmes aussi complexes que les flux migratoires, la régularisation des « sans papiers », le code de la nationalité ou l'insécurité, avec des lunettes idéologiques et moralisatrices. Au mépris de la nature humaine ou des pesanteurs sociologiques. Au mépris de la réalité.

Les citoyens refusent cette démarche. Le gouvernement de Gerhard Schroeder n'est-il pas contraint de renoncer à sa réforme du code allemand de la nationalité ? Comment l'opinion italienne va-t-elle réagir à la régularisation de 250 000 « sans-papiers » décrétée par Massimo D'Alema ? Celui-ci n'est pas, lui non plus, à l'abri d'un effet boomerang

A l'Europe de gauche qui uniformise, standardise, égalise, nous voulons opposer l'Europe de droite, garante des diversités, qui mettra en concurrence les services publics, la législation sociale, les systèmes fiscaux pour le bien des citoyens. Ce n'est que par cette mise en concurrence que nous sortirons de la spirale sociale-démocrate du « toujours plus » : plus de dépenses sociales, plus de chômage, plus d'impôts, plus d'obstacles à la création de richesse. Ce qui a pour corollaire : moins d'investissement, moins de croissance, moins de liberté pour les entrepreneurs, moins de responsabilité pour les personnes.

L'Europe n'est pas une procédure, elle est une ambition. L'Europe n'est pas une certitude, elle n'est qu'affaire de volonté. C'est pourquoi il nous faut réclamer une Europe de l'initiative face à une Europe de l'assistance, une Europe qui garantit les libertés face à une Europe qui réglemente et qui administre, une Europe de l'harmonie des diversités face à une Europe du nivellement.

C'est pourquoi nous volons une Europe de droite.