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Question : Vous avez des liens étroits avec le Maroc, que ce soit en tant qu’officiel français lors de vos précédentes responsabilités auprès du président Mitterrand, ou sur le plan personnel, et aujourd’hui en tant que chef de la diplomatie de la France en période de cohabitation, comment qualifierez-vous la politique française envers le Maroc ?
Réponse : Les relations qui unissent nos deux pays sont d’une nature et d’une qualité exceptionnelles.
Alors que je viens de prendre mes fonctions à la tête de la diplomatie française et tant qu’ami de longue date du Maroc, j’ai à cœur, sous l’autorité du président de la République et du Premier ministre, de renforcer notre coopération pour en faire un « partenariat de référence ».
Question : Dans quelle mesure le changement de majorité politique en France influerait-il sur la qualité franco-marocaines ?
Réponse : Les liens historiques qu’ont tissés la France et le Maroc sont solides et profonds. Ils perdurent quels que soient les changements politiques, économiques ou sociaux qui caractérisent la vie de nos États.
Question : Que pouvez-vous nous dire sur le contenu de votre visite au Maroc et éventuellement sur son programme ?
Réponse : Je me rends à Rabat avec plaisir. Il s’agit d’une visite de travail, qui sera brève mais dense, au cours de laquelle j’évoquerai avec les responsables marocains toutes les questions d’intérêt commun.
Question : Le Maroc, comme vous le savez, est un partenaire privilégié de l’Union européenne. Cependant, au Maroc, on déplore un certain manque d’enthousiasme de la part de nombre de pays européens dans ce partenariat. La France s’est définie à plusieurs reprises, notamment depuis l’arrivée du président Chirac à l’Élysée comme le meilleur avocat du Royaume au seuil de l’Union européenne. Est-elle toujours écoutée dans ce sens ?
Réponse : La France soutient activement la politique de rapprochement entre le Maroc et l’Union européenne qui a notamment déjà permis la signature d’un accord d’association en février 1996, que le Parlement français vient de ratifier. Cet accord constitue un modèle pour les autres pays de la rive Sud de la Méditerranée. Mais nous sommes conscients des difficultés actuelles des mécanismes de financement de la coopération de l’Union européenne avec ses partenaires du Sud. Le Maroc et la France pourraient collaborer utilement pour identifier les points d’achoppement et tenter de trouver des solutions.
Question : La France et le Maroc jouent un rôle essentiel dans la structuration de l’espace euro-méditerranéen, dont les bases ont été jetées lors de la Conférence de Barcelone. Or ce projet semble lent dans la mise en œuvre, malgré l’importance stratégique de cette coopération, tant pour le Nord que pour le Sud de la Méditerranée. Quelles en sont les raisons, d’après vous, Monsieur le Ministre ? Et dans quelle mesure Paris et Rabat pourraient-ils relancer ce partenariat ?
Réponse : La Conférence de Malte s’est tenue dans un contexte politique difficile en raison du blocage du processus de paix au Proche-Orient. Elle a néanmoins montré l’attachement des partenaires à poursuivre leurs efforts pour établir progressivement une zone de paix, de stabilité et de prospérité en Méditerranée. Je pense qu’il ne faut céder ni au scepticisme ni au pessimisme car les difficultés étaient connues à l’avance et l’ensemble des pays de la région ont intérêt à développer la concertation dans tous les domaines, y compris celui de la sécurité.
Le « Processus de Barcelone » présente l’avantage de réunir, pour la première fois, tous les États de l’Union européenne et ceux du sud de la Méditerranée, notamment Israël. Il devrait favoriser une vision globale des problèmes. Il a d’ailleurs prévu des moyens financiers pour promouvoir les relations entre les partenaires. Tout cela est nouveau, et se heurte encore à de difficultés. Nous sommes désireux d’étudier ensemble les voies pour les surmonter.
Question : La politique française vis-à-vis des pays du Maghreb connaît des hauts et des bas, selon le cas et les périodes. L’actuel gouvernement et le président de la République sont-ils à même de reconfigurer cette politique dans le sens d’une meilleure lisibilité ?
Réponse : La politique française vise à entretenir les meilleures relations possibles, confiantes et utiles, avec tous les États du Maghreb. Je m’y emploierai à travers toutes les circonstances.
Question : Revenons aux relations franco-marocaines. Au Maroc, plusieurs voix se sont élevées contre la lourdeur des procédures imposées aux citoyens marocains désireux d’obtenir un visa auprès des services consulaires français. Monsieur le Ministre, est-ce que le nouveau gouvernement français envisage d’assouplir ces procédures dans le cadre de la nouvelle politique de la France en matière d’immigration ?
Réponse : La France agit pour améliorer la bonne intégration des populations vivant sur son territoire et promouvoir la circulation des personnes qui contribuent au dynamisme de nos échanges.
Les autorités françaises ont déjà prise des mesures concrètes pour faciliter les démarches pour l’obtention d’un visa : par exemple, la suppression des visas diplomatiques, l’accroissement des regroupements familiaux, le recours plus fréquent aux visas de circulation. Conformément aux orientations du gouvernement, nous poursuivrons cette politique et nous nous efforcerons d’améliorer les conditions d’accueil dans nos consulats.
Je peux vous assurer que ces questions font l’objet d’études approfondies au sein du groupe de travail entre notre ambassade à Rabat et le ministère marocain de l’Intérieur.
Question : Le président Jacques Chirac et Sa Majesté le Roi Hassan II ont personnellement pris la décision d’organiser une « Année du Maroc en France » à partir de l’automne 1998. Les préparatifs à cette grande manifestation connaissent une certaine lenteur. Dans quelle mesure votre voyage à Rabat pourrait-il faire avancer ce projet ?
Réponse : Je me réjouis que la France et le Maroc puisse célébrer ensemble l’avènement du XXIème siècle, grâce à l’organisation d’une « Année du Maroc » en 1999, qui mettra en perspective les valeurs universelles prônées par la Maroc et reflète le choix de la modernité effectué par la société marocaine.