Conférence de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et interview à "Médi 1", "2 M" et Radio France internationale sur les relations franco-marocaines, l'investissement français au Maroc, l'accord d'association avec l'Union européenne et le blocage du processus de paix au Proche-Orient, Rabat le 29 juillet 1997.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage de M. Védrine au Maroc les 28 et 29 juillet 1997

Média : 2 M - Medi 1

Texte intégral

Date : 29 juillet 1997
Source : Conférence de presse

Question : Vous avez dit que votre visite serait brève – c’est un fait – et très dense. Peut-on en évaluer la densité à travers les contacts que vous avez eu, à commencer par votre rencontre avec Sa Majesté le Roi hier ?

Réponse : J’ai, en effet, été reçu hier par Sa Majesté le Roi dès mon arrivée pendant un long moment et j’y ai été extrêmement sensible. Il n’est pas d’usage de faire des comptes rendus, naturellement. Mais, j’ai pu évoquer avec lui, non pas des problèmes, puisque je n’en connais pas, mais toutes les questions qui sont d’intérêt commun, en ce moment entre la France et le Maroc. Donc, tout ce qui touche aux relations bilatérales, à l’évolution de l’Europe, à l’évolution de la Méditerranée, de l’Afrique, de nombreuses grandes questions. C’est une visite, au totale brève, mais je voudrais en profiter pour expliquer c’est un mode de travail qui se répand beaucoup et qu’au fond, il n’y a pas de raison de ne pas travailler entre la France et le Maroc, comme on le fait entre la France et l’Allemagne, ou la France et la Grande-Bretagne. Ces rencontres peuvent durer une demi-journée. Une journée quand la visite est plus longue. Une journée, c’est long, vous voyez. Déjà, nous faisons le point. Cela permet d’avoir des contacts plus fréquemment et, ce qui est intéressant, c’est d’employer tout le temps disponible pour travailler, pour discuter, pour voir les différents responsables, sans formalisme. Donc, dans mon esprit, c’est une façon de travailler ici, comme je le ferai en Europe. Quant à la densité, le programme, que vous connaissez, parle de lui-même. Je crois que tous les points qui intéressent les deux pays ont été abordés à un moment ou à un autre. Mais une visite n’est pas une négociation. Cela s’inscrit dans continuité d’échanges multiples. Sous le précédent gouvernement, il y a eu de très nombreux ministres français qui sont venus ici, des ministres marocains qui sont venus à Paris. Naturellement, tout cela continuera. Donc, il n’y a pas d’enjeux compliqués. Il n’y avait pas de négociations, donc il n’y a pas de conclusions. Toutefois, je suis venu indiquer ici que la politique française, sous l’autorité du président de la République et du Premier ministre, naturellement, se poursuivrait dans l’état d’esprit que vois connaissez. Cela va sans dire, mais je suis content de le répéter.

Question :  Peut-on dire qu’il y a un problème de visas entre le Maroc et la France ?
Quelle est la situation actuelle de l’initiative européenne à propos de la procédure de paix au Proche-Orient ?

Réponse : On ne peut pas dire qu’il y a un problème de visas entre la France et le Maroc. On peut dire qu’il y a un problème de visas, en général, un problème de visas concernant la France et concernant les pays de l’espace Schengen. Et c’est vrai qu’on est arrivé à un système qui est, sans doute, exagérément brutal, aussi bien dans la forme que dans les quantités ou les modalités. Mais, ce n’est pas un problème spécialement franco-marocain. Mais je sais que c’est une question qui se pose au Maroc et que l’opinion marocaine, légitimement, y est très sensible. A cet égard, le nouveau gouvernement a l’intention de poursuivre et de renforcer ce qui avait été entamé à la fin de l’ancien gouvernement, c’est-à-dire d’approcher l’ensemble de cette question avec plus de souplesse. D’ailleurs, l’ambassadeur de France à Rabat a déjà eu l’occasion de s’exprimer sur ce point, il y a quelque temps. Mais, ce n’est pas un problème spécialement franco-marocain. C’est important de le replacer dans son contexte plus large.

Quant à la situation au Proche-Orient, vous parlez d’initiative, je serais content de pouvoir parler d’initiative. Malheureusement, dans la situation de blocage que nous connaissons aujourd’hui au Proche-Orient quant au processus de paix, on ne peut pas tellement parler d’initiative parce qu’initiative, cela voudrait dire qu’on a trouvé une solution – « on », ce serait les États-Unis ou des pays d’Europe ou certains pays arabes, que sais-je d’autre ? – cela voudrait dire que nous avons trouvé une façon de relancer le processus de paix. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Donc, un certain nombre de pays, dont notamment la France, qui sont très préoccupés par la situation qui crée au Proche-Orient le blocage du processus de paix, en parlent systématiquement, pour rappeler que c’est grave, que la poursuite de ce blocage ne peut avoir de conséquences très néfastes pour l’ensemble des peuples des pays de la région et que, d’une façon ou d’une autre, il faut redonner de la substance à ce processus de paix. Il n’y a pas de d’opposition entre le processus de paix et la sécurité, au contraire. Si le processus de paix avait finalement été enclenché par des responsables israéliens et palestiniens à la fois, courageux et visionnaires, c’est parce qu’ils avaient compris les uns et les autres que c’était la seule façon de surmonter les contradictions apparentes entre le droit des uns et des autres, et d’autre part, les questions de sécurité. Donc, nous appelons sans arrêt, à la reprise de ce processus et nous en parlons entre Français et marocains, comme nous en parlons entre ministres européens quand nous nous réunissons à Quinze, comme nous en avons parlé avec nos partenaires du Sommet des Sept à Denver. La dernière réaction française a consisté à proposer au Conseil européen d’Amsterdam qui l’a acceptée, une déclaration précisément sur la situation au Proche-Orient et qui rappelle les principes de bases que je viens de résumer sur la nécessité impérieuse, mais le résultat n’est pas encore là. Donc, il faut persévérer.

Question : Y a-t-il un projet d’aide au retour des immigrés au Maroc ?
Quel est le nombre de Marocains dont la situation a été régularisée depuis l’avènement du gouvernement socialiste ?

Réponse : Je n’ai pas les éléments pour répondre de façon aussi détaillée à vos questions. Si vous voulez que je les trouve, je les trouverai. A moins que M. l’ambassadeur ait les éléments sur ce point.

L’ambassadeur – Sur le deuxième point, sûrement pas. Sur le premier, nous avons de multiples micro-projets de réinsertion qui sont donnés, soit par des administrations, soit par des ONG, soit par des entreprises françaises qui ont embauché beaucoup de Marocains et qui aident au retour. Mais, nous n’avons pas de chiffres globaux.

Question : Avez-vous évoqué avec les responsables marocains les mesures à prendre dans un avenir proche, afin d’encourager les investissements français au Maroc ? On sait que la France a perdu la place qui était la sienne en matière d’investissement.

Réponse : Pour que les investissements français au Maroc se débloquent, il faut que les investisseurs français soient bons et qu’ils proposent des projets intéressants pour le Maroc. Ce n’est pas une question qui s’arrange entre responsables politiques. Le Maroc a une économie qui se développe, qui se diversifie, qui s’ouvre de l’économie mondiale, et ce n’est pas anormal. Ce n’est pas toujours agréable du point de vue de la France, mais ce n’est pas anormal que la France se trouve en concurrence avec toutes sortes d’autres pays. Donc, il faut raisonner au Maroc, comme nous raisonnons ailleurs. Naturellement, du point de vue du gouvernement, nous ne pouvons que souhaiter que la France continue d’avoir un très grand rôle dans le développement de l’économie marocaine. Mais, projets après projets, entreprises après entreprises, il faut, à chaque fois que les Français qui apportent de projets fassent preuves de la supériorité des projets en question. Cela ne relève pas d’une décision politique. C’est une évolution naturelle. Il faut s’y adapter, de notre point de vue. Et je serais très content que la France soit à un rang très élevé tout le temps. Vous voyez, cela ne se négocie pas entre deux ministres.

Question : Considérez-vous, dans l’état actuel des choses, qu’il peut y avoir une masse critique de projets justement de faisabilité pour les investisseurs français ? Y a-t-il en quelque sorte assez d’attractivité pour que les investisseurs français viennent ici, dans la mesure où un investisseur suit toujours son intérêt et son profit ?

Réponse : Je ne vais pas faire du conseil à l’investissement. Mais enfin, je crois qu’il y a énormément de choses à faire ici dans ce pays pour poursuivre le développement de l’économie marocaine. Il y a des opportunités extrêmement intéressantes et il y a largement de quoi faire, et pour les investisseurs marocains, et pour les Français, et pour les autres. Donc, je n’ai pas de souci à ce propos. C’est une remarque globale, compte tenu de l’état d’avancement du développement marocain. Mais la réponse n’st pas la même, secteur par secteur. Il ne faut pas mélanger les rôles. Un ministre des Affaires étrangères est, en particulier, responsable d’une façon globale des relations politico-diplomatiques entre les deux pays, à un moment donné. Là, vous me posez des questions plus économiques. Vous savez bien qu’un investisseur est quelqu’un qui regarde les chiffres. Donc, même si le ministre va dire, le Maroc c’est bien, c’est une opportunité, il faut continuer à y aller, il faut être à un très haut niveau. Ensuite, cela va s’étudier projet par projet. Donc, est-ce que le Maroc est un pays dans lequel il est intéressant de venir et de continuer à investir ? Certainement, oui. Mais ensuite, il faut que toutes sortes de conditions réunies. C’est un métier, cela ne dépend pas de bonnes intentions.

Question : Comment évaluez-vous les dernières évolutions du dossier du Sahara ?

Réponse : Il y a une position de la France connue, réitérée depuis des années et des années. Mais votre question ne porte pas là-dessus. Votre question porte sur les derniers développements. Vous pensez à la mission de James Baker, j’imagine… Bon, je ne sais pas à quoi a abouti la mission de James Baker. Je ne sais pas si elle permet de réaborder cette question autrement. Je ne sais pas si elle permet de dégager une solution définitive avec l’accord des uns et des autres. Donc, je ne peux pas vous répondre à ce stade. Je serai très intéressé de savoir quand M. Baker aura terminé ses réflexions…

Question : Vous ne vous êtes pas informé au sein du Conseil de sécurité des Nations unies ?

Réponse : Non, M. Baker ne m’a pas informé spécialement. Il est encore en train de travailler. Je pourrais répondre à votre question si James Baker avait terminé ses investigations, s’il avait présenté un nouveau plan de règlement devant le Conseil de sécurité. A cela nous serions saisis, puis d’ailleurs nous aurions à prendre position. Mais ce n’est pas le cas encore. Nous n’en sommes pas là.

C’est une initiative du secrétaire général des Nations unies et pour le moment, M. Baker est en relation, évidemment, avec les personnes avec qui il a parlé. Mais, il n’y a pas eu de synthèse.

Question : Pensez-vous que M. Mobutu pourrait passer ses derniers jours dans sa villa sur la Côte d’Azur ?

Réponse : Je ne suis pas au courant d’un projet du président Mobutu d’être d’ailleurs que là où il est. Je le crois très bien traité pour le moment. Vous avez une demande à transmettre ? (rire dans la salle).

Question : Comment qualifiez-vous les relations maroco-françaises pour le moment ?

Réponse : Je les trouve très bonnes …

Question : C’est tout ?

Réponse : Je vous parle naturellement et sans artifice. Dans la relation entre tous les pays vous avez simultanément – je dis cela aussi bien en Allemagne qu’à Londres ou à Washington – des sujets sur lesquels on s’entend très bien, sans même avoir besoin de parler, des sujets sur lesquels on a besoin de négocier pour trouver un accord, des sujets sur lesquels c’est plus compliqué parce que nous n’avons pas les mêmes intérêts ou les mêmes réactions, les mêmes mentalités. C’est ainsi avec tous les pays du monde. Entre la France et n’importe quel autre pays. Entre le Maroc et n’importe quel autre pays aussi. Alors, le dopage général varie selon les époques. Je constate qu’entre la France et le Maroc, en ce moment, il n’y a aucun problème particulier, aucun problème compliqué. Il y a des choses à discuter, il y a tel ou tel aspect de la coopération que nous voudrions renforcer et nous rencontrons des questions à traiter. Certaines seront traitées par mon collègue des Finances, Dominique Strauss Kahn, quand il viendra au Maroc ou bien d’autres ministres qui viendront après moi. Mais aucun d’entre eux n’est un problème compliqué ou anormal. Donc, nous sommes dans un contexte dans lequel – je crois, je suis convaincu, je l’ai entendu de la part de Sa Majesté, de tous les autres responsables politiques que j’ai vus – il est tout à fait clair que la volonté du Maroc est d’avoir une politique très étroite et très confiante avec la France et une politique qui accorde une très grande place à l’Europe. Du côté des autorités françaises, du président de la République, du gouvernement de Lionel Jospin, en ce qui me concerne, et ceux de mes collègues qui auront à traiter la question avec le Maroc, l’état d’esprit est exactement le même. Donc nous sommes dans un très bon contexte. Il y a un cadre qui nous permettre de bien travailler… Je voudrais rajouter un mot parce que nous allons terminer après cela si vous le voulez bien : je ne l’ai pas dit au début, donc je le dirais à la fin. Pour la France aujourd’hui, qui est engagée dans une politique très active que vous connaissez par rapport à l’Union européenne, c’est très important aussi sur le plan bilatéral français d’avoir une politique vraiment dense, réelle et pas uniquement déclaratoire, avec des pays comme le Maroc. Nous ne souhaitons pas que l’Union européenne en se développant en en s’élargissant devienne un ensemble économique et politique puissant qui soit uniquement préoccupé de ce qui se passe à l’Est, en Europe centrale et orientale, et en Russie. C’est très important naturellement. Pour nous, c’est aussi important d’avoir une politique qui se préoccupe de ce qui va se passer sur la rive Sud de la Méditerranée. C’est important qu’il y ait des relations étroites, confiantes, constructives avec des grands partenaires comme le Maroc, qui, d’autre part, s’intéressent à ce qui se passe en Afrique, qui continue à s’intéresser à ce qui se passe au Proche-Orient. Donc, dans l’Europe qui se construit, nous, la France, avec nos amis espagnols et italiens et quelques autres, nous sommes porteurs de cette idée. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai souhaité venir rapidement au Maroc. Quand je suis devenu ministre, j’avais une série de dates qui étaient déjà fixées : des sommets, des rencontres, des conseils européens, des sommets des Sept, Forum méditerranéen, etc… Tout cela étant fixée. Mais, en plus de ce programme, j’ai décidé de venir vite au Maroc parce que pays, pour toutes ces questions, Maghreb, Méditerranée, Afrique, Proche-Orient, est un partenaire important et qui compte énormément dans la politique étrangère de la France. Je viens de vous résumer en quelques phrases ce dont nous avons parlé depuis mon arrivée. Mais, les choses ne vont pas s’arrêter. C’est une continuité. Merci.

 

Date : 29 juillet 1997
Source : MED 1, 2M et RFI

Question : Votre visite au Maroc, Monsieur le Ministre, s’achève dans quelques minutes ou quelques heures, quel bilan en tirez-vous sur l’état des relations franco-marocaines ?

Réponse : Je savais, avant de venir, que les relations franco-marocaines étaient bonnes. Elles sont particulières, elles sont intimes, elles sont cordiales, elles sont très concrètes et très fécondes dans beaucoup de domaines, non seulement parce que les relations bilatérales sont très actives, mais parce qu’entre France et le Maroc, il y a de nombreux domaines d’intérêt commun et éventuellement d’action commune : Maghreb, Méditerranée, Proche-Orient, Afrique du Sud.

Question : Le Maroc a signé un accord d’association avec l’Union européenne. La France a beaucoup aidé dans la conclusion de cet accord, elle l’aide dans la pratique de cet accord. Mais dans l’évolution entre les relations France-Maroc et Maroc-Union européenne, quelle sera à votre avis cette évolution ?

Réponse : Il faut trouver la meilleure combinaison, la meilleure synergie entre les deux. Il faut que le Maroc garde – je crois que c’est son intérêt et c’est notre souhait – une relation bilatérale très forte et très dense avec la France. D’autre part, il faut que le Maroc tire le meilleur parti de l’accord d’association dans deux sens :  d’abord, parce qu’il doit faciliter son adaptation à l’économie mondiale et à ses relations avec l’Europe ; ensuite parce que cet accord lui permet d’avoir des relations plus importantes que par le passé avec chacun des pays d’Europe. Donc, tout le monde doit trouver son compte.

Question : La coopération entre le Maroc et l’Union européenne s’exprime déjà dans les projets de développement des provinces du Nord du Royaume. Comment la France perçoit-elle ce développement des provinces du Nord ?

Réponse : La France n’a pas à entrer dans le détail, en disant que tel projet est bon et tel autre n’est pas bon. Là, c’est vraiment au Maroc de déterminer quelles sont ses priorités et ses actions de développement. Ce qui est intéressant du point de vue français, c’est le Maroc soit constamment un grand partenaire du Sud de la Méditerranée, avec lequel la relation soit d’une constante compréhension et un grand partenaire que nous accompagnons grâce à nos moyens français et aux moyens de l’Union européenne, dans sa politique, aussi bien de développement démocratique, de développement économique et d’ouverture sur le monde. Mais, ce n’est pas, ensuite à la France d’aller s’immiscer, de faire le tri, de commenter chacun des projets. C’est au Maroc de déterminer cela.

Question : Avec l’Union européenne, justement, le Maroc va mettre en place une zone de libre-échange. Cela suppose beaucoup d’adaptation, la poursuite à une autre échelle de la politique de la libéralisation-privatisation, et dans ce cadre économique marocain nouveau, quel peut être l’évolution du rôle français du point de vue économique ?

Réponse : Même chose, il s’agit d’accompagner ces transformations à deux niveaux : la France souhaite rester un partenaire très important pour le Maroc, et c’est une orientation politique qui doit se traduire part une série d’attitudes au niveau des entrepreneurs, des investisseurs, des partenaire économiques. Cela ne se décrète pas au niveau politique. Il y a un cadre favorable. Ensuite, c’est aux cadres économiques de le remplir et nous serons toujours aux côtés du Maroc et dans un dialogue avec le Maroc pour qu’il tire le meilleur parti de l’accord d’association. C’est encore la même réponse. Si vous voulez, il faut combiner les deux.

Question : Le développement de relations entre l’Union européenne et les pays de l’Est ne va-t-il pas se faire au détriment des relations entre l’Union européenne et notamment la France et les pays du Sud ?

Réponse : Je sais que c’est une crainte qui a existé il y a quelques années, mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Depuis quelques années, depuis la chute du mur, on a vu l’Union européenne développer ses relations avec les anciens pays d’Europe de l’Est et, en même temps, développer sa politique méditerranéenne. Nous parlions à l’instant de l’accord d’association avec le Maroc. C’est la réponse à votre question. Si c’était le cas, il n’y aurait plus de politique d’accord d’association avec les pays du Sud de la Méditerranée. Simplement, pour ces accords-là, comme ailleurs les accords avec l’Europe de l’Est, on peut avoir une idée générale, l’idée politique et quand on pense à des négociations, on tombe sur des questions qui doivent être traitées sérieusement, parce que, sinon, on a un accord bâclé avec lequel on ne peut pas travailler. Mais l’Europe a réussi, je crois, à faire le deux jusqu’à maintenant. Si elle a réussi à faire les deux, c’est essentiellement à cause du poids de la France. Nous devons avoir une politique par rapport au Sud qui soit aussi ambitieuse et aussi importante que la politique que nous avons par rapport à l’Europe. Donc, il n’y a pas à choisir. Aucun pays ne choisit. « Est-ce que je vais m’occuper de mes voisins du Sud ou de l’Est ? » Personne ne raisonne ainsi. Donc, l’Europe doit accorder la même importance, la même vision d’avenir à ses voisins et partenaires de l’Est qu’à ses voisins et partenaires du Sud. Cela forme un tout.

Question : Un petit bilan de votre visite, ces dernières 24 heures, au Maroc et un petit bilan des différents entretiens que vous avez eus avec les différents intervenants marocains …

Réponse : J’achève une visite de 24 heures au Maroc qui était très intéressante. D’abord parce que j’ai été reçu longtemps par le roi Hassan II, d’autre part, parce que j’ai vu le Premier ministre et je crois presque tous les ministres du gouvernement. J’ai rencontré des responsables politiques, et cela m’a permis d’aborder presque toutes les questions, je dis bien les questions qui intéressant le Maroc et le France sur le plan bilatéral, des coopérations. On peut toujours faire mieux… perfectionner les relations avec l’Europe et là, le Maroc, avec son accord d’association, entre dans une phase qui est nouvelle pour lui et où la France peut, je crois, lui apporter beaucoup. Nous avons également fait le point de la situation au Maghreb, en Méditerranée, au Proche-Orient avec le problème de l’arrêt du processus de paix, l’évolution de la politique africaine de la France. Donc, il y a eu énormément de sujets abordés et je peux vous dire que chaque minute a été bien remplie et que tout s’est passé dans une très bonne atmosphère et une très bonne compréhension.

Question : Concernant les visas, les problèmes de visas… M. Filali nous a confiés ce matin qu’avant la fin de l’été, des mesures seraient prises par le gouvernement français. Est-ce que vous pouvez le confirmer ?

Réponse : Il n’y a pas de problème particulier de visa franco-marocain, mais simplement une politique générale des visas qui est celle de Schengen et celle de la France qui a des répercussions qui sont en effet exagérément restrictives, dans le cas du Maroc comme dans d’autres pays. Je souligne que ce n’est pas le problème bilatéral spécialement franco-marocain. Ce gouvernement a décidé de poursuivre ce qui avait été entamé par le gouvernement précédent, c’est-à-dire de réintroduire plus de souplesse dans le traitement de toutes ces questions./.